Le clonage animal provoque des réactions en chaîne, françaises et américaines

La viande et le lait des animaux clonés sont sans risque et propres à la consommation humaine. Telle est la conclusion de l’agence américaine chargée de l’autorisation des produits alimentaires et des médicaments (Food and Drug Administration), rendue publique le 15 janvier dernier. « Après plusieurs années d’études et d’analyses, la FDA estime que la viande et le lait issus de bovins, de porcs et de chèvres clonés, ainsi que des descendants d’animaux clonés, sont aussi sûrs que les denrées issues d’animaux non clonés », peut-on lire sur le site Internet de l’agence⁽¹⁾. En outre, cette dernière n’estime pas nécessaire l’étiquetage spécifique de ces denrées.

Suite à ces conclusions, le département américain à l’agriculture (USDA) a pourtant recommandé aux éleveurs américains de ne pas mettre leurs denrées issues d’animaux clonés sur le marché. Le ministère a estimé nécessaire un moratoire volontaire sur la vente de ces produits, le temps que les consommateurs s’habituent et que le marché s’adapte.

« Il s’agit d’une belle hypocrisie », a déclaré de son côté un vétérinaire américain, persuadé que de la viande issue d’animaux clonés est déjà en circulation. Même son de cloche de la part d’éleveurs américains, certains reconnaissant avoir déjà vendu à maintes reprises à des producteurs de viande de la semence d’animaux clonés à haut potentiel zootechnique durant ces dernières années.

Le lendemain de la publication des conclusions de la FDA, les autorités de l’Union européenne ont déclaré que la viande et le lait provenant d’animaux clonés n’étaient pas prêts d’arriver dans les rayons des supermarchés européens. La porte-parole Nina Papadoulaki a en effet précisé qu’aucune décision de l’Union n’était imminente concernant une autorisation d’importation de produits issus d’animaux clonés. Elle a ajouté que la Commission européenne n’a reçu aucun avis des autorités américaines indiquant que la viande et le lait d’animaux clonés seraient exportés.

Le comité de bioéthique et Michel Barnier restent réservés sur le clonage

Quelques jours plus tôt, l’Agence européenne de sécurité sanitaire des aliments (Efsa) lançait une consultation publique sur son projet d’avis concernant le clonage animal. Dans ce dernier, elle estime « improbable qu’il y ait une quelconque différence, en termes de sécurité des aliments, entre les produits alimentaires issus de clones et de leur progéniture par rapport à ceux dérivés d’animaux reproduits de manière classique ». Selon l’agence, les produits alimentaires obtenus à partir de clones sains de bovins et de porcs, ainsi que de leur descendance, se situent dans les valeurs normales, en ce qui concerne la composition et la valeur nutritionnelle, des produits similaires obtenus à partir d’animaux reproduits de manière classique. Néanmoins, l’Efsa reconnaît que le transfert de noyau de cellule somatique (SCNT), exploité comme technique de reproduction, est une technologie relativement nouvelle et que les données disponibles pour l’évaluation des risques sont limitées.

Prenant le contre-pied de ce projet d’avis de l’Efsa, le comité de bioéthique de la Commission européenne a, quant à lui, émis des doutes sur la commercialisation de viande et de lait issus d’animaux clonés. « Compte tenu de l’ampleur actuelle des souffrances et des problèmes de santé des animaux porteurs et des animaux clonés, le comité doute de la justification éthique du clonage des animaux à des fins alimentaires, souligne-t-il dans un communiqué publié le 17 janvier dernier. A l’heure actuelle, le comité ne voit pas d’arguments convaincants justifiant la production de nourriture à partir de clones et de leur progéniture. » « Sur cette question du clonage et de l’alimentation issue du clonage, je suis non seulement prudent, mais très réservé », avait déclaré la veille le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, sur RTL.

• (1) http://www.fda.gov