La vaccination des broutards contre le sérotype 8 débute - La Semaine Vétérinaire n° 1306 du 14/03/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1306 du 14/03/2008

Fièvre catarrhale ovine. La politique vaccinale en question

Actualité

Auteur(s) : Michel Bertrou

L’intendance de la vaccination se précise, mais les objectifs sanitaires restent flous, de même que le rôle dévolu au vétérinaire dans la prophylaxie.

La vaccination contre la fièvre catarrhale ovine, annoncée le 19 février dernier par le ministre de l’Agriculture Michel Barnier(1), a commencé cette semaine dans les seize départements “historiques” du nord-est de la France. Cette précampagne s’étendra ensuite aux autres départements réglementés. Elle ne concerne que les bovins destinés aux échanges avec l’Italie. Rendue possible grâce au lot complémentaire de vaccins fourni par Merial, elle entend répondre à la clause de sauvegarde des autorités italiennes qui bloquent, depuis le 4 mars, l’importation des ruminants depuis les zones réglementées françaises(2). La réunion tripartite du 3 mars entre les autorités françaises, italiennes et Bruxelles n’est pas parvenue à lever le blocus. Elle a néanmoins permis de préciser que, hormis les animaux valablement vaccinés contre la maladie, ceux naturellement immunisés (séro-positifs) seront acceptés avec le même délai de soixante jours. L’importation des jeunes animaux n’est plus autorisée. Les négociations se poursuivent pour tenter de réduire le délai postvaccination, car il bloque les broutards pour trois mois supplémentaires.

Dans une note envoyée aux Directions des services vétérinaires (DSV) qui précise l’organisation pratique de cette vaccination d’urgence, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) stipule que les dispositions de ce plan ne doivent pas être extrapolées à la campagne qui suivra, en avril, contre les sérotypes 1 et 8. Néanmoins, elles lui serviront probablement de galop d’essai.

Une vaccination pas nécessairement réalisée par les vétérinaires, mais sous leur contrôle

Le rôle du vétérinaire sanitaire semble sans ambiguïté dans l’exposé du plan précis fourni par la DGAL. La certification vétérinaire nécessaire aux échanges suffit à le justifier. Il faut espérer que les modalités de la campagne suivante resteront sur la même ligne. En laissant entendre, fin février, que la vaccination « ne sera pas réalisée nécessairement par les vétérinaires, mais sous leur contrôle », le ministre de l’Agriculture a ravivé la polémique. Dans une lettre ouverte à Michel Barnier, datée du 3 mars, le président de la Fédération des syndicats vétérinaires de France, Benoît Assemat, rappelle le caractère non légal de cette proposition et fait part de son inquiétude à l’égard d’un désengagement de l’Etat vis-à-vis de la prophylaxie d’une maladie réglementée. Avec aplomb, notre confrère propose au ministre de clarifier sa position : soit en retirant la fièvre catarrhale de la liste des maladies réglementées, soit en conduisant un programme de prophylaxie qui respecte le cadre du mandat sanitaire.

Une gestion plus politique que sanitaire de l’épizootie

L’ambiguïté du ministre n’est pas le seul élément déroutant depuis que son cabinet a pris la direction des opérations. Si l’annonce d’une vaccination obligatoire contre le sérotype 1(2) est rassurante, cet objectif clair d’éradication de la maladie contraste maintenant avec celui, moins défini, de la campagne contre le sérotype 8. Il est possible d’argumenter que la pénurie de vaccins ne permet, cette année, que de faire fléchir l’incidence clinique de l’affection. Cependant, au vu des données actuelles, la vaccination dans les départements historiques est-elle réellement prioritaire, notamment celle des broutards ? Ces doses vaccinales ne seraient-elles pas mieux investies dans des cheptels moins touchés ? Alors qu’une reprise précoce et massive de la maladie est à craindre dans les zones intermédiaires, où les animaux non immuns sont majoritaires, qu’en est-il de la vaccination en août, au premier rebond de la maladie ? Reprochera-t-on alors aux vaccins d’être inefficaces ? Les premières doses vaccinales du plan global devraient plutôt tenter de limiter la diffusion du sérotype 8 au Sud, notamment vers la zone de sérotype 1 où l’épizootie risque de devenir un casse-tête…

Les choix encore peu explicités du gestionnaire, associés à des mesures sans précédent comme l’indemnisation des mortalités dues à la fièvre catarrhale, donnent le sentiment d’une gestion plus politique que sanitaire de la crise. Quand la gestion sanitaire vise le long terme, la politique se soucie de l’opinion et recherche des résultats immédiats.

L’expertise scientifique a-t-elle encore un rôle à jouer dans cette crise ?

A la lumière de la situation épizootique en cours, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) s’est autosaisie pour évaluer le risque de diffusion des deux sérotypes de la blue tongue en France. Les experts du groupe d’urgence “fièvre catarrhale ovine” (Gecu) ont estimé ce risque très élevé.

Dans un avis qui sera publié, le Gecu recommande une option radicalement différente de celle choisie par le cabinet du ministre, à savoir une vaccination obligatoire pour le sérotype 8 partant de la ligne de front de la maladie et remontant vers le cœur de la zone atteinte en 2007. En cas de pénurie de vaccins, il préconise une vaccination immédiate dans la zone de front de la fièvre catarrhale à sérotype 8, en regard de celle où une circulation du sérotype 1 est identifiée, c’est-à-dire en Charente-Maritime, en Charente, en Dordogne et dans le Lot. Un nouveau cas vient d’être confirmé dans ce dernier département. Le 6 mars, 18 339 cas de fièvre catarrhale ovine étaient répertoriés en France.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1304 du 29/2/2008 en pages 12-13.

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1305 du 7/3/2008 en page 16.

L’Europe réévalue sa contribution dans la vaccination d’urgence

La Commission européenne a approuvé les plans de vaccination d’urgence contre la fièvre catarrhale ovine de plusieurs Etats membres, dont la France, lors de la réunion du Comité permanent de la chaîne alimentaire et de santé animale (CPCASA) qui s’est tenue les 4 et 5 mars derniers.

Elle a également revu à la hausse ses propositions de prise en charge du coût de cette vaccination. Le montant de la contribution financière de l’Union européenne s’élève pour le moment à 64 millions d’euros. Concrètement, le remboursement est quasiment doublé.

Pour le vaccin, il représente 100 % hors taxes de son coût, dans la limite d’un plafond rehaussé à 0,6 € pas dose vaccinale.

Pour la vaccination, il représente 50 % du coût hors taxes, dans la limite d’un plafond de 0,75 € par petit ruminant et de 2 € HT par bovin vacciné.

A la suite des récents incidents survenus en Irlande du Nord chez des animaux importés des Pays-Bas, qui laissent entrevoir la possibilité d’une transmission verticale du sérotype 8, la Commission a entériné le principe d’un amendement à son règlement 1266/2008 pour restreindre les échanges de femelles gestantes et de très jeunes animaux.

M. B.
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