Un abattoir contaminé est à l’origine d’infections à Salmonella Manhattan - La Semaine Vétérinaire n° 1306 du 14/03/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1306 du 14/03/2008

Toxi-infections alimentaires

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FILIÈRES

Auteur(s) : Patrick Pommier

Le 25 novembre 2005, le Centre national de référence des salmonelles (Institut Pasteur, Paris) identifie une hausse inhabituelle des isolements humains de Salmonella enterica Manhattan. Il en dénombre trente depuis le mois d’août, face à une moyenne annuelle de sept cas au cours des cinq dernières années. Une enquête sur les cas les plus récents est alors entreprise. Elle porte sur les produits consommés dans la semaine qui précède l’apparition des symptômes, mais aussi sur les autres sources éventuelles de contamination (contact avec des malades, des animaux, voyages, etc.). Pour chaque personne interrogée, trois témoins appariés (recrutés dans l’entourage des cas ou de manière aléatoire dans l’annuaire téléphonique) le sont également. Les deux tiers des cas recensés proviennent du sud-ouest de la France. En comparant les deux populations (cas et témoins), des différences significatives de fréquence de consommation apparaissent pour les produits tels que le surimi, la viande de bœuf et les saucisses de porc.

L’enquête des services vétérinaires cerne un établissement et un abattoir du Sud-Ouest

Dans le même temps, une enquête des services vétérinaires permet d’isoler Salmonella Manhattan à partir de dix-neuf échantillons alimentaires (douze de porc, six de bœuf et un de veau) en provenance de deux départements du Sud-Ouest. Parmi les douze échantillons de porc, huit proviennent d’un même établissement de fabrication (Y), qui se fournit lui-même auprès d’un abattoir (X) traitant des carcasses de porcs (80 %) et de bovins (20 %). L’inspection menée dans cet abattoir révèle l’existence d’une importante contamination par des salmonelles, en particulier S. Manhattan, ainsi que des lacunes dans l’application des bonnes pratiques d’hygiène. Tous les clients de cet abattoir sont recensés et la présence de viandes contaminées par S. Manhattan est démontrée chez certains d’entre eux. Le sérotype Manhattan étant rarement isolé en Europe, une enquête épidémiologique est conduite afin de chercher une éventuelle relation entre ces cas et ceux isolés dans d’autres pays européens au cours des deux dernières années. Aucune corrélation ne peut être mise en évidence.

Un nombre de cas humains limité, malgré l’ampleur de la contamination

Les productions de l’établissement Y et de l’abattoir X sont suspendues, respectivement les 6 et 15 décembre 2005.Des mesures de nettoyage et de désinfection sont entreprises les 17 et 18 décembre sur les équipements de l’abattoir. Aucun isolement de Salmonella Manhattan n’est détecté dans les produits carnés après la mise en place de ces mesures. Une quinzaine de nouveaux cas humains sont néanmoins signalés, entre mi-décembre 2005 et mars 2006, probablement dus à la consommation de produits achetés juste avant la mise en place des mesures de contrôle et de prévention. Globalement, le nombre de cas humains est limité, malgré l’ampleur de la contamination de l’abattoir. Cela est principalement dû au fait que la consommation d’aliments contaminés par des salmonelles, mais correctement cuits, n’entraîne pas d’infection.

Les auteurs de l’enquête signalent en outre que la contamination par le surimi est hautement improbable. En effet, les produits consommés proviennent de nombreuses marques aux sites de production différents. De plus, le processus de fabrication du produit (double pasteurisation) rend ce type de contamination peu probable. Aucun cas de salmonellose ayant pour origine la consommation de surimi contaminé n’est d’ailleurs décrit à ce jour.

L’intérêt de ce rapport est double. D’une part, il révèle l’existence d’une récente épidémie à Salmonella Manhattan, un sérotype peu courant. D’autre part, et surtout, il permet de suivre pas à pas l’enquête qui a abouti à l’élucidation de ces cas, depuis la première alerte jusqu’aux mesures prises, en passant par l’identification de l’origine précise de la contamination.

  • Source : H. Noël, M. Dominguez, F.X. Weill, A. Brisabois, C. Duchazeaubeinex, A. Kerouanton, G. Delmas, N. Pihier, E. Couturier : « Epidémie de salmonellose à Salmonella enterica sérotype Manhattan associée à des produits carnés », Bulletin épidémiologique de l’Afssa, 2007, n° 24, pp. 1-3.

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