Un hôpital vétérinaire des plus modernes est installé au zoo de Singapour - La Semaine Vétérinaire n° 1302 du 15/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1302 du 15/02/2008

Wildlife Healthcare and Research Center de Singapour

Éclairage

UNE JOURNÉE AU…

Auteur(s) : Guillaume Douay

Le point névralgique est la salle de soins, ouverte aux touristes. Avec en moyenne cent vingt soins hebdomadaires, les visiteurs peuvent découvrir les coulisses du métier de vétérinaire de parc zoologique.

Les 1 600 m2 du Wildlife Healthcare and Research Center, inaugurés en mars 2006, sont dédiés aux quatre mille animaux du zoo de Singapour et du Night safari (visible uniquement la nuit). Ce parc présente une grande collection de primates, dont certains sont rares comme les doucs et les nasiques. Bien entendu, il regorge d’espèces asiatiques peu représentées dans les parcs français (dendrocygne de Java, tigre de Corbett, loris lents). La végétation tropicale tient une place importante tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des enclos. Certains animaux sont en liberté totale dans le parc (saki, langurs). D’autres possèdent des enclos en semi-liberté : les orangs-outans vivent la journée dans une zone forestière où il passent le plus clair de leur temps dans les arbres. En résumé, pour un Européen qui visite ce parc, le dépaysement est total, même quand il s’agit d’espèces “classiques”.

Le point névralgique du centre est la salle de soins où se succèdent en moyenne cent vingt cas par semaine, allant de la vasectomie d’une mangouste rayée au parage de plaie chez un langur argenté, en passant par des soins dentaires chez un chat de Temminck. Tous les outils diagnostiques sont mis à la disposition des vétérinaires : appareil de radiologie numérique, endoscope, laboratoire d’analyses, salle d’autopsie, de chirurgie, etc. La taille et l’équipement de cette dernière permettent d’intervenir chez la quasi-totalité des animaux, excepté les “mégamammifères”. Dotée de matériel d’anesthésie gazeuse à l’isoflurane et d’appareils de monitoring cardio-respiratoire, elle accueille jusqu’à cinq interventions chirurgicales par semaine. Dans un souci constant d’éducation, tous les visiteurs du zoo ont accès à une salle de pédagogie dont les deux baies vitrées donnent sur la salle de soins et de chirurgie. Ils peuvent ainsi assister aux différents actes.

Le recours à la médecine chinoise traditionnelle est fréquent

Une trentaine de cages et de box d’hospitalisation sont prêts à accueillir une grande variété d’animaux, du serpent aux grands carnivores. Deux d’entre eux sont en outre équipés d’un système de parois amovibles qui permettent la contention des animaux. Un bâtiment de quarantaine, excentré de l’hôpital, fait également partie du complexe. L’équipe, dirigée par notre consœur Serena Oh (diplômée d’Edimbourg), est composée de cinq vétérinaires de diverses origines (actuellement, Chine, Allemagne, Malaisie, Indonésie), d’une assistante, d’une technicienne, de deux biologistes, ainsi que de trois soigneurs animaliers. Chaque vétérinaire peut développer ses propres compétences, à l’instar de notre consœur Sonja Luz (diplômée de Hanovre), en charge des reptiles et de l’histopathologie, ou encore de notre confrère Soon Hock Oh (diplômé de Taiwan), spécialiste en acupuncture et en médecine chinoise traditionnelle. Au zoo, ce dernier est assez libre de pratiquer l’acupuncture et les soigneurs sont demandeurs de traitements qui utilisent la pharmacopée chinoise pour régler des petits soucis comme l’halitose d’une otarie ou une baisse de forme chez une girafe. Il est normal et courant d’avoir recours à ces médecines dans toute l’Asie. La formation suivie par Soon Hock Oh en Chine comportait une option « acupuncture des animaux ».

Le zoo est le siège de recherches sur la faune sauvage et exotique

Dès 8 h 30, les deux stagiaires, accompagnés par l’assistante vétérinaire, assurent les soins aux animaux hospitalisés. La journée continue avec son lot d’interventions variées : soins de pieds chez les éléphants, endoscopie chez une panthère nébuleuse, prélèvement sanguin sur un crocodile marin, autopsie d’un cerf d’Eld, etc. Cependant, certains rituels sont immuables, comme le déjeuner partagé par toute l’équipe et les deux pauses thé, réelles institutions pour l’ensemble du personnel du parc.

Enfin, ce centre, outre son aspect médical et pédagogique, est le siège d’importantes recherches sur la faune sauvage et exotique. Des études comportementales chez les nasiques et les doucs, ainsi que des projets de conservation de la faune locale (pangolins, macaques, pythons, colugos, etc.) sont entrepris. Les nombreuses collaborations menées avec les institutions et les vétérinaires étrangers (zoo de San Diego, Thomas Hildebrant, spécialiste en reproduction assistée pour le Leibniz Institute for Zoo and Wildlife Research, Ellen Dierenfeld, nutritionniste au zoo de Saint-Louis, etc.) montrent la volonté du zoo de Singapour de devenir une référence au niveau mondial.

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