« La filière canine doit être repensée »

La Semaine Vétérinaire : Plusieurs dizaines de milliers de chiens sont régularisés chaque année. Cela reflète-t-il le nombre d’animaux importés ?

Pierre Desnoyers : L’an dernier, près de 30 000 puces électroniques ont été posées par les vétérinaires français chez des chiens importés. Ce chiffre ne représente que la partie émergée de l’iceberg ! Mais il serait intéressant à analyser, dans le but d’identifier cette population d’animaux avec l’objectif de diminuer (au moins sur cet échantillon) les importations. Ce travail pourrait permettre de jeter les bases d’une action plus en profondeur.

S. V. : L’importation de chiens en France est donc courante ?

P. D. : Elle est en effet trop importante. Elle doit nous faire réfléchir pour que tous les acteurs (vétérinaires, Société centrale canine, clubs de races, etc.) d’une filière aujourd’hui insuffisamment organisée travaillent ensemble dans le but d’étudier dans quelles conditions il serait possible de limiter ces importations, avec comme objectif premier le respect de l’animal et de son futur maître. Car il faut bien le reconnaître, ces importations ne sont pas uniquement constituées d’animaux de “qualité”, élevés dans des conditions dignes. Avec une filière française “animaux de compagnie” bien organisée, le recours à l’importation diminuerait et, avec lui, les problèmes sanitaires et comportementaux trop souvent rencontrés dans ce circuit.

S. V. : Quelles solutions préconisez-vous pour pallier ces importations massives ?

P. D. : Je ne connais pas la solution miracle immédiatement efficace. Toutefois, en restant modeste, on peut imaginer que l’analyse des 30 000 régularisations présenterait un réel intérêt pour, en quelque sorte, objectiver ce que nous constatons déjà concernant les “types raciaux” les plus souvent importés. A partir de ces données, il serait possible d’encourager le développement de ces races en France, pour que les futurs acquéreurs se tournent vers des chiens d’origine française.

S. V. : Y a-t-il aujourd’hui une action en ce sens ?

P. D. : Des prises de contacts entre la SCC et les vétérinaires sont en cours. Une large réflexion sur l’avenir de la filière canine, avec concertation des différentes parties, est indispensable pour pouvoir parler demain de filière canine de qualité.