L’ACTIVITÉ LIBÉRALE EN BOTTES N’A PLUS LA COTE - La Semaine Vétérinaire n° 1306 du 14/03/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1306 du 14/03/2008

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Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

L’enseignement rural est dynamique, pratique, et les étudiants se disent motivés. Mais au sein des cliniques, les productions animales attirent de moins en moins de praticiens. En 2007, selon les données de l’Annuaire Roy, 2 535 confrères et consœurs ont déclaré exercer une activité rurale pure ou mixte à prédominance rurale, soit 0,7 % de moins qu’en 2003.

Presque 30 % des étudiants vétérinaires en fin de cursus sont motivés par la rurale(1). En dernière année, 132 ont choisi l’orientation “animaux de production”. Ces jeunes pourraient venir grossir les rangs des praticiens ruraux et mixtes dans les années à venir. Espérons-le. En effet, les chiffres 2007 de l’Annuaire Roy ne montrent aucune embellie pour le paysage vétérinaire rural. 2 535 confrères et consœurs ont ainsi déclaré exercer une activité rurale ou mixte à prédominance rurale (praticiens “ruraux”), soit 0,7 % de moins qu’en 2003. Au contraire, les effectifs des praticiens “canins” (purs et mixtes à prédominance canine) ne cessent de se renforcer. Ils sont 9 680 cette année, au lieu de 9 003 en 2003, soit une augmentation de 7,5 %, supérieure à celle du nombre de vétérinaires en activité (6,5 %). La hausse de nombre de canins purs est encore plus forte (15 %).

Sur une décennie, les chiffres sont éloquents : les “canins” ont progressé de 46,5 % et les “ruraux” de seulement 0,6 %, alors que le nombre de vétérinaires en activité a, quant à lui, grimpé de 36 % (voir graphique 1). Quasiment toutes les régions de France métropolitaine sont touchées par cette désaffection pour la rurale (voir carte en page 25). En cinq ans, la Bretagne, les Pays-de-la-Loire, la Bourgogne, le Nord Pas-de-Calais et l’Auvergne ont ainsi “perdu” respectivement 29, 19, 11, 16 et 20 praticiens “ruraux”.

Les effectifs bovins demeurent stables depuis plusieurs années

Cette évolution à la baisse du nombre des vétérinaires “ruraux” suit-elle un déclin de l’élevage ? Pas vraiment. En effet, les effectifs bovins sont plutôt stables ces dernières années, même si des fluctuations sont observées depuis trente ans. En hausse depuis 1975, le cheptel bovin a amorcé par la suite un lent mouvement de repli, accentué à partir de la mise en place des quotas de production laitière en 1984. Ainsi, en une décennie, de 1983 à 1992, le cheptel de vaches laitières a perdu 35 % de ses effectifs (données Agreste). La baisse s’est ralentie par la suite, tout en se poursuivant. Le cheptel laitier a diminué de 1,5 million de vaches de 1988 à 2000. Il semble vouloir se stabiliser depuis 1999. Il est ainsi passé de 3 957 858 vaches laitières en 2005 à 3 877 817 en 2006, soit une baisse de 2 %. En 1997, pour la première fois depuis 1983, le cheptel allaitant a également décliné, puis s’est stabilisé en 1998 et 1999. Il est désormais en légère augmentation. Le nombre de vaches allaitantes est ainsi passé de 4 068 096 en 2005 à 4 143 061 en 2006, soit une hausse de 1,8 %. Globalement, le cheptel bovin dans son ensemble a légèrement augmenté entre 2005 et 2006 : il est passé de 19 310 312 têtes à 19 417 861 (+ 0,6 %).

En parallèle, les exploitations agricoles sont de moins en moins nombreuses, mais de plus en plus grandes, notamment dans le secteur laitier. La restructuration dans cette filière, en œuvre depuis deux décennies, s’est poursuivie entre 2000 et 2005. Ainsi, la France a perdu 14 % de ses exploitations laitières pendant cette période. Cette diminution s’est légèrement accélérée en 2005, après la revalorisation des aides à la cessation d’activité. Dans le même temps, les exploitations laitières restantes ont vu leur surface moyenne s’accroître de 18 % et leurs quotas augmenter de 21 %. Leur agrandissement s’est accompagné d’un accroissement du cheptel laitier, ainsi que de la main-d’œuvre.

L’Hexagone compte 4 291 femmes (37 %) sur un total de 11 525 praticiens canins et ruraux

L’évolution des effectifs “ruraux” serait donc davantage liée à une désaffection des vétérinaires vis-à-vis de cette activité plutôt qu’à une baisse de la demande des éleveurs. D’ailleurs, la désaffection des praticiens formés dans les écoles françaises est sans doute sous-estimée. En effet, les jeunes diplômés belges attirés par la rurale sont de plus en plus nombreux à venir exercer dans l’Hexagone. Ils y cherchent notamment des conditions de travail plus agréables et une meilleure rémunération. Dans le secteur bovin, en région wallonne, l’exercice vétérinaire se résume bien souvent à enchaîner les césariennes. L’obstétrique peut représenter jusqu’à 90 % de l’activité du praticien et la concurrence entraîne une chute des tarifs. En outre, les confrères belges travaillent encore souvent seuls(2). Le nombre de vétérinaires diplômés des écoles de Gand et de Liège qui exercent en France a ainsi plus que doublé en dix ans. Ils sont aujourd’hui respectivement 229 et 1 875 (voir graphique 2).

La féminisation de la profession, souvent pointée du doigt, n’explique pas la désaffection pour la rurale. Il n’y avait qu’une femme en 1936. Elles étaient 36 en 1968 et 86 en 1966(3). Aujourd’hui, la France métropolitaine compte 4 291 praticiennes (37 %) pour un total de 11 525 vétérinaires canins et ruraux, selon les données de l’Annuaire Roy 2008. Dans les écoles, les deux tiers des étudiants de dernière année qui ont choisi l’option “animaux de production” sont désormais des filles. Mais, sur le terrain, la rurale demeure pour le moment une activité principalement masculine (14 % de femmes en 2008 versus 10 % en 2003, voir graphique 3).

Cette dynamique de “féminisation” s’est amorcée il y a une quinzaine d’années, avec quelques décennies de retard par rapport aux autres professions de santé (voir encadré). D’ici à quinze ans, les femmes représenteront plus de la moitié de l’effectif des vétérinaires en exercice. L’avenir de la rurale est désormais entre leurs mains.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1295 des 21 et 28/12/2007, pp. 28-31.

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1301 du 8/2/2008 en pages 26-29.

  • (3) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1252 du 13/1/2007 en pages 28-31.

Médecins et pharmaciens

Au 1er janvier 2005, le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens recensait environ 70 500 pharmaciens actifs, c’est-à-dire ceux qui exercent une activité pharmaceutique stricto sensu donnant lieu à une inscription à l’Ordre. Leur nombre a augmenté de 1,5 % par rapport à 2004 et de 35 % par rapport à 1990. La profession comptait 65 % de femmes en 2005 versus 55 % en 1980.

En janvier 2006, près de 213 000 médecins en activité étaient inscrits à l’Ordre, dont près de 94 000 généralistes. Les femmes représentaient près de 40 % des médecins en activité.

J.-P. G.
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