Le complexe granulome éosinophilique du chat représente un défi pour les vétérinaires - La Semaine Vétérinaire n° 1303 du 22/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1303 du 22/02/2008

Dermatologie féline

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Audrey Pierson

Fonctions : interne à l’ENV d’Alfort, membre du groupe de discussion de dermatologie-parasitologie de l’école (avec Geneviève Marignac, Blaise Hubert, Odile Crosaz, Céline Hadjaje, Niksa Lemo).

Une prédisposition héréditaire ou familiale est parfois observée.

Le complexe granulome éosinophilique du chat est une entité clinique fréquemment rencontrée, mais encore mal définie. Elle se présente sous trois formes : l’ulcère labial, la plaque et le granulome éosinophiliques. Ces formes peuvent être observées simultanément ou successivement chez un même animal. Il s’agit davantage d’une entité anatomo-clinique que véritablement d’une dermatose bien identifiée.

Les causes proposées sont nombreuses : allergiques (allergie alimentaire, dermatite par allergie aux piqûres de puces, hypersensibilité aux piqûres de moustique, atopie), virales (herpèsvirus, calicivirus), génétiques, agents chimiques, infections bactériennes (Bartonella sp), réactions à un corps étranger, parasites externes (cheyletielles, otodectes), origine idiopathique. La cause virale (calicivirus, voir bibliographie 1 ; herpèsvirus, voir bibliographie 2) n’est pas à négliger, en particulier en cas de lésions faciales. Dans une étude, seulement la moitié des chats atteints de coryza présentent des troubles respiratoires (voir bibliographie 2). Dans ce contexte précis, l’utilisation d’interféron peut être envisagée, malgré son coût et son efficacité aléatoire. En effet, l’amélioration n’est pas toujours observée ou souvent tardive (voir bibliographie 3). Une prédisposition héréditaire ou familiale est suggérée par l’observation d’une incidence élevée du complexe granulome éosinophilique au sein d’une population de dix-sept chats des forêts norvégiennes, ainsi que dans un élevage de chats européens dit specific pathogen free (voir bibliographie 4). La résolution de la cause primaire est la clef du succès. Mais comme le complexe granulome éosinophilique est largement méconnu, le praticien en est souvent réduit à un traitement symptomatique, ce qui ne signifie pas qu’il se limite aux corticoïdes, qui sont d’ailleurs à éviter au début d’une infection virale. Différents antibiotiques peuvent être utilisés (triméthoprime sulfadiazine, céfalexine, doxycycline, amoxicilline/acide clavulanique). La doxycycline, la lincomycine et la clindamycine sont intéressantes pour leurs propriétés immunomodulatrices (voir bibliographie 5). La ciclosporine A(1) a démontré une bonne efficacité clinique avec une diminution du prurit et des lésions chez des chats atteints de complexe granulome éosinophilique (voir bibliographie 6). La durée du traitement est cependant assez longue (deux à trois mois) avant d’obtenir une rémission complète (voir bibliographie 7).

  • (1) La ciclosporine A n’a pas d’AMM chez le chat. Sa prescription à une posologie de 5 mg/kg peut être associée, dans de rares cas, à des effets indésirables graves.

BIBLIOGRAPHIE

  • 1 - B. Hubert, I. Cadilhac, J.-P. Magnol : « Manifestations cutanéo-muqueuses de la calicivirose féline chez un chat », PMCAC, 2006, n° 41, pp. 141-144.
  • 2 - A. Hargis, P. Ginn, J. Mansell, R. Garber : « Ulcerative facial and nasal dermatitis and stomatitis in cats associated with feline herpesvirus 1 », Veterinary Dermatology, 1999, n° 10, pp. 267-274.
  • 3 - M. Gutzwiller, C. Brachelente, K. Taglinger, M. Suter, H. Weissenbocks, P. Roosje : « Feline herpes dermatitis treated with interferon omega », Veterinary Dermatology, 2007, n° 18, pp. 50-54.
  • 4 - W. Leistra, B. Van Oost, T. Willemse : « Non-pruritic granuloma in Norwegian forest cats », The Veterinary Record, 2005, n° 156, pp. 575-577.
  • 5 - C. Noli, D. Boothe : « Macrolides and lincosamides », Veterinary Dermatology, 1999, n° 10, pp. 217-223.
  • 6 - A. Vercelli, G. Raviri, L. Cornegliani : « The use of oral cyclosporine to treat feline dermatoses : a retrospective analysis of 23 cases », Veterinary Dermatology, 2006, n° 17, pp. 201-206.
  • 7 - C. Noli, F. Scarampella : « Prospective open pilot study on the use of cyclosporine for feline allergic skin disease », Jounal of Small Animal Practice, 2006, n° 47, pp. 434-438.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr