Canards et rizières joueraient un rôle important dans la propagation du virus H5N1 HP - La Semaine Vétérinaire n° 1309 du 04/04/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1309 du 04/04/2008

Influenza aviaire. Etudes en Thaïlande et au Vietnam

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Un groupe d’experts, issus de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et des centres de recherche associés, a examiné une série de flambées d’influenza aviaire H5N1 hautement pathogène en Thaïlande et au Vietnam, de début 2004 à fin 2005(1). Les résultats de leurs travaux sont publiés dans le dernier numéro des Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)(2). Sous la direction de Jan Slingenbergh, vétérinaire en chef à la FAO, les chercheurs ont appliqué une technique de modélisation afin d’établir comment la conjugaison de différents facteurs – le nombre de canards, d’oies et de poulets, la taille des peuplements humains, les cultures de riz et la géographie locale – a contribué à la propagation du virus dans ces deux pays. Les effectifs de canards et l’étendue de la riziculture sont apparus comme les facteurs les plus significatifs, même si les deux pays ont utilisé deux méthodes de lutte différentes contre les foyers.

Les auteurs soulignent en effet le lien étroit qui existe entre les schémas de parcours des canards et l’intensité de la riziculture. Les canards se nourrissent essentiellement de résidus de grains de riz dans les rizières après la récolte, de sorte que ceux qui sont élevés en liberté dans les deux pays sont déplacés vers de nombreux sites différents selon la récolte du riz. En outre, ces concentrations massives de canards sont source d’augmentation des probabilités d’introduction et d’exposition au virus, car les rizières deviennent souvent un habitat temporaire pour les espèces d’oiseaux sauvages.

L’évolution spatiale du virus H5N1 HP pourrait devenir plus prévisible

Les recoupements effectués avec l’utilisation de la cartographie par satellite de la riziculture, l’intensité de culture, les effectifs et les parcours des canards ainsi que la chronologie des foyers de la maladie ont aidé les scientifiques à établir avec précision les situations critiques où le risque lié à l’influenza aviaire hautement pathogène est le plus élevé. Selon Jan Slingenbergh, « les connaissances sont désormais beaucoup plus pointues sur les lieux et les périodes susceptibles d’être touchés par des flambées du virus H5N1, ce qui aide à cibler la prévention et la lutte ». En Thaïlande, les déplacements de canards sur de longues distances ont régressé considérablement en 2005, car les éleveurs et les négociants étaient tenus de fournir un certificat sanitaire pour les animaux. Les mouvements locaux de canards ont diminué lorsque le gouvernement a commencé à prendre des mesures d’incitation pour l’élevage confiné, en subventionnant les aliments pour animaux et la construction d’enclos. L’association de ces mesures semble avoir bloqué le cycle de transmission du virus et, depuis fin 2005, la Thaïlande n’a déploré que des foyers sporadiques. De son côté, le Vietnam a lancé, fin 2005, une campagne nationale de vaccination de toutes les volailles, y compris dans le delta du Mékong qui abrite cinquante millions de canards. Cette mesure a été répétée en 2006-2007. Au départ, les infections humaines ont disparu et la circulation de la maladie chez les volailles a chuté sensiblement. Mais le virus H5N1 HP est graduellement réapparu, principalement chez les canards non vaccinés, et plus particulièrement dans le delta du Mékong.

Jan Slingenbergh préconise désormais de privilégier des interventions qui reposent sur la connaissance des « points chauds » et des calendriers locaux de riziculture et d’élevage de canards, afin de circonscrire la lutte contre la maladie et de remplacer la vaccination de masse par une vaccination ciblée.

  • (1) Communiqué de la FAO du 26/3/2008.

  • (2) « Mapping H5N1 highly pathogenic avian influenza risk in Southeast Asia », par Marius Gilbert, Xiangming Xiao, Dirk U. Pfeiffer, M. Epprecht, Stephen Boles, Christina Czarnecki, Prasit Chaitaweesub|, Wantanee Kalpravidh, Phan Q. Minh, M. J. Otte, Vincent Martin, et Jan Slingenbergh, publié en ligne le 24/3/2008 sur le site du PNAS.

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