La médecine et la chirurgie équines se penchent sur la pathologie du pied du cheval

La dixième édition du congrès de médecine et de chirurgie équines, organisée par nos confrères Pierre Chuit et Stéphane Montavon, s’est déroulée du 11 au 13 décembre dernier au centre international de conférences de Genève (Suisse).

Des conférenciers de renom et de plusieurs nationalités ont fait part de leur expérience autour du thème du pied, au cours de conférences plénières et lors de la session “truc et astuces pour la pratique” qui rythme traditionnellement la première soirée. Plus de cinq cent trente participants étaient réunis à l’occasion de cette manifestation, qui a lieu tous les deux ans. Cette fréquentation confirme son succès et sa dimension internationale.

Bien entendu, une large participation suisse était notée, mais les Français étaient également bien représentés (près de cent dix). Une traduction des conférences en trois langues et des intervenants aux profils différents, universitaires ou cliniciens, ont permis d’enrichir l’approche de la pathologie du pied.

Le thème choisi cette année était fédérateur. Il recouvre en effet des situations auxquelles chacun est confronté et permet d’aborder les nouveautés en termes de recherche, d’imagerie ou d’outils diagnostiques. L’examen clinique et l’association des images anormales à une interprétation globale restent essentiels.

Toutes les structures du sabot conditionnent la locomotion

Notre confrère Pierre Chuit (Founex, Suisse), a donné le coup d’envoi du congrès avec une conférence originale sur l’actualité de « l’assertion de Lafosse, maréchal-ferrant né en 1738, selon laquelle “pour un cheval qui boite de l’épaule ou de la hanche, il y en a cent qui boitent du pied” ». En effet, les chiffres des anciens restent actuels si les affections ostéo-articulaires, tendineuses et ligamentaires des structures situées dans la boîte cornée sont incluses dans le calcul. « Les pododermites, qu’elles soient aseptiques ou infectieuses, aiguës, traumatiques ou chroniques se rencontrent en moyenne au moins une fois par jour », a affirmé Pierre Chuit. Pas de pied, pas de cheval… et toutes les structures du sabot conditionnent la locomotion.

Abordant les affections du corium, notre confrère Francis Desbrosse (Yvelines) en a rappelé les fonctions multiples : « Le corium, c’est du derme, c’est un chef d’orchestre qui dirige les phénomènes d’adaptation de la locomotion. » Le corium parietis est l’organe de cohésion entre la paroi et la troisième phalange. Au tiers distal, il présente des papilles et va sécréter la corne qui peut devenir poreuse et être envahie par des bactéries Gram positif et négatif, d’où la difficulté de traiter les maladies de la ligne blanche. Le corium cunei, qui sécrète la fourchette, est une prolongation de la peau, « c’est pour cela que des affections comme l’eczéma sont observées », a expliqué Francis Desbrosse.

En outre, au niveau du pied, les mécanismes de la douleur dépendent de la répartition des charges. Ainsi, tout l’art de la maréchalerie sera de les répartir. En parallèle, les techniques d’examen évoluent (abord clinique du podophylle, veinogramme). « L’utilisation du scanner sur le podophylle permet d’obtenir une image par soustraction et offre une bonne idée des tissus entre la paroi et la face pariétale de la troisième phalange », a précisé Francis Desbrosse.

D’autres conférences ont abordé les troubles qui semblent bien connus, mais dont les approches ou la compréhension s’affinent. Ainsi, Bodo Hertsch (université de Berlin, Allemagne) a traité du syndrome naviculaire et des changements intervenus depuis 1987 ; les nouveaux traitements de la fourbure ont été détaillés, etc.

Les techniques modernes d’imagerie de l’appareil locomoteur vont très loin

L’utilisation combinée de la radiographie et de l’échographie est précieuse pour le praticien équin. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) peut aussi permettre d’identifier des remaniements osseux qui ne seraient pas visibles à la radiographie. En outre, l’informatique a considérablement modernisé les techniques d’imagerie (radiographie numérique, amélioration de la qualité des images, etc.). Quant à la scintigraphie, elle apporte une information sur la composante inflammatoire des lésions. Ces techniques modernes d’imagerie de l’appareil locomoteur vont très loin, comme l’a rappelé Fabrice Audigié (Cirale).Il est toutefois nécessaire de connaître leurs indications, mais aussi leurs limites.

Lors d’affection du pied, la ferrure, adaptée selon la discipline équestre pratiquée, peut jouer un rôle préventif, mais aussi thérapeutique. Les ânes et leurs problèmes de sabot n’ont pas été oubliés et ont fait l’objet d’une conférence de Michael Crane (Spana, Marrakech).

Finalement,commelorsdelaprécédente édition, le centre international de conférences de Genève a offert un cadre agréable et fonctionnel aux participants comme aux laboratoires, directement au contact des congressistes à la sortie de l’amphithéâtre. Rendez-vous est pris dans deux ans.