La nouvelle équation de prédiction de l’ingestion améliore les prévisions en début de lactation - La Semaine Vétérinaire n° 1293 du 07/12/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1293 du 07/12/2007

Vaches laitières

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

La notion de lait potentiel, la prise en compte de l’effet de la note d’état corporel sur les quantités ingérées sont les deux modifications majeures introduites dans le modèle.

Dix-neuf ans après leur deuxième édition, les fameuses Tables rouges, publiées par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) en 1988, font l’objet d’une mise à jour. Celle-ci réactualise l’évaluation des besoins des bovins, des ovins et des caprins et les valeurs des fourrages. Une nouvelle équation de la capacité d’ingestion des vaches laitières y est proposée. Elle a subi deux évolutions majeures : l’introduction de la notion de lait potentiel et la prise en compte de l’effet de la note d’état corporel sur les quantités ingérées.

« Le nouveau modèle de prédiction de l’ingestion des vaches laitières permet d’améliorer les prévisions en début de lactation grâce à la prise en compte des interrelations entre l’ingestion et les réserves corporelles », a indiqué Philippe Faverdin, chercheur à l’unité mixte de recherche Inra-Agrocampus de Rennes “production du lait” à Saint-Gilles (Ille-et-Vilaine), lors de l’édition 2007 de la Journée bovine nantaise. D’autre part, l’équation intègre la dynamique d’évolution de la capacité d’ingestion au cours de la vie de la vache. Dans un premier temps, le chercheur a présenté le lien physiologique qui existe entre la régulation de la masse pondérale et celle de l’appétit (voir encadré en page 48). Puis il a illustré ce lien et la particularité des deux premiers mois de lactation via l’impact sur l’ingestion de trois facteurs zootechniques : la densité énergétique de la ration, les successions restriction alimentaire/réalimentation et le cycle gestation/lactation des femelles laitières.

De la même façon que chez les monogastriques, il existe, chez les ruminants, une régulation énergétique de l’ingestion, laquelle varie selon le niveau de couverture des besoins. « Plus le bilan énergétique est positif, plus le concentré est rassasiant, indique le chercheur. Seul le départ de la lactation semble échapper à cette règle. »

L’ingestion peut être augmentée par une restriction alimentaire suivie d’une réalimentation à volonté. Lorsque l’alimentation ad libitum est rétablie, les vaches laitières récupèrent rapidement la production de lait qu’elles auraient eu sans cette restriction de ration. Elles ont généralement une capacité d’ingestion accrue par la baisse d’état corporel (voir graphique 1 en page 46).

La physiologie du début de lactation n’est pas celle d’une sous-alimentation

En début de lactation, malgré une lipomobilisation intense, l’appétit des vaches laitières ne s’accroît que progressivement. Le profil hormonal du début de la lactation pourrait expliquer ce phénomène par le biais d’une sensibilité accrue aux effets β-adrénergiques. En outre, malgré un bilan énergétique négatif, le taux de substitution fourrages-concentrés reste élevé. Pendant cette période, tout se passe comme si l’apport d’énergie provenant des réserves pendant ces phases de mobilisation était perçu comme les autres apports énergétiques de la ration. Selon le chercheur, avec les vaches laitières fortes productrices actuelles, un meilleur apport énergétique par l’amélioration de la ration profite avant tout à la mamelle, qui utilise les deux tiers ou les trois quarts de ce supplément d’énergie pour produire encore plus de lait, alors que le bilan énergétique et l’utilisation des réserves sont assez peu modifiés (voir graphique 2). En revanche, au fur et à mesure que le tissu adipeux régresse (à la fois évolution du profil hormonal et des stocks lipidiques), la motivation à consommer augmente, pour favoriser la reconstitution des réserves, comme après n’importe quelle restriction alimentaire.

Après le vêlage, la vitesse d’augmentation de la capacité d’ingestion est conditionnée par de nombreux facteurs, dont l’état d’engraissement de la vache au vêlage. Plus cette note d’engraissement est élevée, plus la capacité d’ingestion est diminuée (voir graphique 3), ce qui accroît l’intensité et la durée de la perte de poids et d’état en début de lactation. La durée du déficit énergétique en début de lactation est donc conditionnée par la quantité de réserves adipeuses au moment du vêlage. Les chercheurs ont observé que cette sensibilité à l’excès d’engraissement diminue avec l’âge des vaches, mais les mécanismes ne sont pas connus.

La variation d’ingestion au cours du cycle de vie de la vache est prise en compte

Dans la nouvelle équation de prédiction des quantités ingérées par les vaches laitières, l’introduction de la note d’état permet de mieux décrire l’effet du format de la vache sur l’ingestion. L’effet moyen est de -1,5 UEL par point de note (sur une échelle de 0 à 5). En outre, pour mieux prévoir la dynamique d’évolution de la capacité d’ingestion au cours de la vie de la vache, trois indices sont introduits : l’indice de lactation, l’indice de gestation et l’indice de maturité. Le premier traduit l’évolution, légèrement différente entre primipares et multipares, de la capacité d’ingestion au cours des premières semaines de lactation. Le deuxième traduit la diminution de capacité d’ingestion observée au cours des dernières semaines de gestation. Enfin, le dernier décrit l’évolution de la capacité d’ingestion selon l’âge de la vache. Dans cette équation, la notion de lait potentiel a remplacé la production de lait. Cette variable est calculée à partir des objectifs de production à trois cent cinq jours. « Elle permet d’anticiper l’évolution des modèles vers la réponse de la production laitière avec le levier alimentaire », explique Philippe Faverdin. Un modèle est également développé pour simuler le fait que la forte mobilisation des réserves en début de lactation dépend davantage des caractéristiques de la vache que de sa situation nutritionnelle. Il décrit les variations moyennes du bilan énergétique des vaches primipares et multipares selon leur potentiel de production. Les valeurs du déficit énergétique observées après le vêlage sont élevées dès la première semaine, atteignent un maximum en deuxième semaine (de 1 à 10 UFL par jour), puis diminuent progressivement jusqu’à s’annuler au cours du deuxième ou du troisième mois de lactation, selon le potentiel des vaches.

« Malgré une mobilisation importante des réserves en début de lactation, il est ainsi possible de prédire des phénomènes de substitution réalistes avec des stratégies de complémentation variées. Couplé à la nouvelle notion de lait potentiel, ce modèle va également autoriser une prévision assez fine en termes de production laitière. Ces nouvelles équations permettent d’envisager des simulations dynamiques de la lactation avec différentes stratégies d’alimentation », conclut Philippe Faverdin.

Théorie lipostatique

L’effet de l’état d’engraissement sur la leptinémie sert de signal de régulation de l’ingestion. Deux centres hypothalamiques sont impliqués dans la régulation de l’ingestion et de l’état d’engraissement : l’hypothalamus latéral (LH) et l’hypothalamus ventromédian (VMH). Le premier est le centre de régulation à court terme du comportement alimentaire, comme la recherche des aliments, l’initiation du repas, sa taille.

Le second serait un centre régulant le niveau des réserves adipeuses et le poids corporel. La stimulation du premier accroît la prise alimentaire, celle du second la diminue. La leptine joue un rôle de messager entre le tissu adipeux et le système nerveux central, l’informant du niveau des réserves. Une augmentation du tissu adipeux entraîne une sécrétion de leptine, laquelle est suivie d’une baisse de la prise alimentaire. Une diminution du tissu adipeux entraîne le phénomène inverse. « La théorie lipostatique utilise les réserves adipeuses comme une mémoire des erreurs de la régulation de l’équilibre énergétique », précise Philippe Faverdin.

C. B-C
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr