En l’absence d’enjeux, autant laisser chacun à ses croyances - La Semaine Vétérinaire n° 1301 du 08/02/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1301 du 08/02/2008

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Auteur(s) : Gil Wittke

Mais enfin, Stéphane, tu ne peux pas rester bloqué comme ça.

– Ah, parce que, bien entendu, c’est moi qui ai tort !

– Non, mais il faudrait considérer les intérêts de la clinique.

– Je maintiens, Catherine, qu’il n’est pas éthique de vendre. Nous n’avons pas été formés pour fourguer les produits des laboratoires, mais pour faire du diagnostic.

– Ta position est ridicule !

– Jean-Bertrand, s’il te plaît, nous allons d’abord essayer de le comprendre. Stéphane, nous ne te demandons pas de vendre, juste de reconsidérer tes principes.

– Mais je suis en accord avec ma conscience.

– Et tu trouves éthique de ne pas parvenir à soigner un animal, juste parce que tu n’as pas réussi à vendre le principe du traitement au propriétaire ?

– Jean-Bertrand, arrête.

– Pourquoi ? La vérité, c’est qu’il se cache derrière sa déontologie pour éviter de se coltiner les objections des propriétaires, ça l’arrange bien. »

Cette scène montre la puissance d’une croyance : « ce n’est pas éthique de vendre », selon Stéphane, « la vérité, c’est que… », d’après Jean-Bertrand. La faire évoluer est particulièrement difficile. Cela peut même avoir l’effet inverse. Ainsi, Stéphane utilise chaque contre-argument pour justifier sa position plutôt que de la modifier.

“S’attaquer” à une croyance exige de l’énergie

Une croyance est une affirmation plus ou moins forte qu’une personne considère comme vraie. Elle peut concerner sa personnalité (je suis calme), ses capacités et ses compétences (je sais faire de bonnes échographies), mais également intéresser les autres (c’est le cas des préjugés) ou le monde (c’est ce que font les proverbes). Il s’agit d’une stratégie mentale individuelle qui se construit à partir de la généralisation d’une conclusion tirée d’une ou plusieurs expériences marquantes (y compris l’éducation).

Au cours d’un dialogue, les croyances transparaissent dans les locutions qui contiennent une affirmation (« c’est comme ça », « sûr et certain »), les relations de cause à effet (si ceci, alors cela) ou les généralisations (tout, tous, aucun, rien, jamais, toujours).

Bonnes ou mauvaises, les croyances sont particulièrement utiles et chacun en prend bien soin, cherchant toujours à les confirmer (parfois au détriment des faits). Mais elles peuvent devenir de graves obstacles à la progression individuelle (comment s’épanouir après une sentence du type « je suis incapable de… » ?) et aux relations interpersonnelles (croyances limitantes). Se heurter à une croyance forte s’apparente à l’escalade du mont Everest sans préparation. En l’absence d’enjeu, il est donc raisonnable de laisser l’autre avec ses croyances, sauf à aimer les joutes oratoires et les jeux psychologiques. Mais lorsque le blocage doit être résolu (risque de rupture ou de forte frustration), il convient de mettre en œuvre une stratégie qui demande de l’énergie.

Dans une étape préliminaire, il faut adopter une attitude d’acceptation (« nous allons d’abord essayer de le comprendre »), car la décision de faire évoluer sa croyance n’appartient qu’à l’autre. Ensuite, après avoir prévenu de son intention (« reconsidérer tes principes », « les intérêts de la clinique »), il convient de vérifier la puissance de la croyance par des interrogations du type « tu es vraiment sûr(e) que ? », « toujours/aucun, vraiment ? ». En troisième lieu, l’emploi de contre-exemples (appuyés par des preuves) ou la recherche des expériences de généralisation (« comment sais-tu que A entraîne B ? », « qu’est-ce qui démontre que ? ») peuvent être utilisés pour tenter de l’affaiblir. Si l’interlocuteur accepte de reconsidérer son point de vue, la nouvelle croyance ne s’installera qu’après une série d’expériences de généralisation (il faut alors savoir être patient, respecter l’effort et l’encourager). En dernier recours (juste avant la rupture), les valeurs sont mises en jeu : « Qu’est-ce qui est plus important pour toi, ton éthique telle que tu la définis ou notre association ? » Ce type d’alternative a parfois le mérite d’obliger à une clarification salutaire des valeurs de l’association.

Un dernier type de croyances reste à envisager, celles des clients (« Non, mon chien n’a pas mal… », « le vétérinaire, c’est cher »). Mais, au fait, y a-t-il un enjeu ?

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