Le diagnostic différentiel d’un abdomen dilaté, chez l’iguane, inclut la rétention ovarienne - La Semaine Vétérinaire n° 1289 du 02/11/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1289 du 02/11/2007

Pathologie de la reproduction des reptiles

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Emmanuel Risi

Fonctions : praticien hospitalier, clinique des animaux d’espèces inhabituelles, centre hospitalier universitaire vétérinaire, ENV de Nantes.

Lors d’une laparotomie chez un iguane, la présence d’une veine abdominale volumineuse en regard de la ligne blanche nécessite la réalisation d’une incision paramédiane.

Un iguane (Iguana iguana) de sexe inconnu, âgé de six ans, est amené en consultation pour une apathie et une anorexie apparues sept jours auparavant. L’animal vit en liberté dans la maison, avec un coin chauffé par une lampe infrarouge et un néon UVB. Son alimentation est composée de salade, de tomates et de mélange de fruits. L’animal est baigné une ou deux fois par semaine. L’examen général montre une apathie : l’iguane ne se défend pas lors de sa contention. L’examen de la tête, de la cavité buccale, de la peau, des membres et de la queue ne décèle rien d’inhabituel. En revanche, l’observation et la palpation de l’abdomen révèlent des anomalies : l’abdomen est dilaté, volumineux (signe également rapporté par le propriétaire), mou à la palpation sans qu’aucune masse puisse être individualisée. L’absence de caractères sexuels secondaires évidents (fanon, pores fémoraux, écaille, taille de la tête) laisse penser qu’il s’agit d’une femelle. Le diagnostic différentiel inclut une masse abdominale (tumeur), une rétention d’œuf, une rétention ovarienne préovulatoire, une ascite associée à une maladie cardiaque et une occlusion intestinale.

La rétention ovarienne préovulatoire est traitée chirurgicalement

L’examen radiologique confirme la présence de multiples follicules ovariens, il s’agit donc d’une rétention ovarienne préovulatoire (voir photo 1). L’ovariectomie est alors le traitement de choix. L’iguane est anesthésié à l’aide d’un mélange tilétamine-zolazépam (Zoletil® à la dose de 10 mg/kg par voie intramusculaire, dans le biceps) et placé quelques minutes en couveuse pendant l’induction. L’anesthésie est maintenue par un relais gazeux après l’intubation trachéale (sonde de Cook 2,5 mm, Isoflurane 5 % puis 2 %, oxygène 1 l/min, voir photo 2). Le monitoring est assuré par une sonde Doppler placée en regard du cœur et par l’observation des réflexes lingual et palpébral. L’animal est réchauffé pendant l’intervention à l’aide d’un tapis chauffant (voir photo 3).

L’hémostase doit être particulièrement soignée

L’incision cutanée est paramédiane afin d’éviter la veine abdominale ventrale volumineuse située sous la ligne blanche chez cette espèce (voir photo 4). A l’ouverture de la cavité cœlomique, les corps adipeux abdominaux sont extériorisés et réclinés. Les multiples et volumineux follicules ovariens contenus dans les ovaires sont alors facilement visibles et extériorisés (voir photo 5). Des précautions particulières sont prises afin de ne pas léser les glandes surrénales situées dorsalement et médialement aux ovaires, ainsi que les volumineuses veines rénales gauche et droite qui donnent naissance à la vascularisation ovarienne (voir photo 6). Les multiples vaisseaux ovariens sont individualisés, clampés au travers du mésovarium et ligaturés (multiples artères et veines ovariennes de faible diamètre, voir photo 7). Quand chaque vaisseau ovarien est ligaturé (fil tressé résorbable, décimale 2), les ovaires sont retirés (voir photos 8 et 9). La paroi musculaire est ensuite suturée (surjet simple, fil tressé résorbable, décimale 2), ainsi que la peau (points en U éversants, nécessaires à la bonne cicatrisation des écailles). Les points cutanés (fil tressé résorbable, décimale 2) ne sont pas retirés avant deux mois (cicatrisation lente). Après l’opération, un traitement antibiotique (enro-floxacine à raison de 5 mg/kg/j, pendant cinq jours, par voie intramusculaire) et anti-inflammatoire (meloxicam à la dose de 0,3 mg/kg/j, pendant deux jours, par voie intramusculaire) sont prescrits. Un réajustement de l’environnement et des conditions de vie de l’animal est également préconisé (voir tableau). Un contrôle dix jours plus tard permet de constater une bonne évolution de l’état général de l’iguane et un retour rapide de l’appétit et de la vitalité.

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