LES ANTIPARASITAIRES DOPENT TOUTES LES VENTES DE 2007 - La Semaine Vétérinaire n° 1305 du 07/03/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1305 du 07/03/2008

À la une

Auteur(s) : Eric Vandaële

Depuis plus de dix ans, les ventes de médicaments et de produits vétérinaires n’ont jamais progressé autant qu’en 2007 : + 7,61 % en valeur, et jusqu’à 9,58 % chez les praticiens libéraux.

Cette envolée provient essentiellement des antiparasitaires externes (+ 20 %), internes (+ 9 %) et des endectocides (+ 15 %).

L’année 2007 a été excellente pour les ventes de produits vétérinaires. Elles progressent de 7,61 % en valeur (1,156 milliard d’euros) et de 5,42 % en volume (hors hausses tarifaires). Les achats des vétérinaires libéraux, donc probablement leurs ventes, gagnent même 9,58 % en valeur. Il s’agit d’un record depuis 1997, date des premières statistiques publiées par l’Association interprofessionnelle d’études du médicament vétérinaire (AIEMV), qui compile les données issues des laboratoires et des distributeurs en gros (voir graphique 1). Toutefois, malgré la précision de ces chiffres, ils doivent être lus avec prudence. Ils reposent en effet sur des statistiques détaillées de livraison des produits… des seuls industriels adhérents à l’AIEMV. Cela représente la quasi-totalité des laboratoires dont les produits sont distribués chez les confrères libéraux, mais exclut les gammes officinales de Biocanina, Clément-Thékan, et celles de Noé-Socopharm et d’Audevard. En outre, la valorisation en euros des quantités distribuées (y compris pour les unités gratuites et les promotions), sur la base du tarif fabricant minoré de 10 %, surestime sensiblement les chiffres d’affaires réels (voir entretien en page 31).

Néanmoins, depuis dix ans, la croissance du volume d’activité du marché vétérinaire n’a jamais été aussi élevée en France. Il faut remonter à 1994 pour trouver une progression de ce marché (hors pet food) supérieure à 7 % (voir graphique 2, page 31). Cette année-là, les antiparasitaires externes (APE) avaient augmenté de 23 %, grâce aux lancements de Frontline® et Program®.

Les APE sont à l’origine d’un tiers de la croissance

En 2007, le marché des APE croît de plus de 20 % grâce, au moins en partie, au lancement de deux nouvelles gammes, Promeris® et Pra-Tic®. Néanmoins, celles qui existaient déjà (Frontline®, Advantix®, etc.) contribuent aussi beaucoup à l’embellie.

La forte poussée des ventes d’APE l’an passé n’explique toutefois pas toute la croissance. Les livraisons des centrales et des laboratoires aux vétérinaires et aux autres ayants droit dépassent ainsi, pour la première fois, le milliard d’euros, à 1,026 milliard (hors ventes de pet food), avec une hausse de 67 millions d’euros par rapport à 2006 (voir tableau 1). La progression des APE (+ 20 millions d’euros) représente un peu moins d’un tiers de cette croissance. Il convient aussi d’y inclure la forte augmentation des ventes d’insecticides pyréthrinoïdes destinés aux ruminants, particulièrement demandés au deuxième semestre pour lutter contre la fièvre catarrhale ovine et les attaques vectorielles, ou pour permettre l’exportation des bovins vers l’Italie depuis les zones réglementées.

Les autres antiparasitaires internes et les endectocides enregistrent aussi une hausse inhabituelle des volumes de vente (+ 18 millions d’euros). Les endectocides font un bond de près de 15 %, du jamais vu depuis 2000. Une hausse de 9 % est notée du côté des antiparasitaires internes, alors que leurs ventes stagnaient jusqu’à présent (entre - 2 % et + 2,5 % durant les quatre dernières années). Les autres classes thérapeutiques (vaccins, antibiotiques, etc.) enregistrent des progressions “habituelles”, comprises entre 3,5 et 5,5 %. Globalement, elles représentent néanmoins la moitié de la croissance de 2007 (+ 31 millions d’euros).

Un tiers pour les productions animales, deux tiers pour les chiens, chats et chevaux

En 2007, contrairement aux quatre années précédentes, la croissance n’est pas liée à la seule progression du marché des animaux de compagnie (voir tableau 2). Les productions animales en représentent un tiers (+ 24 millions d’euros), et les chiens, chats et chevaux deux tiers (+ 43 millions d’euros, hors pet food). Les ventes de pet food continuent leur essor chez les vétérinaires, avec une hausse de nouveau à deux chiffres (+ 11,44 %). Mais, pour la deuxième année consécutive, celles de médicaments, de produits nutraceutiques et autres produits sans AMM destinés aux chiens et aux chats croissent plus vite (11,73 %) que le pet food (voir graphique 1).

En parts de marché, le libéral progresse-t-il vraiment si fortement ?

Sans doute est-ce sur les parts de marché des différents ayants droit que les données de l’AIEMV doivent être interprétées avec le plus de réserve (voir graphique 3), notamment les 75,44 % attribués aux praticiens libéraux. En effet, le terme “ayant droit” désigne habituellement la distribution du médicament vétérinaire. Sur ce point, le périmètre de l’AIEMV est assez différent, puisqu’il inclut les ventes de pet food par les seuls vétérinaires, ce qui conduit à surestimer fortement leur part de marché. A l’inverse, les gammes officinales (Biocanina, Clément-Thékan) et les ventes de Noé Socopharm ne sont pas incluses, ce qui sous-estime les parts des pharmaciens et des groupements. En outre, l’AIEMV ne donne aucune indication sur l’évolution des ventes d’APE ou du pet food dans les circuits grand public (jardineries, etc.).

Par ailleurs, la croissance de près de 10 % des ventes par les vétérinaires libéraux, par rapport à la quasi-stagnation de celles via les groupements agréés, prend aussi probablement en considération les modifications importantes intervenues dans le statut des vétérinaires salariés des groupements agréés l’an passé. En effet, l’arrêt Riaucourt du Conseil d’Etat, daté du 24 janvier 2007, a conduit à transférer, durant les trois derniers mois, une partie importante des ventes réalisées jusqu’à présent par les groupements vers de nouvelles sociétés d’exercice libéral (SEL vétérinaires) créées à cette fin, ou plus rarement vers des structures libérales déjà existantes. La croissance 2007 des libéraux reflète donc aussi ce transfert d’activité.

Face au petit milliard d’euros de ventes de médicaments vétérinaires, le chiffre d’affaires de la pharmacie humaine atteint 25 milliards, dont plus de 20 dans les officines, selon les chiffres officiels de l’agence du médicament humain(1). Même avec l’arrivée des génériques, depuis dix ans, la croissance moyenne annuelle du marché “humain” a toujours été supérieure à celle du marché vétérinaire. De quoi rendre les vétérinaires modestes et les pharmaciens moins… ambitieux en santé animale.

  • (1) Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr