L’Avef démontre sa force de proposition à Deauville

Le rendez-vous annuel de l’Association vétérinaire équine française (Avef) s’est tenu du 17 au 20 octobre dernier à Deauville (Calvados). Un contexte géographique particulier pour la manifestation, puisque la région normande est à la fois un berceau de l’élevage et de l’entraînement (les ventes de chevaux et les courses d’octobre coïncidaient en outre avec le congrès). Un contexte sanitaire inhabituel également, en raison de l’émergence de foyers d’artérite virale cet été (voir l’article en page 14). Pendant ces quatre jours, 808 congressistes, dont 112 membres des Avef juniors, 37 internes et stagiaires, 81conférenciers et 251 exposants (répartis sur 46 stands), se sont rassemblés. Ils ont pu apprécier le programme scientifique dont les initiateurs maîtrisent tous les ingrédients du succès : des exposés de qualité, des présentations variées et deux salles de conférences pour éviter le chevauchement des sujets.

Alors que l’ouverture du congrès a été marquée par la conférence d’anatomie au tableau noir du professeur Robert Barone, le dernier jour proposait des sessions pour les auxiliaires vétérinaires.

Par ailleurs, côté nouveauté, une demi-journée socioprofessionnelleétaitproposéele17 octobre, destinée aux éleveurs et aux propriétaires de chevaux. Le succès était au rendez-vous avec 350 participants.

Du décret prescription à la radioprotection, en passant par l’identification

Pour l’Avef, cette année a été ponctuée d’événements importants, dans le domaine des initiatives internes comme du secteur socioprofessionnel. Le décret prescription-délivrance a ainsi été l’un des sujets phares de 2007. Notre confrère Michel Martin-Sisteron, membre de l’Avef et du Conseil supérieur de l’Ordre, a pu détailler son application à la filière équine durant l’assemblée générale de l’association.

L’identification électronique a aussi été abordée. En la matière, « nos rapports avec les Haras nationaux se sont améliorés sur le terrain », a souligné Jean-Yves Gauchot, président de l’Avef.

Quant à la lutte contre l’exercice illégal, elle se poursuit. Ainsi, le site de l’association propose une liste de 350 vétérinaires acceptant les cas de dentisterie et une autre de 110 vétérinaires prenant en charge les cas d’ostéopathie. Notre confrère Michel Martin-Sisteron a par ailleurs effectué un travail conséquent dans ce domaine, via l’envoi d’un grand nombre de mises en demeure adressées à des contrevenants depuis le début de l’année.

La réunion de l’Avef a en outre permis d’évoquer les travaux du groupe de travail en radioprotection, géré par Francis Desbrosse, responsable des commissions. Ce groupe a été créé pour répondre aux demandes de la Direction générale du travail et de l’Agence de sûreté nucléaire (ASN). Toutes deux menaçaient d’imposer de nouvelles obligations aux vétérinaires équins, s’ajoutant à la formation de la personne radiocompétente. Dans le cadre de l’exercice équin, la radiologie répond en effet à certaines spécificités : des tirs horizontaux, la pratique en ambulatoire, les nombreux clichés inclus dans les bilans radiologiques, la multiplicité des personnels intervenant dans les structures hippiques, le risque d’accident accru. Un état des lieux détaillé est présenté dans La lettre de l’Avef de juin dernier. Un organisme de contrôle agréé (Socotec) a notamment été mandaté pour effectuer des mesures d’exposition aux rayonnements. Elles ont abouti à des résultats rassurants, avec des doses d’exposition minimes. Un guide de bonnes pratiques est aussi proposé. Francis Desbrosse a souligné l’intérêt de faire appel à cette structure, au-delà des simples mesures : « Un tel organisme n’a pas seulement pour but de vérifier si le générateur de rayons X est “sûr”, mais aussi de déterminer le zonage (zone surveillée ou contrôlée, pour une installation fixe, et périmètre à matérialiser, pour un zonage opérationnel à l’extérieur). »

