Le Cirale inaugure son centre de médecine sportive - La Semaine Vétérinaire n° 1302 du 15/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1302 du 15/02/2008

Filière équine. Un nouveau service à la disposition des praticiens

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

Cette nouvelle structure, qui sera aussi utilisée dans le cadre de la recherche, dispose notamment d’un tapis roulant et d’un laboratoire performant.

Le 6 février dernier a marqué l’aboutissement d’un projet d’ampleur pour la filière équine. Le Cirale(1), situé à Dozulé (Calvados), a en effet inauguré son centre de médecine sportive. Cet événement est important pour cette discipline, qui dispose ainsi d’un matériel dédié (tapis roulant, laboratoire d’analyses, etc.), mais aussi pour la génétique équine. En effet, cette nouvelle structure sera utilisée pour la réalisation de travaux dans ce domaine, qui bénéficient pour la première fois d’un fonds alloué par l’Agence nationale pour la recherche. Le professeur Michel Georges, de l’université de Liège, y est notamment associé dans le cadre du projet Genequin (les recherches déjà initiées concernent le cornage et l’ostéochondrite disséquante).

Le nouveau centre de médecine sportive a vu le jour grâce à la collaboration de la faculté de médecine vétérinaire de Liège, sous l’impulsion de notre consœur Emmanuelle Van Erck et du professeur Pierre Lekeux, mais aussi de l’école d’Alfort, sous l’égide du professeur Jean-Marie Denoix, du laboratoire Frank Duncombe (dont font partie nos confrères Guillaume Fortier et Pierre-Hugues Pitel), et grâce au soutien de la région Basse-Normandie. Lors de l’inauguration, cette dernière était d’ailleurs représentée par le président du Conseil général, qui a indiqué la possible mise en place d’un centre de médecine interne et de chirurgie de haut niveau en 2011- 2012. « Un groupe de travail se mettra en place pour étudier l’articulation entre ces nouvelles activités et le monde du cheval dans notre région », a-t-il souligné.

En trente ans, la médecine sportive a connu un essor considérable

Cette journée a été l’occasion d’une table ronde sur la médecine sportive, dont les progrès ont été remarquables au cours des dernières décennies. Les tests sportifs permettent aujourd’hui de disposer de valeurs de référence par discipline, par âge, par catégorie, etc., comme l’a illustré le témoignage de notre confrère Laurent Couetil, venu présenter son expérience acquise aux Etats-Unis. Comme l’a rappelé Emmanuelle Van Erck, plusieurs valeurs (fréquence cardiaque, lactémie, etc.) sont mesurées lors des tests d’effort, qu’ils se déroulent sur piste ou sur tapis roulant.

Ils peuvent en outre révéler certains troubles. Notre consœur a ainsi cité l’exemple d’une jument trotteur français âgée de quatre ans présentant une augmentation brutale de la fréquence cardiaque à partir du troisième palier d’effort sur tapis roulant, associée à une irrégularité au niveau du postérieur gauche qui ne se manifestait qu’à forte vitesse. Dans ce cas, le test a permis d’affirmer objectivement que la lésion occasionnait une boiterie, une augmentation de la fréquence cardiaque et une douleur, affectant le travail du cheval.

L’intérêt majeur du tapis roulant est ainsi de standardiser l’effort. « Dans le cadre de la recherche du niveau de boiterie, une anesthésie du jarret peut, par exemple, être réalisée avant d’effectuer un deuxième test pour observer l’existence ou non d’une modification de la locomotion, a expliqué Jean-Marie Denoix. Le facteur limitant est l’absence de virage. Il convient donc d’associer au tapis roulant l’examen du cheval dans les conditions habituelles d’exercice. »

La réalisation de bilans médico-sportifs permet de déceler précocement les troubles

Il est possible d’utiliser les tests sur tapis roulant comme des examens complémentaires dans le cadre d’une recherche spécifique sur le système musculaire, respiratoire, cardiovasculaire ou encore locomoteur.

Concernant ce dernier, la boiterie est parfois subtile, engendrant seulement des fouaillements de la queue, des coups de postérieurs à la réception des obstacles, etc. Il est alors difficile de savoir si le dysfonctionnement provient de la monte du cavalier ou du cheval (animal raide ou qui récupère mal après le travail). Un test d’effort est donc utile pour mettre en évidence des boiteries qui pourraient passer inaperçues lors d’un examen classique.

Outre le tapis roulant, le Cirale dispose aussi de techniques de pointe en imagerie. Elles permettent de compléter les examens plus classiques (scintigraphie, imagerie par résonance magnétique) pour révéler des troubles ostéo-arti-culaires indétectables par d’autres moyens.

