Des débats sur l’évolution de la profession ont réuni étudiants et praticiens à Toulouse - La Semaine Vétérinaire n° 1303 du 22/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1303 du 22/02/2008

Vie des écoles. Réunion du Club junior du SNVEL

Actualité

Auteur(s) : Bérengère Fabre

Accueillis par Françoise Bussiéras, représentante et membre du conseil d’administration du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), des étudiants toulousains et quelques-uns de leurs parrains praticiens se sont donné rendez-vous le 12 février à l’école de Toulouse. L’objectif : réfléchir et débattre sur l’avenir de la profession, en s’appuyant sur l’expérience de deux intervenants.

Le premier, Richard Nap, un confrère britannique, est aujourd’hui consultant indépendant, après avoir enseigné en université puis travaillé dans une firme internationale. Il a souligné l’importance de répondre aux attentes des clients, développant ainsi le concept d’une approche marketing fondée sur l’implication du praticien vis-à-vis du propriétaire et de son animal. Il a insisté sur l’éventail de l’offre des services, qui ne doit pas dépendre des clients. En effet, le praticien ne peut préjuger du budget de ces derniers, et l’arbitrage du pouvoir d’achat entre les multiples centres d’intérêt varie beaucoup d’un foyer à l’autre.

La tendance générale à la frilosité concernant le montant des honoraires demandés a en outre été pointée du doigt. Illustrant son propos par des données chiffrées, Richard Nap a montré que les réduire de 10 % entraîne un déclin de 30 % du profit de la structure, en raison notamment du poids des charges fixes. « D’où l’importance d’exiger des taux de rémunération corrects. »

La notion de développement commercial des cliniques a, elle aussi, fait l’objet de débats, étayés par des exemples issus de l’étranger. « Il existe un véritable fossé entre le Japon, l’Afrique du Sud ou encore l’Angleterre et la France. » La vision tokyoïte ou américaine de la structure vétérinaire a en particulier suscité de nombreuses réactions. Elle s’intègre dans un cadre de “centre commercial” où les produits et les services les plus divers sont proposés aux propriétaires : du spa au bloc opératoire, il n’y a qu’un pas ! La segmentation du marché est donc plus importante qu’il n’y paraît. « Il revient à chaque praticien de décider où se positionner », a conclu le conférencier, qui parie sur une évolution importante de la profession en France d’ici à vingt ou trente ans.

Il est important de justifier les coûts auprès des clients

Quant à Pierre Desnoyers, le second intervenant, une interrogation également délicate lui était réservée : « Quelles sont les forces et les faiblesses du diplôme vétérinaire ? » Une question que son parcours professionnel lui permet de bien cerner. Praticien, employé dans une grande entreprise puis directeur de l’ENVT, entre autres, il a en effet acquis suffisamment de recul par rapport aux attentes du milieu extérieur vis-à-vis de la profession. Son propos s’est d’abord attardé sur “l’identité” vétérinaire. La réalité du métier n’est pas toujours en adéquation avec la perception qu’en a la société qui « admire le vétérinaire en tant que docteur, mais le critique en tant que commerçant ». Le “procès sociétal” stigmatise en particulier « l’absence de transparence des tarifs et des honoraires, la crainte d’un coût exorbitant, le développement des offres “supermarché” ». A ce titre, le conférencier a insisté sur l’importance de justifier les coûts auprès des clients, en différenciant honoraires et achats de produits.

Il a en outre évoqué l’assurance des animaux de compagnie, qu’il souhaite remettre à l’ordre du jour. « Si, au départ, les vétérinaires ont, à juste titre, été frileux, ce type de garantie permettrait aujourd’hui aux praticiens de réaliser des actes complexes, valorisants pour la profession. » Par ailleurs, selon lui, il convient de maintenir le diptyque “démarche scientifique-démarche clinique” au cœur de la formation pour répondre aux attentes de la société.

La question d’actualité sur le numerus clausus, force ou faiblesse, n’a pas été éludée durant la rencontre. « S’il sait s’adapter et prendre une résonance anticipative, il s’agit d’une force », a déclaré Pierre Desnoyers, avant de conclure son propos en mettant en évidence les perspectives d’évolution de la profession. Ces dernières doivent prendre en compte les contraintes économiques des clients, l’acquisition par chaque praticien du statut de chef de petite entreprise, mais aussi, bien entendu, la dimension européenne et mondiale du marché actuel.

A l’issue de la soirée, étudiants et praticiens ont pris date pour les Rencontres étudiantes vétérinaires, les 23 et 24 octobre à Lille. Elles permettront probablement de réfléchir aux contours de la profession en 2020, un thème qui n’a pas fini de susciter l’intérêt.

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