La pratique en synergie homme/femme est gagnante

Sur sept ans, le revenu moyen du vétérinaire stagne et, d’après la médiane des revenus, la baisse est notable en 2006. C’est ce que nous apprend le calcul des revenus de cette année-là, réalisé à partir des déclarations de l’ensemble des confrères auprès de la Caisse autonome de retraites et de prévoyance des vétérinaires (CARPV), de 2000 à 2006. En termes de catégorie d’âge, les moins de trente ans affichent une bonne progression, de même que les trente à quarante ans, alors que des baisses sont observées plus fréquemment chez les plus de quarante, commente notre confrère Yannick Poubanne. Des différences régionales sont aussi constatées. Globalement, le Nord et les zones plutôt rurales sont mieux lotis que les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Ile-de-France.

Quelle que soit la classe d’âge, le revenu des femmes est inférieur

La féminisation de la profession est un autre axe d’étude. Les chiffres présentés l’an passé semblaient montrer que les femmes ont des revenus moins élevés que ceux des hommes. Le groupe de travail Valovet a donc souhaité approfondir ce point, grâce aux sources de la CARPV et de la société DBM Econovet. « Les revenus moyens des femmes libérales sont moins importants », constate notre consœur Pascale Martin (Seine-et-Marne). En 2005, la rémunération annuelle moyenne est de 60 096 € chez les hommes et de 34 367 € chez les femmes. L’observation des revenus par classe d’âge montre que la pyramide des âges des vétérinaires est dissymétrique et reflète la féminisation de la profession, avec un nombre plus important de jeunes femmes. « L’âge moyen des femmes est de 36,4 ans, au lieu de 45,5 ans pour les hommes », constate Pascale Martin. Mais quelle que soit la classe d’âge, le revenu des femmes est inférieur.

23 % des vétérinaires hommes sont salariés, face à 56 % de femmes

L’étude a également analysé la structure d’exercice pour savoir si elle diffère selon le sexe. Côté femmes, il est globalement constaté un chiffre d’affaires et une surface de la clinique moindres, moins de personnel et d’équipements, moins de salles de consultation et une orientation limitée vers le pet-food. En outre, « que les femmes travaillent beaucoup ou pas (en nombre de jours ou d’heures), le taux horaire est toujours en faveur des hommes », montre l’analyse des revenus selon le temps travaillé. En moyenne, les femmes travaillent moins, elles font plus souvent de la canine, elles ont des cliniques plus petites, elles facturent moins. Elles représentent également 35 % des vétérinaires actifs, et 56 % d’entre elles sont salariées, au lieu de 23 % chez les hommes. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées, dont des explications d’ordre sociétal : « Chez l’homme, il existe une prédominance du revenu dans le choix professionnel et celui-ci détermine davantage le reste de sa vie. La culture ou la tendance à l’empathie de la femme peuvent aussi, peut-être, limiter la facturation des actes », suggère Pascale Martin. Des raisons pratiques peuvent aussi être avancées (grossesses, etc). « Les femmes n’ont pas le même rapport à l’argent », poursuit notre consœur Edith Beaumont-Graff (Gard). En outre, « elles privilégient la coopération, alors que les hommes préfèrent la compétition. L’image des femmes est davantage associée à la douceur, à l’empathie ».

En outre, l’observation des structures où exercent hommes et femmes montre une complémentarité. « Il existe une synergie nette dans les structures dirigées simultanément par les hommes et les femmes, explique Pascale Martin. L’avenir est de réconcilier les femmes avec la valeur argent, car c’est un instrument de leur propre liberté, une source d’épanouissement, et c’est aussi dans l’intérêt collectif de la profession. » « La femme libérale est l’avenir de l’homme retraité !, ironise en conclusion notre consœur. Nous sommes complémentaires, soyons solidaires ! »