Le dysfonctionnement de la pars intermedia de l’hypophyse est à l’origine d’une myopathie - La Semaine Vétérinaire n° 1294 du 14/12/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1294 du 14/12/2007

Endocrinologie

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins

La fonte musculaire généralisée est un signe clinique fréquent chez les chevaux atteints.

Chez les chevaux et les poneys âgés, le dysfonctionnement endocrinien, appelé dysfonctionnement de la pars intermedia de l’hypophyse, est aussi connu sous le nom de maladie de Cushing. Cette affection résulte de la perte d’inhibition dopaminergique de la pars intermedia hypophysaire par les neurones hypothalamiques. Les cellules mélanotropes de l’hypophyse sécrètent alors des peptides dérivés des proopiomélanocortines (ACTH, α-MSH et β-endorphines) et une hyperplasie hypophysaire se développe.

Les signes cliniques typiques sont de l’hirsutisme, de l’hyperhydrose, une polyuro-polydypsie et une fonte musculaire. Souvent, les chevaux atteints présentent aussi une fourbure chronique et des infections intercurrentes. 35 à 88 % de ces chevaux souffrent en outre d’une fonte musculaire généralisée et d’une perte de poids. Ils peuvent aussi présenter une démarche raide et de la faiblesse.

L’origine de la fonte musculaire est inconnue. Le processus de vieillissement peut être responsable d’une diminution des masses musculaires, d’une réduction de la force et d’une altération de la mobilité, chez le cheval comme chez l’homme. Toutefois, cette maladie est décrite chez de jeunes chevaux âgés de sept ans. Des myopathies chroniques, caractérisées par une fonte musculaire et de la faiblesse, sont décrites chez l’homme, chez le chien et rarement chez le chat, en raison d’un excès de glucocorticoïdes endogènes (maladie de Cushing) ou exogènes (myopathie stéroïdienne). Des cas de myopathie aiguë sont décrits chez l’homme à la suite de l’administration thérapeutique de doses élevées de corticostéroïdes. En outre, il est possible d’induire expérimentalement chez le rat et le chien une myopathie aiguë par l’administration de doses élevées de corticostéroïdes. Chez l’homme et le chien atteints de maladie de Cushing ou de myopathie induite par l’administration de stéroïdes, le tracé électromyographique est normal, sauf dans quelques cas rares chez lesquels des décharges myotoniques sont observées. En revanche, chez certains chiens à hyperadrénocortiscisme atteints de neuropathie, des anomalies électromyographiques sont décrites.

Une étude vise à caractériser les lésions musculaires chez les chevaux atteints

Monica Aleman et Diane Shelton ont sélectionné un groupe de quinze chevaux atteints de dysfonctionnement de la pars intermedia de l’hypophyse sur la base des signes cliniques, d’un test de suppression à la dexaméthasone et d’une concentration sanguine endogène d’ACTH(1). Elles les comparent à un groupe témoin qui a subi les mêmes tests diagnostiques. En raison de la variabilité saisonnière de la réponse aux tests, ceux-ci sont effectués en hiver et au printemps. Les groupes de chevaux sont appariés selon leur âge et leur race.

Des dosages plasmatiques de l’activité des enzymes musculaires, des électromyographies, une analyse musculaire histochimique et une étude morphométrique et ultrastructurale sont entrepris sur des biopsies de muscles glutéaux. D’un point de vue clinique, les chevaux malades présentent bien une diminution de l’indice d’état corporel, une amyotrophie généralisée, de la faiblesse et une diminution d’activité physique. L’activité des enzymes musculaires est normale, quel que soit le groupe. Aucune anomalie des tracés électromyographiques n’est rapportée et il n’existe pas de différence significative entre les tracés des groupes musculaires cervicaux, épiaxiaux et des membres pour les deux groupes de chevaux.

Grâce à l’examen morphométrique et ultra-structural, l’équipe démontre une atrophie des fibres musculaires de types 2A et 2B, ainsi que la perte des myofibrilles 2B chez les chevaux atteints. De plus, des lésions musculaires légères sont mises en évidence, de même que des altérations de la taille des myofibrilles. Une accumulation de lipides dans le périmysium, l’endomysium et le sarcoplasme des fibres musculaires est observée avec, pour les cas sévères, le remplacement des myofibrilles par de la graisse.

Des études rapportent une distribution anormale des lipides et des graisses chez 9 à 67 % des chevaux atteints, caractérisée par un dépôt de graisse supra-orbital, au niveau du chignon, du fourreau ou de la mamelle. Cette accumulation excessive de lipides affecterait donc aussi le niveau cellulaire. Des anomalies mitochondriales sont observées, comme dans les cas d’hyperadrénocortiscisme canin.

Le traitement par le pergolide modifie la composition des fibres musculaires

Trois chevaux de l’étude sont traités pendant trois mois consécutifs par du mésilate de pergolide (1 mg pour un cheval de 500 kg per os une fois par jour). A l’issue du traitement, une amélioration de la condition physique et de l’activité est notée. De plus, la composition des fibres musculaires (sur une biopsie de muscles glutéaux) est significativement différente avant et après le traitement. La proportion de fibres de type 1 a diminué et la population de fibres de types 2A et 2B a augmenté.

Les corticostéroïdes stimulent la protéolyse, diminuent la glycolyse et induisent un état d’insulino-résistance. La vulnérabilité sélective des fibres musculaires de type 2 pourrait s’expliquer par leur dépendance vis-à-vis de la glycolyse, puisqu’elles sont glycolytiques. Toutefois, la concentration plasmatique en cortisol chez les chevaux atteints est variable (de diminuée à normale ou augmentée), si bien que la détermination du mécanisme exact des effets stéroïdiens sur les fibres musculaires demande encore des éclaircissements. Ainsi, les chevaux atteints de dysfonctionnement de la pars intermedia de l’hypophyse développent une myopathie, qui contribue à la fonte musculaire apparente et engendre de la faiblesse et une diminution de l’activité physique. Cette fonte est à relier à une atrophie des fibres musculaires de types 2A et 2B et à une perte des myofibrilles 2B.

Ces observations sont aussi faites chez d’autres espèces lors de maladie de Cushing.

  • (1) M. Aleman, D.Shelton : « Myopathy associated with pituitary pars intermedia dysfunction », proceedings of the American College of Veterinary Internal Medicine forum, 2007, Seattle (Etats-Unis).

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