Quelle partie de votre enseignement vétérinaire auriez-vous aimé approfondir ? - La Semaine Vétérinaire n° 1297 du 11/01/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1297 du 11/01/2008

Entre nous

FORUM

Les inégalités entre écoles ne sont pas acceptables

Jean-Christophe Meunier, praticien équin à Houdemont (Meurthe-et-Moselle).

J’ai l’impression d’avoir étudié à la croisée de deux époques : celle où l’équine était inexistante dans les écoles vétérinaires et celle où elle s’est imposée comme une discipline à part entière. Notre enseignement, tant théorique que clinique, en a souffert. Certains thèmes essentiels comme les boiteries et la dentisterie ont été négligés. Je ne peux que regretter de ne pas avoir acquis, lors de mes études, le même niveau de compétence en équine que dans d’autres matières comme “l’hygiène des denrées alimentaires d’origine animale”. A l’inverse, dans d’autres établissements, cette dernière était moins développée, au profit des sciences cliniques. Ces inégalités entre écoles, voire entre disciplines au sein d’une même école, sont injustes. Avant d’approfondir un domaine, un bon niveau de base pour chacun devrait être assuré.

Heureusement, le développement de la formation continue au sein de structures comme le Cirale ou avec des organismes tels que l’Association vétérinaire équine française (Avef) m’a permis de combler mes lacunes. Se lancer directement en pratique équine avec le diplôme vétérinaire est en effet particulièrement hasardeux. Les connaissances scientifiques, mais aussi les gestes techniques sont insuffisamment maîtrisés. Il est indispensable de compléter sa formation par un internat ou une série d’enseignements postuniversitaires, voire auprès d’un confrère expérimenté. Mais à quel prix ? En outre, établir un bon diagnostic ne suffit pas à contenter le propriétaire. Le relationnel est fondamental. La gestion de la clientèle m’a pourtant été fort peu enseignée à l’école. Quelques notions de marketing étaient simplement survolées en fin de quatrième année.

Nous ne sommes pas seuls sur notre île

Luc Durel, praticien rural à Marigny (Manche).

La formation que j’ai reçue à l’école était trop concentrée sur l’aspect médical. A ma sortie, je n’avais pas entendu parler des organisations professionnelles vétérinaires, techniques ou syndicales, ni des organismes agricoles. Les Groupements de défense sanitaires (GDS) ont pourtant été créés dans les années 50. Ils sont aujourd’hui des acteurs incontournables en productions animales, mais ils l’étaient déjà il y a quinze ans. Il est handicapant, pour un praticien, de ne pas connaître l’interprofession et de se croire seul sur une île. Cela n’incite pas les autres professionnels à travailler avec lui. De même, le volet administratif de la profession n’est pas suffisamment développé. Le travail du vétérinaire rural est dominé par des devoirs administratifs que le jeune diplômé devrait mieux savoir appliquer : connaître les formulaires à remplir, savoir à qui ils doivent être transmis et pourquoi. Je constate également que notre formation est trop cloisonnée entre disciplines. Aujourd’hui encore, l’enseignement s’apparente à un catalogue de maladies. Sur le terrain, le plus important n’est plus de savoir perfuser un veau, mais d’aborder le problème de troupeau que son état reflète. Les outils épidémiologiques sont au moins aussi importants que les outils médicaux. L’abord des affections à l’échelle du troupeau est une notion moderne, mais pas récente. L’enseignement français n’est pas en avance sur ce point. Limiter les mammites à une série de “maladies de l’appareil reproducteur” empêche leur mise en perspective avec les aspects zootechniques et épidémiologiques des cas. Cette ségrégation artificielle effectuée à l’école n’est pas une réalité de terrain. La participation de praticiens à certains travaux dirigés est d’ailleurs une bonne évolution de l’enseignement scolaire.

Nous manquons de pratique, surtout en chirurgie

Carole Chantrelle, praticienne canine à Nice (Alpes-Maritimes).

L’enseignement dispensé à l’école vétérinaire est d’un bon niveau théorique, mais cela manque malheureusement de pratique. Je suis ainsi sortie avec beaucoup de connaissances que j’utilise peu, en biochimie par exemple, mais avec une expérience pratique insuffisante. C’est en chirurgie que le déficit se fait le plus sentir et que le besoin est le plus marqué. Si nous réalisions une ovariectomie et deux castrations durant notre cursus, nous nous estimions heureux ! J’ai eu l’opportunité de participer aux campagnes de stérilisation des animaux errants organisées en Tunisie en dernière année. Cela m’a beaucoup apporté. Le certificat d’études approfondies vétérinaires (CEAV) de chirurgie que j’ai suivi ensuite était aussi essentiellement théorique. Nous avons profité de cours magistraux de remarquable qualité, illustrés de séquences vidéo. Mais l’apprentissage doit se faire en mettant la main à la pâte. Il vaut mieux opérer soi-même et avoir des difficultés plutôt que regarder un autre faire, si bon soit-il. C’était d’ailleurs l’objet du stage de six mois qui suivait la formation théorique. Les années passées à l’école devraient davantage permettre d’acquérir la gestuelle qui est celle du praticien au quotidien. Monitrice de chirurgie en fin d’études, j’ai fait faire des sutures aux étudiants de première année sur des échantillons de muscle bovin. Les élèves étaient ravis de “toucher quelque chose” et avaient l’impression de réaliser “une petite chirurgie”. En fin de cursus, un stage d’au moins six mois en clientèle serait sans doute bénéfique. A mon époque, les stages obligatoires étaient de courte durée.

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