Un nouvel outil de gestion de la reproduction est lancé

Je suis en forme de T. Je mesure une quinzaine de centimètres. Je demeure sept jours dans le vagin de femelles cyclées. Je suis constitué d’un support inerte en nylon sur lequel est moulé un élastomère de silicone. Dernier indice : je suis imprégné de progestérone (1,38 g). Je suis, je suis… je suis CIDR®, un dispositif intravaginal destiné aux vaches. Pfizer a lancé ce nouveau produit à l’échelle européenne, les 26 et 27 mars derniers à Paris. Il est destiné à gérer « de façon simple et efficace la reproduction des bovins ».

A cette occasion, notre consœur Chantal Legrand (Pfizer Europe) et notre confrère Frederico Moreira (Pfizer Etats-Unis) ont rappelé que, depuis une quarantaine d’années, en parallèle de la hausse de la production laitière, une lente dégradation de la fertilité des troupeaux bovins laitiers est observée. Ils ont souligné la nécessité d’y remédier pour des raisons économiques évidentes.

72 à 84 % des animaux sont en œstrus après le retrait du dispositif

CIDR® est indiqué chez les vaches et les génisses cyclées pour contrôler et déclencher les œstrus lors de son retrait du vagin. II peut ainsi être utilisé pour la synchronisation de l’œstrus au sein des groupes d’animaux, ainsi que pour la synchronisation des animaux donneurs et receveurs en vue de transferts embryonnaires. La spécialité, à base de progestérone seule (sans œstradiol, désormais interdit en Europe), doit être utilisée en combinaison avec la prostaglandine F2α ou analogue.

Le protocole est le suivant : à J0, pose du dispositif intravaginal ; à J6, injection d’une prostaglandine ; à J7, retrait du dispositif. Une utilisation correcte conduit normalement à un œstrus quarante-huit à quatre-vingt-seize heures après le retrait. La majorité des animaux présentent un œstrus dans les quarante-huit à soixante-douze heures. 72 à 84 % des vaches et des génisses laitières et allaitantes expriment un œstrus dans les trois jours qui suivent le retrait.

Le dispositif libère de la progestérone dans la circulation sanguine à travers la muqueuse vaginale à un taux contrôlé. Cette hormone naturelle inhibe la sécrétion de gonadolibérine (GnRH) et, par conséquent, la libération de l’hormone lutéinisante (LH) par l’hypophyse. La maturation folliculaire est inhibée. Au retrait du dispositif, la progestéronémie chute brutalement dans les six heures, ce qui permet le déclenchement d’une maturation folliculaire, l’expression de l’œstrus (pic de LH) et l’ovulation.

Après la spirale vaginale Prid® (Ceva) également à base de progestérone, et Crestar® SO (Intervet) à base de norgestomet, CIDR® est ainsi un nouveau dispositif à base de progestagènes destiné à la reproduction bovine.

Seulement deux points de contact avec la muqueuse vaginale

L’une des caractérisqtiques de CIDR® est de n’avoir que deux points de contact avec la muqueuse utérine, ce qui limiterait les risques d’irritation et de vaginite. Seuls 2 % des animaux présenteraient une irritation sévère liée au dispositif. Ces vaginites bénignes n’ont toutefois pas de conséquence sur la fertilité.

En outre, s’il est bien inséré, les risques de perte du dispositif sont minimes, compris entre 2 et 4 %.