L’exophtalmie chez le cheval indique un processus pathologique significatif - La Semaine Vétérinaire n° 1297 du 11/01/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1297 du 11/01/2008

Ophtalmologie

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Marine Neveux

Traumatismes, processus inflammatoires et tumeurs peuvent expliquer ce déplacement du globe oculaire.

L’exophtalmie, rare chez le cheval, correspond au déplacement antérieur du globe oculaire dans l’orbite. Lorsqu’elle survient, cela indique qu’un processus pathologique significatif a lieu. Les cas les plus fréquents incluent des traumatismes, une inflammation, un processus néoplasique qui réduit l’espace potentiel de l’orbite et pousse le globe à l’extérieur.

Quand elle a lieu chez le cheval, elle est souvent visualisée plus facilement en observant l’animal de face et en comparant la proéminence des globes. La taille de la fente palpébrale et l’orientation des cils sont généralement modifiées. Une hyperhémie de la conjonctive et un chémosis, un épiphora, un contour des paupières déformé et une distension de la fosse supraorbitale sont notés. Selon la direction prise par le globe, il est possible d’observer un strabisme. La lagophtalmie, ou l’impossibilité de fermer les paupières, est parfois notée secondairement à l’exophtalmie et nécessite un traitement qui lubrifie et protège la cornée. Dans tous les cas, un examen global du cheval est nécessaire, car d’autres signes cliniques peuvent survenir, comme un stridor respiratoire, un écoulement nasal, une odeur ou une épistaxis. Ces anomalies orientent les investigations vers l’origine primaire ou le site primaire.

L’état de la cornée est également important, car l’exophtalmie peut résulter d’une kératite d’exposition. Il est en outre nécessaire d’évaluer la pression intra-oculaire. L’état du nerf optique est aussi à évaluer, car il est susceptible d’être lésé par des lésions rétrobulbaires.

L’imagerie médicale permet de préciser le diagnostic

Les maladies de l’orbite constituent un challenge diagnostic. En effet, un examen direct ne permet pas d’observer les structures et les tissus concernés. Une culture et un examen histopathologique de ces derniers sont indiqués, parallèlement à l’utilisation de techniques d’imagerie.

L’échographie permet de visualiser l’œil et l’orbite. Elle est utile quand les structures antérieures de l’œil sont opaques. Cet examen permet de différencier une masse solide d’une masse cystique ou de lésions remplies d’air et de les localiser dans l’œil. Des ponctions ou des biopsies sont envisageables sous échographie, l’aiguille étant ainsi visualisée.

Pour sa part, la radiographie se révèle utile en cas de fractures, de déformations ou de destructions osseuses lors de processus néoplasique comme un carcinome à cellules squameuses. De petites lésions osseuses peuvent être omises en raison de la superposition de structures osseuses.

En troisième lieu, l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et le scanner peuvent apporter des informations intéressantes, mais nécessitent une anesthésie générale. Le recours à ces techniques se révèle utile lorsqu’une intervention chirurgicale est indiquée, car elles permettent de planifier l’approche et la procédure.

Si l’exophtalmie est accompagnée d’un écoulement nasal, d’une épistaxis ou d’un stridor, ou si l’origine de la lésion est connue et se révèle être les cavités nasales ou les sinus, l’endoscopie de ces cavités ou la trépanation et l’endoscopie des sinus sont indiquées.

Les traumatismes au niveau de l’œil représentent une urgence

Un traumatisme peut causer une exophtalmie immédiate et résulte d’un dommage significatif des structures orbitaire et périorbitaire. Après des lésions traumatiques, des fractures extensives des os orbitaux se produisent fréquemment, surtout au niveau de l’arcade dorsale. Si une fracture engendre des fragments osseux qui menacent le globe ou entrapent un muscle extra-oculaire et limite la mobilité du globe ou provoque son déplacement mineur, cela nécessite une réparation rapide, car une union fibreuse se consolide dans les jours qui suivent. Un traumatisme orbital provoque rarement une avulsion des attaches musculaires extra-oculaires chez le cheval, ce qui contraste avec l’espèce canine.

Un traumatisme qui engendre une exophtalmie lente et progressive signe souvent un épanchement progressif des tissus mous rétrobulbaires et périorbitaux, ou une hémorragie rétrobulbaire. Des corps étrangers qui pénètrent les cavités orale ou pharyngée ou encore la conjonctive peuvent aussi inoculer l’espace rétrobulbaire avec des agents infectieux, aboutissant à la formation d’un abcès ou à une inflammation.

Les états inflammatoires de l’orbite peuvent avoir de multiples causes

L’inflammation peut être ou non septique. La pénétration d’un matériel étranger, un traumatisme ou une embolie septique peuvent être impliqués dans ce développement. Une hémorragie enfermée dans l’espace rétrobulbaire consécutive à un traumatisme peut devenir septique et engendrer une cellulite orbitale ou une abcédation. Une endophtalmite septique, résultat de l’introduction d’un agent infectieux dans le globe, peut occasionner une cellulite orbitale.

L’extension d’une sinusite à partir des sinus frontaux et maxillaires est l’une des causes les plus fréquentes de maladie inflammatoire orbitale. Une affection qui s’étend depuis la cavité nasale peut aussi compromettre l’intégrité de l’orbite, particulièrement lorsqu’elle a un caractère chronique. Des troubles dentaires sont également susceptibles d’affecter l’orbite quand une extension dans les sinus a lieu. Les maladies des poches gutturales affectent rarement l’orbite. Lorsqu’elles le font, il s’agit davantage d’une atteinte secondaire au dommage de l’artère carotide interne ou des ganglions cervicaux craniaux que de l’extension directe de l’infection.

Par ailleurs, des kystes parasitaires ont été décrits chez le cheval lors de lésions occupant l’espace de l’orbite.

Le carcinome à cellules squameuses est la néoplasie la plus courante

Plusieurs néoplasies ont été identifiées au niveau de l’orbite chez le cheval. La plus commune est le carcinome à cellules squameuses. Il s’agit d’une tumeur locale agressive qui requiert une large résection, souvent associée à une énucléation. Le lymphome est le deuxième type de tumeur le plus courant. Il débute souvent comme une infiltration diffuse au niveau des paupières et un écoulement conjonctival, puis progresse en exophtalmie. Il peut être bilatéral et aboutir à une masse orbitale solitaire.

Les tumeurs sont souvent à un stade avancé lorsqu’elles présentent une exophtalmie.

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