Les fortes chaleurs ont un effet direct sur la fonction ovarienne et les chutes de ponte

Les fortes températures sont une préoccupation constante dans les élevages modernes de volailles. Elles peuvent entraîner des mortalités brutales par coup de chaleur. Ce phénomène se rencontre surtout chez le poulet de chair en fin de période d’élevage, en raison de la densité parfois élevée dans cette production.

Chez la poule pondeuse, les fortes chaleurs se traduisent essentiellement par des chutes de ponte, mais les mécanismes qui les induisent ne sont pas totalement élucidés. Elles peuvent d’abord s’expliquer par une réduction de l’ingéré alimentaire. Le nombre d’œufs produits dépendant directement de la prise alimentaire, toute baisse de celle-ci entraîne une diminution de la production d’œufs. Mais plusieurs auteurs rapportent des chutes de ponte non associées à un abaissement de la consommation d’aliment, ce qui suggère l’implication d’autres mécanismes. Par exemple, l’effet du stress (dû à la chaleur) sur le taux circulant de prolactine et sur celui des gonadotrophines (LH, FSH) est démontré chez plusieurs espèces (rat, vache, poule, dinde, etc.). Une conséquence directe du stress thermique sur les fonctions de l’ovaire est par ailleurs prouvée chez les mammifères.

Une méthode d’étude des mécanismes de chute de ponte est mise en place

Trente-six poules leghorn blanches sont élevées en cages individuelles et soumises à deux niveaux de température pour évaluer l’effet direct du stress dû à la chaleur sur les fonctions ovariennes. A trente et une semaines d’âge, un groupe est exposé quotidiennement à une température de 42 °C (+/- 3 °C) pendant douze heures. Dans le second groupe, témoin, elle est maintenue entre 24 et 26 °C. L’essai d’exposition à la chaleur dure quinze jours. La température corporelle, la consommation d’aliment, la production d’œufs et le poids des œufs sont relevés quotidiennement. Des prélèvements sanguins sont effectués tous les trois jours pour évaluer les taux de LH, FSH, progestérone, 17 β-œstradiol et testostérone.

Six jours après l’exposition à la chaleur, la moitié des poules de chaque groupe est sacrifiée, l’ovaire et l’oviducte sont pesés et les follicules préovulatoires sont recueillis. Les mêmes prélèvements sont effectués neuf jours plus tard pour le reste des animaux. A partir des follicules préovulatoires, l’ARN messager (ARNm) codant pour les enzymes stéroïdogènes (cytochrome P450 17 hydroxylase et cytochrome P450 aromatase) est extrait.

L’effet de l’exposition à la chaleur s’aggrave avec la durée de l’exposition

Aucune différence significative n’est notée entre les taux plasmatiques de LH et de FSH dans les deux groupes.

Du début à la fin de l’étude, l’exposition à la chaleur entraîne, de façon significative, une élévation de la température corporelle, une réduction de la production d’œufs, une baisse du poids des œufs et de celui de l’ovaire, ainsi qu’une diminution du nombre de follicules préovulatoires. Par ailleurs, un abaissement significatif des taux sanguin de progestérone et de testostérone est noté deux jours après le début de l’exposition à la chaleur. Quant au taux plasmatique de 17 β-œstradiol, il est significativement réduit par la chaleur quatorze jours après.

Au sixième jour d’exposition à la chaleur, une réduction significative de l’ARNm codant pour le cytochrome P450 17 β-œstradiol est notée. A la fin de l’étude, cette baisse concerne l’ARNm codant pour les deux enzymes stéroïdogènes. Les taux plasmatiques de LH et de FSH étant similaires dans les deux groupes, les auteurs concluent à un effet direct de la chaleur sur les fonctions ovariennes. En outre, cet effet s’aggrave avec la durée d’exposition, les détériorations de la fonction ovarienne étant plus importantes en fin d’étude.

• Source : I. Rozenboim, E. Tako, O. Gal-Garber, J.A. Proudman et Z. Uni : « The effect of heat stress on ovarian function of laying hens », Poultry Science, 2007, n° 86, pp. 1760-1765.