« Il faut essayer de se battre et ne pas rester les bras croisés »

Dans ma clientèle, c’est encore calme. Nous n’avons que trois cas confirmés de blue tongue et la progression fulgurante qui a traversé la Bourgogne en septembre dernier et au début d’octobre s’est considérablement ralentie. En revanche, dans l’est de la France et en Belgique, la situation semble tourner à la catastrophe.

En Bourgogne, cette année, nous sommes surtout confrontés à un problème commercial. En effet, la région exporte 170 000 bovins maigres en Italie, dont la majeure partie en automne. Si la frontière italienne ne s’ouvre pas, plusieurs milliers d’animaux deviendront SDF dans notre région herbagère naisseur, où les éleveurs ne disposent ni de l’alimentation ni des locaux pour les garder. Cela entraînerait donc un problème économique cette année et un problème sanitaire l’an prochain. Je rejoins à 200 % l’avis du professeur Etienne Thiry⁽¹⁾. La blue tongue est une maladie vectorielle contre le vecteur de laquelle rien n’est fait. Une action antivectorielle ciblée et couplée, afin de prolonger la trêve hivernale, me paraît être un axe de travail intéressant. Les éleveurs et d’autres personnes ne comprennent pas l’obligation réglementaire de désinsectiser en vue des échanges, remettant ainsi en cause l’efficacité du traitement ! La désinsectisation est peut-être inefficace au niveau d’un élevage en pleine contamination en août, mais une désinsectisation systématique des locaux réalisée cet automne et dès les premières conditions favorables au printemps chez les animaux retarderait certainement la montée en puissance de l’épizootie, en attendant la vaccination. Le rapport coût/bénéfice serait intéressant, en raison du faible coût de ces mesures par rapport aux pertes économiques que la maladie engendre. Ne serait-ce que pour des raisons psychologiques, il faut essayer de se battre et non attendre la catastrophe et les aides hypothétiques les bras croisés. D’ailleurs, personne ne semble avoir essayé l’efficacité vis-à-vis des Culicoides des différentes molécules insecticides présentes sur le marché…

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1280 du 31/8/2007, pp. 14-15.