Une toxine serait à l’origine de l’entéropathie épizootique du lapin - La Semaine Vétérinaire n° 1294 du 14/12/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1294 du 14/12/2007

Pathologie cunicole. Etiologie de l’EEL

Actualité

Auteur(s) : Samuel Boucher

Dominique Licois a fait part de sa découverte lors des dernières Journées de la recherche cunicole.

Non, l’entéropathie épizootique du lapin (EEL) n’est pas due à un virus, mais à une toxine. » Après presque douze ans de travaux, Dominique Licois, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Nouzilly, a révélé le “scoop” lors des 12e Journées de la recherche cunicole (JRC), organisées les 27 et 28 novembre derniers au Mans (Sarthe).

Dès les premiers temps de son apparition (1996), l’allure épizootique de la maladie a orienté les chercheurs vers une cause virale. Des analyses histologiques semblaient corroborer cette supposition. Mais la découverte de la mycoplasmose du lapin (jusque-là inconnue), à l’origine d’une pneumopathie interstitielle, élément clé dans les hypothèses virales, a fragilisé cette piste. Les scientifiques, forts de l’expérience des pathologistes de terrain qui parviennent à maîtriser l’affection à l’aide de substances antibiotiques (tiamuline, bacitracine, spiramycine entre autres), se sont alors orientés vers l’hypothèse bactérienne.

Les résultats des recherches ont montré qu’un ou plusieurs Clostridium pourraient être à l’origine de l’EEL. Diverses équipes européennes publiques et privées se sont engagées dans cette voie. Durant les dernières années, l’intervention de clostridies (seules ou associées à un virus) dans l’étiologie de l’EEL ont ainsi fait consensus. Mais la surprise n’est pas venue de la découverte d’un Clostridium comme agent étiologique de l’EEL. Dominique Licois est formel : ses expériences prouvent qu’une toxine est en cause. Peut-être est-elle produite par un Clostridium, mais il s’agit encore de l’une des hypothèses à lever.

Il reste à trouver l’agent à l’origine de la production de la toxine

L’équipe tourangelle de Dominique Licois a pu objectiver la piste toxinique grâce à l’étude in vivo de la fraction surnageante de l’inoculum TEC4 (inoculum complexe mis au point voici quelques années pour la reproduction expérimentale de la maladie). Les scientifiques ont d’abord cherché à éliminer les bactéries en centrifugeant l’inoculum TEC4 deux fois pendant une heure à 8 000 g, puis à supprimer les virus en centrifugeant durant une heure trente à 40 000 g. Il est nécessaire de chauffer les inoculums à 80°C pour les inactiver. A 65 °C, ils sont encore partiellement actifs s’ils sont administrés per os, précise Dominique Licois. Après l’inoculation de la fraction surnageante du TEC4 ainsi centrifugé à des lapins EOPS(1) de trente-sept jours, par voie intraveineuse ou intrapéritonéale, une réduction significative de leur croissance est notée dès le premier jour postinoculation. Toutefois, ils ne meurent pas, alors que les lapins témoins qui ont reçu le TEC4 complet expriment pleinement l’EEL. Selon le chercheur, « même si des virus persistent dans le surnageant 8 000 g, ils ne sont pas les agents responsables de la phase aiguë de l’EEL, ce que confirment les expériences menées avec le surnageant 40 000 g qui ne contient aucun virus et induit une baisse de croissance similaire à celle observée après l’inoculation de la fraction 8 000 g ». Par ailleurs, « dans la fraction correspondant au surnageant de TEC 4, il existe bien une substance qui induit une forte perturbation physiopathologique précoce qui ne se retrouve pas dans le caecum de lapins sains EOPS ». En outre, la chaleur (dix minutes à 80°C au moins) semble inactiver l’inoculum, ce qui conforte l’hypothèse de l’intervention d’une toxine dans la phase aiguë de la maladie.

Les lapins auxquels la fraction surnageante a été inoculée récupèrent bien à la suite de la manipulation, ce qui laisse supposer que la détoxification par l’animal est possible.

Cette annonce importante a ouvert de nouvelles voies aux chercheurs européens qui travaillent sur l’espèce cunicole. Il reste à trouver quel agent est à l’origine de la production de la toxine et la façon dont elle s’exprime. Les travaux de microscopie électronique et optique réalisés sur les lésions dégénératives des ganglions nerveux du plexus cœliaque et mésentérique de lapins atteints d’EEL, réalisés par des équipes privées, pourraient retrouver un intérêt certain après avoir été écartés durant un temps. Rendez-vous est pris en juin prochain, à l’occasion des journées de la recherche de la World Rabbit Science Association (WRSA) à Vérone (Italie), où Dominique Licois a promis la publication de la suite de ses recherches sur les toxines.

  • (1) Exempts d’organismes pathogènes spécifiés.

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