La situation vis-à-vis de la grippe aviaire est jugée critique en Indonésie

La persistance du virus H5N1 HP de l’influenza aviaire en Indonésie, malgré tous les efforts déployés par les autorités nationales et la communauté internationale pour endiguer l’épizootie, suscite de vives inquiétudes. La Food and Agriculture Organization (FAO), notamment, s’avoue préoccupée⁽¹⁾. L’Indonésie est actuellement le pays le plus gravement atteint par la grippe aviaire. Trente et une provinces, sur trente-trois, sont infectées. Le virus est endémique à Java, à Sumatra, à Bali et dans le sud de Sulawesi, alors que des flambées sporadiques sont signalées dans d’autres régions.

« Le taux de mortalité humaine dû à la contamination par le virus H5N1 HP de l’influenza aviaire en Indonésie est le plus élevé du monde⁽²⁾. D’autres cas humains vont certainement se déclarer si la lutte contre la maladie à sa source chez l’animal, c’est-à-dire chez les volailles, n’est pas intensifiée », insiste Joseph Domenech, vétérinaire en chef de la FAO. Le taux élevé de circulation du virus chez les volailles l’inquiète, car cela pourrait créer les conditions propices à des mutations pouvant entraîner une pandémie humaine. Selon notre confrère, « la détection de nouvelles souches de virus H5N1 suggère que les vaccins actuellement employés ne protègent pas totalement les volailles contre la maladie ». Cette hypothèse est étudiée par le ministère indonésien de l’Agriculture, avec l’assistance technique de l’Offlu (le réseau OIE/FAO d’expertise sur l’influenza aviaire) et les financements américains (United States Agency for International Development) et australiens (Australian Government’s Overseas Aid Program).

Des recherches complémentaires et la mise au point de vaccins aviaires plus performants sont nécessaires.

Une administration décentralisée et des services vétérinaires démunis

Joseph Domenech exhorte donc les autorités nationales et leurs partenaires sur le plan international à redoubler d’efforts pour stopper la propagation du virus. Selon lui, les principales difficultés sont liées à une administration décentralisée, au manque de ressources des services vétérinaires nationaux, à un faible partenariat avec les producteurs et à l’insuffisance des ressources humaines et financières, aux niveaux national et international, pour permettre la mise en œuvre de campagnes de lutte et de stratégies de communication. La FAO souligne qu’elle contribue, entre autres, à la formation d’équipes locales de professionnels de santé animale pour la surveillance et le contrôle participatif de la maladie. Jusqu’à présent, plus de mille trois cent cinquante agents officiels locaux ont été formés et sont à pied d’œuvre aux côtés des communautés villageoises pour prévenir et lutter contre l’influenza aviaire. Les équipes de surveillance et de contrôle s’activent actuellement dans près de deux cents des quatre cent quarante-huit districts que compte l’Indonésie. D’ici à juin prochain, plus de deux mille équipes de ce type seront opérationnelles dans plus de trois cents districts qui font partie des régions du pays où la maladie est endémique.

Les principaux bailleurs de fonds (l’USAID, l’AusAID, le Japon, les Pays-Bas) ont, avec la FAO, déjà investi plus de vingt-cinq millions de dollars pour soutenir les efforts de lutte nationaux.

• (1) Communiqué de la FAO du 18/3/2008.

• (2) Au 18 mars dernier, l’OMS recensait 373 cas de contamination humaine depuis 2003, dont 236 décès. Parmi les 14 pays qui ont enregistré des cas humains, l’Indonésie comptabilise, à elle seule, 129 cas et 105 décès.