Lors de maladies respiratoires chez le veau, le choix du prélèvement est primordial - La Semaine Vétérinaire n° 1303 du 22/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1303 du 22/02/2008

Pathologie de groupe

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Lorenza Richard

Le moment choisi pour réaliser le prélèvement et la technique adoptée influent sur les résultats observés. L’écouvillonnage nasal est à privilégier.

Les agents infectieux présents dans les poumons évoluent au cours du temps. Trois périodes sont à distinguer (voir tableau en page 38). Concernant les virus, au-delà de huit jours d’évolution de la maladie respiratoire, seul celui responsable de la diarrhée virale bovine (BVD) peut être détecté, et uniquement chez les veaux infectés permaments immunotolérants (IPI). Faire une recherche de virus en cas de pneumonie évoluant depuis plus d’une semaine ne sert donc à rien, sauf pour la BVD chez des veaux IPI. Quant aux bactéries, Arcanobacterium n’est jamais décelée avant huit jours d’évolution. Le taux de détection des Pasteurellaceae, lui, diminue au fil du temps. En revanche, Mycoplasma bovis “s’accroche” aux poumons : sa présence est observée tant dans des prélèvements précoces que tardifs lors de l’évolution de la maladie.

La majorité des bactéries sont en position extracellulaire et les virus en intracellulaire

Les bactéries élisent domicile à tous les étages des voies respiratoires. En ce qui concerne les virus, il était auparavant admis que le virus respiratoire syncytial bovin (VRSB) restait confiné dans les dernières bronchioles distales. Il n’en est rien, car il a aussi été repéré dans les cavités nasales. Un simple écouvillonnage nasal permet ainsi de détecter un virus respiratoire syncytial.

Selon notre confrère François Schelcher, Mycoplasma bovis est le premier agent à rechercher chez un veau qui présente des troubles respiratoires associés à une arthrite ou à une synovite, avant même Histophilus somni, Mannheimia hemolytica ou Salmonelle spp. (les bactéries se retrouvent alors également dans les articulations et l’encéphale). De même, un veau enrhumé qui présente une légère diarrhée suggère la possibilité d’une infection à coronavirus ou à BVD (les virus se retrouvent alors aussi dans l’intestin). La plupart des bactéries sont en position extracellulaire et la majorité des virus en intracellulaire. Ce constat a un impact pratique. Ainsi, quand une aspiration transtrachéale est pratiquée, peu de cellules sont remontées du tractus respiratoire. De nombreuses bactéries sont donc isolées, mais avec une perte de sensibilité pour mettre en évidence des virus. En outre, si un écouvillonnage nasal est réalisé, il est nécessaire de bien frotter, pour ramener un maximum de cellules en vue de la recherche de virus (notamment le VRS).

L’écouvillonnage nasal paraît suffisant dans la plupart des cas

Le lavage broncho-alvéolaire semble être le prélèvement idéal, car le praticien accède à l’arbre le plus distal et en remonte beaucoup de liquide et de cellules. Or une expérience met en évidence qu’un tel lavage ne présente pas d’avantage substantiel pour la recherche de bactéries ou de virus. Cette technique est seulement plus valorisante, par rapport à l’éleveur, que l’aspiration transtrachéale ou l’écouvillonnage nasal profond. Le rapport entre simplicité, technique de prélèvement et résultat montre que l’écouvillonnage nasal est suffisant dans la plupart des cas.

Toutefois, des pasteurelles sont isolées dans le naso-pharynx des animaux sains assez fréquemment (10 à 15 %) et leur taux augmente si les les jeunes bovins sont écouvillonnés à la suite d’une mise en lot ou un transport. La seule approche acceptable est l’observation.

La recherche des mycoplasmes est particulière, car les milieux utilisés en laboratoire ne permettent pas de différencier toutes les souches ni d’obtenir des antibiogrammes.

Pour une recherche optimale de virus respiratoire syncytial, il convient de récupérer le maximum de cellules, via un écouvillonnage nasal profond. Comme le virus résiste une heure ou deux au plus dans le milieu extérieur, il n’est souvent identifié que par ses antigènes. La technique de polymerase chain reaction (PCR), qui détecte l’ARN, beaucoup plus fragile que les protéines, n’est avantageuse que si le prélèvement, bien conditionné, parvient au laboratoire dans un délai bref. S’il arrive après trente-six heures, une recherche des antigènes est plus avantageuse.

