Oxalates et struvites sont impliqués à égalité - La Semaine Vétérinaire n° 1302 du 15/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1302 du 15/02/2008

Urolithiase du chien

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Alexandre Balzer

Fonctions : praticien à Bellerive-sur-Allier (Allier), titulaire d’un CEAV de médecine interne.
Article issu de la conférence « maladies chroniques : du diagnostic à la communication avec les propriétaires » présentée le 10/11/2007 lors d’une journée organisée par l’Afvac Centre, à Vichy.

L’urolithiase canine ne porte que sur un faible nombre de cas, mais sa forte propension à récidiver en fait un cas compliqué à traiter.

Les urines contiennent physiologiquement des sels minéraux en solution. Lorsqu’elles sont hypersaturées, ces minéraux précipitent et des cristaux apparaissent (cristallurie). Si ces cristaux s’agglomèrent, des calculs se forment (urolithiase). L’urolithiase est donc la présence de concrétions cristallines dans les voies urinaires. Si la cristallurie relève de l’examen microscopique, l’urolithiase est identifiée macroscopiquement. Chez le chien, elle ne porte finalement que sur un faible nombre de cas et ne représente que 0,4 à 2 % des motifs de consultation. Cependant, ces cas ont une propension non négligeable à la récidive. La gravité de l’affection dépend beaucoup de la localisation et des répercussions sur l’organisme. Cet article ne s’attache qu’aux calculs vésicaux et urétraux, les calculs rénaux ne représentant que 1 % des cas d’urolithiase.

La nature des calculs a évolué. Alors qu’il y a une dizaine d’années, les struvites étaient largement représentés, ils sont maintenant à égalité avec les oxalates (voir tableau 1). La formation des calculs est favorisée par une consommation importante, voire excessive, de minéraux dans l’alimentation, par une hypersaturation physiologique des urines chez certains sujets et par l’apparition d’un pH urinaire favorable. Par ailleurs, des circonstances favorisantes sont souvent notées (abreuvement insuffisant qui entraîne une concentration des urines, stagnation des urines dans les voies urinaires par rétention ou inflammation de ce tractus). Les races de petite taille, de manière générale, sont prédisposées. Certaines sont sujettes à des calculs particuliers : le schnauzer nain présente un terrain favorable aux struvites, le dalmatien aux calculs d’urates et le teckel et le terre-neuve aux calculs de cystine. Les mâles sont plus touchés que les femelles. Tous les âges sont concernés. La quasi-totalité des calculs sont retrouvés dans le bas appareil urinaire.

L’origine exacte de la formation des calculs urinaires est mal connue

Plusieurs théories s’affrontent pour expliquer la formation réelle des calculs urinaires. Certains pensent que la saturation accrue permet à elle seule la formation des cristalloïdes urinaires et facilite ainsi la précipitation des cristaux. D’autres estiment que le noyau doit d’abord être constitué d’une matrice protéique, qui va ensuite agglomérer les cristaux. Cependant, si de telles protéines peuvent ainsi effectivement former le premier maillon de la calculogenèse, elles ne sont pas toujours retrouvées lors des analyses des calculs. En outre, des inhibiteurs de la nucléation et de croissance pourraient aussi intervenir. Leur absence est parfois relevée dans des cas d’urolithiase. Loin de s’exclure, ces théories peuvent au contraire se compléter afin d’expliquer les diverses formations des calculs. Ceux-ci peuvent être purs ou mixtes. Quand un calcul est composé à plus de 80 % d’un seul type cristallin (c’est le cas de la plupart des calculs du chien), le nom qui lui est donné est celui de ce cristal. Le calcul est dit mixte lorsqu’un cristal de nature différente du cristal formant la majorité du calcul représente plus de 20 % de la masse totale de ce dernier.

Le diagnostic de suspicion est souvent établi rapidement à partir des signes cliniques classiques (inflammation chronique des voies urinaires basses, pollakiurie, dysurie, strangurie, hématurie, etc.). Par ailleurs, les infections concomitantes des voies urinaires basses sont fréquentes. Les cas les plus graves entraînent parfois une obstruction et donc une anurie et l’établissement rapide d’une insuffisance rénale postrénale. L’incontinence peut aussi être un signe d’appel.

Les examens complémentaires sont souvent conclusifs. L’analyse d’urine permet d’orienter rapidement le diagnostic par la mise en évidence de cristaux au microscope. La radiographie est un examen de choix pour tous les calculs radiovisibles. Il est possible de les mettre en évidence plus nettement par l’emploi de produit de contraste. L’échographie n’apporte pas plus de renseignements que la radiographie sur le calcul lui-même, mais permet parfois de déceler des lésions ou des affections associées (tumeur, inflammation importante de la paroi vésicale, etc.).

Les traitements chirurgical, diététique et médical se complètent souvent

Le traitement dépend, bien entendu, de la nature du calcul, de sa localisation et de son expression clinique. Les priorités restent cependant toujours les mêmes dans la prise en charge d’un animal atteint d’un calcul urinaire : relancer tout d’abord la diurèse, puis traiter le problème et enfin éviter les récidives. Il existe trois grands axes dans le traitement des urolithiases : chirurgical, diététique et médical. Ces traitements ne s’excluent absolument pas et se complètent plutôt.

Le traitement chirurgical, le plus simple, est bien souvent le mieux toléré. Ne sont ainsi opérés que les sujets atteints de calculs qui ne pourront pas être dissous (calculs non solubles, trop gros, etc.). En outre, seule la chirurgie permet d’envoyer le calcul au laboratoire pour en connaître exactement la nature.

Le traitement diététique a pour but de dissoudre et de prévenir l’apparition des calculs. Par ailleurs, toutes les méthodes qui augmentent la quantité d’eau bue, et donc urinée, sont à favoriser (croquettes mouillées, légèrement salées, etc.). Le traitement médical permet de compléter le traitement diététique. Il a pour objectif de stopper les infections associées, de contrer l’inflammation de la vessie, de limiter parfois la stase urinaire. Il permet aussi de lutter contre certains types de calculs (inhibiteur de la xantine oxydase pour les sujets atteints de calculs d’urate, alcalinisant lors de calculs de cystine, etc.).

La forte propension des urolithiases à récidiver en font des cas compliqués à traiter. Au-delà de ces récidives, quelques complications sont parfois redevables d’une thérapeutique spécifique (infection urinaire, insuffisance rénale, atonie vésicale, etc.).

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