La vaccination à l’aide de pseudo-particules rétrovirales est à l’étude

Les virus influenza ont retenu l’attention lors de la session “barrière d’espèce” d’un colloque, le 22 janvier dernier à l’école d’Alfort. La manifestation était conjointement organisée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et les écoles vétérinaires, marquant la volonté commune de rapprocher les recherches médicales vétérinaires et humaines.

Judit Szecsi, de l’Inserm de Lyon (U758), a présenté les recherches sur le développement de nouvelles stratégies vaccinales contre l’influenza. La vaccination contre la grippe saisonnière chez l’homme repose actuellement sur des vaccins inactivés ou atténués, dont l’efficacité est limitée et dont la production nécessite environ six mois. L’équipe de l’Inserm a donc cherché à développer un vaccin candidat capable d’induire une réponse immunitaire humorale et cellulaire rapide et efficace. Pour cela, les scientifiques ont généré des pseudo-particules rétrovirales (PPV) qui expriment à leur surface les deux protéines majeures antigéniques (hémagglutinine, H et neuraminidase, N) de deux souches hautement pathogènes de l’influenza de type A : le H5N1 et le H7N1. Ces pseudo-particules rétrovirales miment ainsi la surface du virus sauvage, mais ne contiennent aucun matériel génétique, ce qui constitue un atout en termes de biosécurité. Elles ont ensuite été injectées à des souris. L’équipe a démontré que les pseudo-particules rétrovirales qui portent les hémagglutinines et les neuraminidases ont la capacité d’induire une réponse immunitaire rapide et forte, avec la production d’anticorps neutralisants chez la souris. La capacité neutralisante des sérums issus de souris ainsi immunisées est supérieure à 90 % après une seule injection. Les chercheurs ont aussi constaté l’importante spécificité des anticorps neutralisants produits. Aucune neutralisation croisée n’a été observée entre les pseudo-particules rétrovirales qui incorporent les protéines de surface des deux souches du virus influenza (H5N1 et H7N1).

La “résistance” des canards à l’infection par les virus influenza est étudiée

Notre confrère Jean-Luc Guérin a, pour sa part, présenté des travaux actuellement menés par l’unité mixte Inra-ENVT 1225-IAHP. L’objectif est d’étudier l’interaction entre les virus influenza A et les palmipèdes pour identifier les mécanismes cellulaires et moléculaires qui expliquent la “résistance” des canards aux infections par les virus influenza. Ces dernières sont le plus souvent asymptomatiques chez les oiseaux aquatiques. En revanche, le poulet et la dinde, hôtes accidentels, présentent des signes cliniques particulièrement sévères en cas d’infection par un virus hautement pathogène.

Les chercheurs ont mis en œuvre deux approches. La première consiste en des études in vivo qui visent à décrire plus en détail les conséquences de l’infection au niveau intestinal, avec une attention particulière pour les mécanismes de défense antivirale. Ils ont développé des outils qui permettent le dosage des transcrits des principales cytokines de canard. L’analyse de cette composante de la réponse immunitaire et sa comparaison avec celles obtenues chez d’autres espèces animales sont ainsi possibles.

La deuxième approche concerne des études in vitro. Elle permet d’analyser les réponses des cellules cibles à l’infection aux niveaux cellulaire et moléculaire, ainsi que les différentes étapes de la réplication et de la maturation du virus. Un axe de travail porte précisément sur l’effet du polymorphisme de la protéine virale NS1 sur l’interaction du virus avec les cellules aviaires ou de mammifères.