Pour leur part, les tests sanguins, effectués avant et après l’effort, évaluent les enzymes musculaires et dévoilent ainsi des troubles du système musculaire. Dans ce cadre, des marqueurs du stress oxydant ont été développés avec le laboratoire Frank Duncombe. « Des prélèvements par microbiopsies se développent également », a en outre souligné Emmanuelle Van Erck. Des tests génétiques font aussi leur apparition en Europe pour déterminer d’éventuelles prédispositions génétiques.

Le système cardio-vasculaire est fortement sollicité chez le cheval athlète. Des tests à l’effort peuvent alors se révéler utiles. Il s’agit des électrocardiogrammes, qui permettent de détecter des troubles du rythme cardiaque qui ne se produisent qu’à l’effort, des échocardiographies, des techniques de dosage à mettre en œuvre pour vérifier l’intégrité du muscle cardiaque, etc.

Pour sa part, le système respiratoire est le tendon d’Achille du cheval. « Une étude menée sur 329 chevaux de sport référés à l’université de Liège pour une baisse de performance montre que 79 % d’entre eux souffraient d’un trouble respiratoire, a notamment indiqué Emmanuelle Van Erck. L’affection concernait les voies respiratoires supérieures chez 15 % des chevaux et les voies respiratoires inférieures chez 85 %. »

Si l’endoscopie à l’effort est l’examen de choix pour déceler les troubles des voies respiratoires supérieures, il existe de nombreux examens complémentaires utiles dans le cadre d’affections de l’appareil respiratoire profond. Les chevaux qui en sont atteints présentent des troubles fonctionnels de la respiration, une hypoxémie aggravée à l’effort, une lactatémie élevée à l’effort, etc. En outre, « un test à l’effort peut être intéressant pour tenter de susciter des troubles comme l’hémorragie. La réalisation d’une endoscopie après l’effort, des prélèvements respiratoires, des tests de la fonction respiratoire, comme pour les patients asthmatiques, peuvent aussi être mis à profit », selon notre consœur. De tels bilans médico-sportifs sont à la disposition des éleveurs et des entraîneurs, via leurs vétérinaires. Ils permettent de suivre les chevaux sains à l’entraînement pour s’assurer que ce dernier est adapté et efficace, mais aussi de détecter un trouble qui évolue de manière subclinique.

« Le centre de médecine sportive constitue aussi une plate-forme qui permet de développer de nouveaux outils diagnostiques mis à la disposition des praticiens, et ainsi de découvrir des dysfonctionnements avant que le cheval ne soit dans le rouge ».

Un laboratoire d’analyse à la disposition de la performance

A l’occasion de l’inauguration, Pierre-Hugues Pitel a rappelé les objectifs globaux d’un laboratoire d’analyses, qui sont « de permettre au praticien de disposer d’outils performants et reconnus dans les centres internationaux, d’en développer de nouveaux, et de proposer des marqueurs de biologie équine ». Un tel laboratoire est désormais disponible au Cirale pour la médecine sportive. Peuvent y être effectuées des analyses hématologiques et biochimiques classiques, des analyses des marqueurs fins de l’inflammation, du stress oxydatif, des analyses bactériologiques, virologiques (elles incluent par exemple la recherche d’herpès virus équin de types 1, 2, 4 et 5, d’herpès virus asins, ainsi que d’autres virus à tropisme respiratoire) ou encore cytologiques (lavage trachéal et broncho-alvéolaire). Grâce à ces dernières, il est notamment possible de dater précisément le moment où se produit l’hémorragie pulmonaire, mais aussi de savoir si elle est ponctuelle ou chronique. La cytologie permet par ailleurs de développer une étude sur les herpès virus (détermination d’une éventuelle interaction entre les herpès et certaines anomalies cellulaires).

« Nous proposons aussi des bilans ouverts sur la recherche et le développement », a poursuivi Pierre-Hugues Pitel.

Par ailleurs, si les bilans sont, bien entendu, utiles lorsqu’un trouble survient, il est aussi intéressant d’en effectuer quand tout va bien, afin de disposer de valeurs de référence, d’établir un suivi longitudinal et d’optimiser les conditions d’entraînement.

Le coût d’un examen complet (avant et après l’effort, analyses sanguines, etc.) est d’environ 650 € (les examens de suivi sont moins onéreux). Il constitue une moyenne pour d’éventuelles investigations plus poussées selon les éléments mis en évidence.

  • (1) Centre d’imagerie et de recherche sur les affections locomotrices équines.

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