Ecouvillonner profondément, mais pas trop et sans faire saigner

Pour obtenir un bon écouvillonnage nasal profond, destiné à la recherche du virus respiratoire syncytial, « il faut écouvillonner profondément, mais pas trop », souligne François Schelcher. En effet, le virus ne se situe que dans la muqueuse respiratoire, or la muqueuse pharyngée est digestive et non respiratoire. Ecouvillonner trop profondément fait courir le risque de ramener des cellules digestives.

En outre, mieux vaut ne pas faire saigner la muqueuse, afin que les anticorps ne viennent pas couvrir les antigènes viraux et compromettre ou perturber la réaction de recherche de ces derniers. Il faut donc frotter, pour ramener le plus de cellules possible, mais pas au-delà de la rosée sanguine.

Concernant la recherche de Dictyocaulus viviparus, les larves L1 sont fragiles, présentes en période prépatente et en faible quantité en phase de réinfestation. Cela explique qu’il est parfois difficile d’en isoler, malgré une dictyocaulose clinique. Pour ce qui est de la recherche des anticorps, la sérologie concerne essentiellement les infections virales, mais aussi Mycoplasma bovis et Anaplasma phagocytophilum. Il est nécessaire de réaliser des prises de sang couplées à trois semaines d’intervalle, ou avec un échantillonnage de cas témoins. Ce sont les comparaisons qui donnent les indications sur l’implication de tel ou tel agent infectieux. Mais comme il s’agit d’un diagnostic de groupe, il doit porter sur plusieurs animaux (au moins cinq). Ainsi, passer de “0” à “+” (séroconversion), ou voir un titre en anticorps multiplié par quatre, signifie que l’infection existe.

Les inconvénients de la sérologie sont que les cibles infectieuses sont limitées, le diagnostic est fermé et le délai de réponse (quatre semaines) ne permet l’établissement que d’un diagnostic rétrospectif.

Il est aussi possible d’obtenir de faux négatifs avec les anticorps d’origine colostrale chez les veaux de moins de quatre mois. La recherche directe des agents infectieux, avant la sérologie, est donc conseillée chez ces derniers.

Le délai à respecter entre la mort et l’analyse est de douze à vingt-quatre heures

Dans le cas de prélèvements chez un animal mort, il convient de porter attention au délai entre la mort et l’analyse. En réalité, il y en a trois : le laps de temps entre la mort et l’autopsie, celui entre l’autopsie et le prélèvement et celui entre le prélèvement et l’analyse. Le délai le plus intéressant entre la mort et l’analyse se situe entre douze et vingt-quatre heures. Les virus peuvent alors être recherchés par PCR (recherche de l’ARN pour le VRS et le BVD) ou mis en culture (PI3 ou coronavirus). Il est également possible de rechercher des larves en parasitologie. Après un délai de vingt-quatre ou quarante-huit heures, mieux vaut faire une culture pour les bactéries, rechercher les protéines (Ag) en virologie et des œufs en parasitologie. Il convient aussi d’insister sur l’intérêt de la propreté lors de la réalisation des prélèvements, afin d’éviter les souillures par le contenu digestif notamment. Le tube digestif sera donc disséqué en dernier. Par ailleurs, le prélèvement doit être suffisamment gros pour que le laboratoire puisse aller chercher un échantillon à cœur. L’autopsie a en outre un grand intérêt pédagogique pour l’éleveur (montrer l’état du poumon vaut mieux qu’un long discours) et est irremplaçable en termes d’orientation de diagnostic (différence entre pneumonie alvéolaire et interstitielle, par exemple). Mais elle ne répond pas à toutes les questions : si un seul veau est mort sur trente malades, il s’agit peut-être d’un cas particulier et il n’est pas représentatif des problèmes de l’exploitation. Cela s’applique aussi aux résultats des antibiogrammes : ce qui est vrai pour ce veau-là ne l’est pas forcément pour un congénère.

Enfin, l’autopsie des cas chroniques est inutile en matière de diagnostic. Elle permettra de constater l’étendue des lésions, mais une recherche en laboratoire est superflue.

CONFÉRENCIER

François Schelcher, professeur en pathologie des ruminants à l’école vétérinaire de Toulouse.

Article rédigé d’après la conférence « Les prélèvements chez le veau lors d’épidémie », présentée lors de la journée du GTV Bourgogne, le 18 octobre 2007.

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