Cobaye, octodon et chinchilla sont physiologiquement proches - La Semaine Vétérinaire n° 1295 du 21/12/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1295 du 21/12/2007

Consultation des caviomorphes

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Valentine Chamard

Les commémoratifs doivent prendre en compte les paramètres d’élevage, en particulier le logement et la nourriture.

La famille des caviomorphes regroupe trois espèces principales : le cobaye, le chinchilla et l’octodon. Le regroupement de ces trois rongeurs est récent et correspond à une physiologie, à des besoins et à des dominantes pathologiques proches. Parmi eux, le chinchilla a la plus longue espérance de vie, jusqu’à dix-sept ans. Leurs incisives et molaires sont à croissance continue. Ils sont cæcotrophes et leur transit digestif est lent (trente heures en moyenne, mais une semaine est possible). Leur long tube digestif les sensibilise aux problèmes de coprostase (2,5 m chez le cobaye). En outre, leur durée de gestation est longue et les petits sont nidifuges.

Les paramètres d’élevage (voir tableau 1), en particulier le logement et la nourriture, sont essentiels à connaître lors de l’établissement des commémoratifs. Des troubles digestifs chroniques doivent conduire le praticien à suspecter un logement inadapté. Un échantillon de l’alimentation est aussi utile.

Ces animaux ne nécessitent pas de vaccins. En revanche, la castration est souvent conseillée chez le mâle. L’ovariectomie du cobaye est une intervention chirurgicale qui peut être stressante pour l’animal. En ce qui concerne la contention, le chinchilla ne doit pas être pris par la peau du cou et sa queue doit être coincée (tout stress entraîne une chute massive de poils), le cobaye ne doit pas rester longtemps sur le dos et l’octodon ne doit jamais être pris par la queue.

Les caviomorphes sont sujets aux troubles dermatologiques et métaboliques

Ces trois caviomorphes peuvent être parasités par les puces du chien et du chat. Pour les en débarrasser, le praticien peut avoir recours à l’application d’Advantage®, de Stronghold® ou d’Advocate®. La phtiriose (Gliricola porcelli et Gyropus ovalis) et la gale (Trixacarus caviae) touchent particulièrement le cobaye. Les cheyletielles infestent plus fréquemment le chinchilla. Elles peuvent être éliminées grâce à l’application d’Advantage®, de même que les poux. Plusieurs molécules sont utilisables pour soigner une gale (voir tableau 4). La dermatophytose (à Trichophyton mentagrophytes particulièrement, donc négative à la lampe de Wood) touche surtout le cobaye et le chinchilla ; elle est fréquente chez le jeune. Les animaux sont souvent porteurs sains. Elle ne doit pas être confondue avec la zone d’alopécie bilatérale derrière les oreilles, normale chez le cobaye.

Le chinchilla est sujet au mâchonnement de la fourrure, dont l’origine est mal connue. Des troubles comportementaux (ennui, stress, hiérarchie) et nutritionnels (manque de fibres, surcharge graisseuse hépatique, carence en acides gras essentiels) sont suspectés.

L’hyperséborrhée correspond chez le cobaye mâle à un caractère sexuel secondaire

Le cobaye présente fréquemment des kystes sébacés, qui peuvent ressembler au départ à des comédons. Leur vidange ne suffit pas, seule une exérèse de la coque évite la récidive. Cette espèce peut aussi souffrir de lymphadénite cervicale, due à Streptococcus zooepidemicus. Elle se traduit par un gonflement rétropharyngien douloureux. Une ponction de la zone permet de recueillir du pus. La chirurgie est nécessaire, mais délicate, en raison de la douleur engendrée et de la position en décubitus dorsal. Cette lymphadénite peut être secondaire à une maladie dentaire ou parfois à une infection à Yersinia. Le cobaye est également sujet aux pododermatites. Elles sont la conséquence de la vie en captivité (obésité, peau non tannée, macération des déjections). L’avitaminose C et l’infection par Staphylococcus aureus sont deux autres origines observées. Elles sont souvent compliquées d’ulcérations et d’ostéomyélites. Le parage chirurgical, réalisé le plus tôt possible, est à compléter d’une antibiothérapie et d’une supplémentation en vitamine C. L’hyperséborrhée, localisée au-dessus de la base de la queue, correspond chez le cobaye mâle à un caractère sexuel secondaire. Elle est liée aux périodes d’activité sexuelle et ne présente aucune gravité. Un traitement hygiénique suffit (tonte, antisepsie avec de la chlorhexidine, shampooing antiséborrhéique). Une castration peut être pratiquée.

Une carence en vitamine B1 peut apparaître chez le chinchilla

La vitamine C est indispensable à la synthèse de collagène. Sa carence chez le cobaye se manifeste différemment selon l’âge de l’animal. Chez le jeune, elle entraîne une douleur articulaire (en particulier de la mâchoire et de l’arrière-train) et un déchaussement des dents. Chez l’adulte, elle engendre une malocclusion dentaire, des pododermatites. Sa manifestation peut être fruste (léthargie, anorexie). Cette carence est traitée par une supplémentation en vitamine C (50 à 100 mg/kg/j, per os, pendant dix jours, puis 20 mg/kg/j) et des antalgiques (AINS). Un gavage est parfois nécessaire.

Le chinchilla peut souffrir, quant à lui de carences en vitamine B1, nécessaire au métabolisme des glucides et à la synthèse des protéines. Cette carence occasionne des dommages réversibles des nerfs moteurs périphériques : l’animal tremble, convulse. Son corps se met en cercle. Les symptômes rétrocèdent avec l’administration de vitamine B1 à la dose de 1 mg/kg et une correction de la ration (petites quantités de végétaux frais, graines germées, foin de bonne qualité).

De son côté, l’octodon est prédisposé aux troubles de la glycémie (valeurs normales : 0,6 à 1,25 g/l). Un diabète apparaît fréquemment entre deux et trois ans et se manifeste par une polyuro-polydipsie, voire une cataracte. L’hypoglycémie fait partie du diagnostic différentiel des troubles nerveux.

CONFÉRENCIER

Jean-François Quinton, chargé d’enseignement et de consultation des nouveaux animaux de compagnie à l’ENVA, praticien à Paris.

Article tiré de la conférence « Consultation des caviomorphes », présentée le 27 septembre 2007 à Montrouge (Hauts-de-Seine), organisée par l’Afvac.

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