Les infections respiratoires sont toujours graves chez le cobaye, le chinchilla et l’octodon - La Semaine Vétérinaire n° 1296 du 04/01/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1296 du 04/01/2008

Consultation des caviomorphes (troubles respiratoires et digestifs)

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Valentine Chamard

Les trois espèces présentent également une sensibilité du tube digestif.

Les infections respiratoires chez les caviomorphes sont souvent liées à un changement brutal de température et au développement de Pasteurella sp., Chlamydophila caviae, Streptococcus pneumoniae, Bordetella bronchiseptica, Pseudomonas sp. Le portage sain de ces bactéries est par ailleurs fréquent. Ces infections se manifestent par une respiration “encombrée”, qui ne peut être facilitée par une respiration buccale, impossible chez ces espèces. Les animaux sont abattus et anorexiques. Le jetage est peu fréquent. Il signe, quand il apparaît, une infection sinusale évoluée. Une conjonctivite est fréquemment associée. Les infections respiratoires évoluent souvent vers une atteinte de l’appareil respiratoire profond (pneumonie), une colonisation de la bulle tympanique (syndrome vestibulaire), voire la mort, en particulier pour l’octodon. Le traitement antibiotique est long (un mois au minimum). Les inhalations sont utiles (Goménol®, Mucomyst©(1)), ainsi que le nursing (chaleur, gavage). Le traitement chirurgical par rhinotomie et la mise en place d’une sonde permettant un flushing régulier pendant quelques jours est une piste intéressante(2) que notre confrère Jean-François Quinton a testée avec succès.

Le tube digestif, particulièrement long, favorise la stase digestive

Le tube digestif des caviomorphes est fragile. Sa longueur (2,5 m chez le cobaye) les prédispose à la coprostase. Elle se manifeste chez le cobaye par un syndrome algique et une prostration. Elle est souvent liée à une maladie intercurrente (stress, malocclusion, douleur, hernie discale). Le gavage (Owbow Critical Care®), l’utilisation de prokinétiques (métoclopramide) et l’exercice aident la reprise du transit. Le traitement chirurgical peut être nécessaire dans les formes chroniques, qui touchent surtout le chinchilla. Si elles ne sont pas traitées, la mort est rapide.

La diarrhée est également fréquente chez ces animaux. Elle ne doit pas être confondue chez le cobaye mâle avec la présence d’un sac périanal, dont le traitement est chirurgical. La diarrhée est d’origine alimentaire (manque de fibres ou apport brutal de verdure fraîche), médicamenteuse (entérotoxémie due aux antibiotiques), infectieuse (maladie de Tyzzer due à Clostridium piliformis, yersiniose à forme digestive chez le chinchilla due à Yersinia pseudotuberculosis, salmonellose due à S. Typhimurium et S. Enteritidis, listériose due à Listeria monocytogenes) ou parasitaire (Eimeria caviae, Cryptosporidium wrairi, Giardia sp. chez le chinchilla). Le pronostic vital est engagé. La yersiniose est par ailleurs une zoonose. L’animal est hospitalisé et gavé, réhydraté et réchauffé. Le traitement médicamenteux varie selon l’origine suspectée : tétracyclines (maladie de Tyzzer), antiparasitaires (le fenbendazole est à préférer au métronidazole, qui a une toxicité hépatique chez le chinchilla, à la dose de 25 à 30 mg/kg/j, per os, pendant cinq jours). Il n’y a parfois pas de traitement spécifique, comme lors de cryptosporidiose, qui peut guérir spontanément en quelques semaines si le système immunitaire de l’animal est compétent.

La malocclusion dentaire touche surtout le cobaye et le chinchilla

La denture du cobaye le prédispose à une pousse anormale des dents. Lors d’usure insuffisante, ses dents supérieures poussent vers la joue et les dents inférieures vers la langue. Cette particularité peut entraîner la formation d’ulcères ou d’un pont au-dessus de la langue, qui engendre une salivation et une anorexie, alors que l’animal cherche à manger. La malocclusion dentaire est la conséquence d’une alimentation inadaptée (carence en fibres et vitamine C) ou d’une maladie intercurrente (douleur de l’articulation temporo-mandibulaire, maladie parodontale, abcès dentaire, micro-abcès au fond de la gorge, pharyngite ulcérative, otite moyenne). Une malocclusion chez le cobaye évolue vers une luxation de la mandibule. L’intervention doit être rapide. Le parage des molaires est indispensable en plus de la coupe des incisives (attention au parage des dernières molaires, car une hémorragie est possible). Lors de luxation de la mandibule, l’hospitalisation est indispensable et permet de gaver l’animal. Un pansement de soutien peut être posé. La cause de la malocclusion doit, bien entendu, être également traitée.

La malocclusion chez le chinchilla est plutôt d’origine génétique et moins liée à des maladies intercurrentes que chez le cobaye. La déformation des racines dentaires est d’emblée importante dans cette espèce, ce qui entraîne une douleur et aggrave la mauvaise usure des dents à la suite de la dysphagie. Les parages doivent être réguliers. La gencive du chinchilla continue de recouvrir la dent atteinte, il faut donc bien la soulever pour dégager la pointe dentaire qui peut être lésée malgré une gencive saine. Les extractions dentaires sont souvent nécessaires.

  • (1) Spécialités à autorisation de mise sur le marché humaine.

  • (2) Voir l’article « Dentisterie chez un chien de prairie. Une obstruction nasale est traitée par rhinotomie », La Semaine Vétérinaire n° 1238 du 23/11/2006 en page 53.

CONFÉRENCIER

Jean-François Quinton, chargé d’enseignement et de consultation des nouveaux animaux de compagnie à l’ENVA, praticien à Paris.

Article tiré de la conférence « Consultation des caviomorphes », présentée le 27 septembre 2007 à Montrouge (Hauts-de-Seine), organisée par l’Afvac.

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