La communication sur le risque est à adapter à chaque groupe d’interlocuteurs - La Semaine Vétérinaire n° 1303 du 22/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1303 du 22/02/2008

Administration, industriels, médias, consommateurs, etc.

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Patrick Pommier

L'analyse d’un risque (qu’il soit d’origine alimentaire ou non) comporte quatre étapes : l’appréciation (quel est le niveau du risque ?), l’évaluation (jusqu’où est-il acceptable ?), le management (quelle mesure faut-il prendre ?) et la communication. Cette dernière doit considérer trois éléments inhérents au risque : la complexité, l’incertitude et l’ambiguïté. La complexité est due au fait qu’un risque résulte souvent d’une interaction de plusieurs facteurs. Or, s’il est relativement simple de communiquer sur une relation directe de cause à effet, l’interaction de plusieurs éléments nuit à la clarté du discours et peut donner naissance à des spéculations. De même, l’incertitude découle de ce que les mêmes causes n’ont pas toujours les mêmes effets (la cigarette ne garantit pas la survenue d’un cancer et la pratique d’un sport n’assure pas la longévité). Les conséquences d’un événement ne peuvent généralement être prédites qu’avec une certaine probabilité. En outre, l’ambiguïté vient de ce qu’un même fait n’est pas perçu de façon identique par les différentes catégories d’individus.

Dans le domaine alimentaire, de nombreuses craintes sont liées à un manque de confiance

Le comportement des uns et des autres face au risque dépend bien plus de la perception de ce risque que des arguments scientifiques (présumés objectifs) émis par les experts. Plusieurs raisons expliquent ce hiatus. Elles peuvent être illustrées par des exemples. Ainsi, bien que le risque de mortalité y soit beaucoup plus faible, la plupart des passagers sont plus stressés en avion que dans une voiture dont ils estiment avoir la maîtrise. Les produits “d’origine naturelle” sont considérés comme a priori moins nocifs que ceux d’origine synthétique. Peuvent également être cités des risques importants, connus, mais acceptés car pris volontairement, comme la consommation de tabac et d’alcool.

Dans le domaine alimentaire, beaucoup de craintes sont liées à un manque de confiance. Celui-ci concerne tant les connaissances scientifiques (il a été découvert que certains additifs étaient cancérigènes, alors pourquoi les autres ne le seraient-ils pas ?) que les messages (émis par les gouvernements, les autorités sanitaires, les industriels, etc.) souvent perçus comme intéressés et non objectifs. En cas de manque de confiance, la réaction classique des consommateurs n’est plus de réclamer une réduction du risque à un niveau acceptable, mais d’exiger un risque nul.

Vouloir communiquer de façon univoque avec “le public” serait une erreur, le public en tant que tel n’existant pas. Les messages doivent être adaptés à chaque groupe d’interlocuteurs différents : administration, industriels, organisations non gouvernementales, médias (souvent à la recherche du spectaculaire), consommateurs, etc. Dans tous les cas, cette communication devra être fondée sur une solide documentation, une information ciblée, un dialogue mutuel et une réelle implication de tous les interlocuteurs dans l’analyse du risque et les décisions à prendre. Mieux vaut en outre garder à l’esprit que le nombre et la nature des risques sont en perpétuel changement et donc être prêt à s’adapter. L’adaptation du message à chaque catégorie d’interlocuteurs est d’autant plus indispensable que les intérêts des uns et des autres sont non seulement différents, mais parfois opposés. Il faut alors se garder de passer des messages contradictoires : la communication doit certes être adaptée, mais surtout rester honnête et reposer sur des arguments objectifs.

  • (1) O. Renn : « Risk communication - Consumers between information and irritation », Journal of Risk Research, 2006, vol. 9, n° 8, pp. 833-849.

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