70 % des praticiens équins sont prêts à envoyer leurs auxiliaires en formation

Le congrès de Deauville a, bien entendu, aussi permis d’évoquer l’enquête sur les auxiliaires vétérinaires, initiée récemment par l’Avef et le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). « Nous souhaitions déterminer les besoins en recrutement des auxiliaires en milieu équin, identifier ceux des praticiens et répondre à la demande du pôle de compétitivité de la région Basse-Normandie »,a expliqué Jean-Marc Betsch, membre du conseil d’administration de l’association. Actuellement, les auxiliaires intéressées par le secteur équin suivent six jours de formation à l’issue de l’enseignement commun pour se spécialiser dans ce domaine.

133 cabinets et cliniques ont répondu à l’enquête. Ces structures comptaient en moyenne 2,3 vétérinaires et 2,4 auxiliaires. L’équine représentait plus de la moitié de l’activité pour un tiers d’entre elles. Les réponses obtenues font apparaître que le titre homologué actuel d’ASV disposant d’une spécialité équine est jugé de façon satisfaisante par 48 % des confrères, les plus insatisfaits étant les praticiens qui développent une activité équine importante. 70 % des vétérinaires interrogés sont en outre prêts à envoyer leurs auxiliaires en formation continue un ou deux jours par an. Les modules les plus sollicités concernent les urgences, le parasitisme, le risque infectieux. Par ailleurs, des demandes sont faites pour la mise en place de formations spécifiquement dédiées à la contention, à l’assistance radiologique ou encore à la désinfection du matériel.

« L’Avef et le Gipsa travaillent à évaluer précisément le contenu pédagogique à mettre en place pour le cursus de base et à faire évoluer la formation continue pour les auxiliaires en poste », a souligné Jean-Marc Betsch.

Les commissions et les Avef juniors, sources vives de l’association

Durant ce rendez-vous annuel, la parole a aussi été donnée aux commissions de l’Avef, à l’occasion de l’assemblée générale et tout au long du congrès, lors des conférences, des petits-déjeuners ou encore des posters.

Du côté de la commission des médecines non conventionnelles, « un référentiel est en préparation pour la formation diplômante en ostéopathie »,a rappelé notre confrère Franck de Craene. Pour sa part, notre consœur Isabelle Lussot-Kervern, responsable de la commission thérapeutique, a souligné l’importance des déclarations et des remontées de terrain en termes de pharmacovigilance (la fiche technique à remplir est mise en ligne sur le site de l’Avef). En outre, plusieurs réalisations et projets émanent de cette commission, comme celui d’un workshop consacré aux « bonnes pratiques de la vermifugation chez les chevaux », sur le modèle de celui dédié à la rhinopneumonie, organisé à Versailles l’an passé. Les cinq Avef juniors (à l’école d’Alfort, de Lyon, de Toulouse, de Nantes et de Liège), animées par Charles-François Louf, ont également été mises à l’honneur pour leur dynamisme, comme en témoignaient les interventions et les rapports des différents bureaux. Le premier congrès des Avef juniors a ainsi eu lieu à Liège, les 17 et 18 mars derniers.

Ce dynamisme s’inscrit dans le bilan plus général d’une année riche en initiatives pour l’Avef “senior”, comme la conférence d’évaluation sur l’anesthésie, organisée le 10 mars dernier dans le cadre de la journée de Roissy, couplée au congrès de l’Association of Veterinary Anaesthetists (Ava) et de l’European College of Veterinary Anaesthesia (Ecva). D’autres thèmes sont en cours de réflexion, comme la visite d’achat.

Côté élections, notre confrère Thomas Launois a fait son entrée au conseil d’administration de l’association à l’occasion du renouvellement partiel statutaire. Des modifications sont aussi intervenues au niveau du conseil scientifique, à la présidence duquel notre consœur Anne Couroucé-Malblanc fera acte de candidature pour l’année prochaine.

Rendez-vous est d’ores et déjà pris par les praticiens équins pour l’édition 2008, qui sera organisée du 9 au 11 octobre à Reims (Marne), dans un palais des congrès rénové.