La démarche qualité coïncide mal avec la réalité de terrain - La Semaine Vétérinaire n° 1305 du 07/03/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1305 du 07/03/2008

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : Laurent Sirot

Fonctions : praticien à Pins Justaret (Haute-Garonne)

La qualité est à la mode et satisfaisante sur le plan du concept, de l’intellect. Qui ne rêve pas d’évoluer dans un monde parfait où tout est conceptualisé, “procéduré”, sécurisé (principe de précaution à l’appui), tracé, mesuré ? Le problème est que cela coïncide mal, le plus souvent, avec la réalité de terrain. Je ne suis pas certain que tous les confrères qui se sont dits intéressés par la démarche qualité à l’occasion du sondage sur ce thème, récemment commenté dans La Semaine Vétérinaire(1), soient réellement conscients de tout le travail que cela implique.

Car la qualité n’est pas seulement une “démarche” ou un beau concept, c’est avant tout un système (qualité) avec un responsable (qualité), des référentiels (qualité) et des audits (qualité) pour obtenir, puis maintenir, une certification. D’ailleurs, quel référentiel appliquer ? Le Code de déontologie ? Une norme Iso 9001 ou 9002 ? Les guides de bonnes pratiques médicales ? Prenons le simple exemple des procédures (mot à la mode). Il ne s’agit pas “d’outils” légers à écrire ou à manier, il faut en être conscient. Elles doivent impérativement répondre, selon l’Association française de normalisation (Afnor), à huit questions : Qui ? Qu’est-ce qui est fait ? Pourquoi ? Où ? Quand ? Comment ? Avec quoi ? Quelles preuves ? Imaginons alors une procédure “consultation” ou “chirurgie”… pas si simple, car la qualité est avant tout une démarche de l’écrit et de la normalisation, ne l’oublions pas. J’estime qu’une normalisation procédurière nuirait beaucoup à tous les aspects “intuitifs” et imprévisibles (négatifs ou positifs) qui, selon moi, font la difficulté et le plaisir du métier. Etre en dehors de tout système qualité ne m’empêche pas d’apporter beaucoup de soins et d’application à mon exercice. Si quelque chose ne fonctionne pas dans ma clinique, j’observe et je réfléchis aux améliorations possibles. Parfois, elles n’existent pas et la loi de Murphy (« ce qui doit échouer échouera ») est plus utile que le principe de la roue de Deming, si chère au système qualité (« dire ce qu’on fait, faire ce qu’on dit, mesurer le résultat et agir sur la différence »).

N’oublions pas que la qualité est aussi un gros business sur lequel se greffent de nombreux cabinets d’audit et de conseil aux services onéreux ! Aussi, il faut veiller à ne pas tomber dans le piège des systèmes qualité qui sont de gigantesques usines à gaz dont le bénéfice est plus que douteux, et ne pas s’engager à la légère dans un dispositif qui produira plus de contraintes et de coûts que d’intérêts pratiques et financiers.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1302 du 15/2/2008 en page 10.

  • Source : « Law should recognize value of interspecific embryos », lettre de Justin C. St. John, Lyle Armstrong, Stephen L. Minger et Keith H.H. Campbell, chercheurs de Coventry, de Newcastle, de Londres et de Nottingham, parue dans Nature le 7/2/2008.

Lu, vu, entendu

« Nous sommes de ceux qui proposent d’entreprendre des travaux de transfert d’espèce à espèce de cellules somatiques pourvues de noyau : une cellule humaine serait introduite dans un œuf animal. Ces travaux produiront ainsi des embryons permettant d’avancer dans la connaissance de la reprogrammation génétique et de l’interaction entre le noyau et les mitochondries. Ils produiront aussi des cellules embryonnaires souches pluripotentes, en vue de la modélisation de diverses maladies humaines. (…)

Nous entrevoyons l’énorme progrès que permettraient ces cellules pluripotentes. (…) Cependant, la réussite de ce projet dépend beaucoup de nos connaissances sur les cellules souches. Il restera à s’assurer que ces cellules pluripotentes ne pourraient pas aboutir à un cancer ou à quelque autre maladie. L’étude de la reprogrammation grâce au transfert d’un noyau somatique pourrait améliorer la pluripotence et aboutir à des cellules utilisables en thérapeutique.

Les ovocytes animaux sont de loin plus faciles à obtenir que les ovocytes humains. (…) Il existe déjà plusieurs lignées cellulaires résultant d’un transfert de noyaux humains dans des ovocytes de lapins.

Nous demandons instamment que les chercheurs soient autorisés à produire des embryons interspécifiques et à les laisser se développer jusqu’au 14e jour.

Nous souhaitons également qu’ils puissent avoir accès aux banques de tissus et de cellules, ainsi qu’aux cellules qui ont été données “pour la recherche”, mais pas explicitement pour la production de cellules souches. »

Martial Villemin
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