Philippines, Mali, Egypte… deux mois par an, Sophie Molia migre hors de France

Notre consœur Sophie Molia (T 98) est chercheuse épidémiologiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Ses travaux sur l’épidémiologie des maladies animales, comme la grippe aviaire, l’amènent à parcourir le monde. Elle part ainsi sur le terrain pour rencontrer les partenaires scientifiques des pays du Sud (services vétérinaires ou de la faune, laboratoires de diagnostic) et les organismes internationaux tels que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ou l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE).

Sa formation d’épidémiologiste des pays du Sud, elle l’a acquise après des études poussées : un diplôme d’études spécialisées vétérinaires (DESV) en pathologie animale des régions chaudes et un mastère en épidémiologie, qui se préparent respectivement sur trois ans et un an. Des expériences variées ont ensuite enrichi son bagage scolaire (dans un zoo aux Etats-Unis, à l’Institut Pasteur au Cambodge ou dans le parc national Kruger en Afrique du Sud).

Son principal projet de recherche concerne la grippe aviaire

Depuis 2004, Sophie Molia travaille au sein de l’unité “épidémiologie et écologie des maladies animales” du Cirad. Cet institut français, basé à Montpellier, se caractérise par la forte présence de ses chercheurs dans les pays en voie de développement partenaires des projets. C’est dans cet univers peuplé d’agronomes, de biologistes, de socio-économistes, mais aussi d’une trentaine de vétérinaires, que notre consœur évolue. Elle gère notamment les aspects scientifiques, logistiques et financiers du montage du projet de recherche Gripavi, sur lequel elle est actuellement impliquée. Ce dernier vise, via des études dans cinq zones de référence en Afrique et une zone en Asie, à mieux comprendre la circulation des virus de la grippe aviaire et de la maladie de Newcastle dans l’avifaune sauvage et domestique. L’objectif est d’en déduire des méthodes de surveillance et de contrôle adaptées aux pays en développement. Cela suppose de maîtriser la bibliographie, de mettre en place des protocoles de recherche appropriés et de se poser des questions essentielles à la réussite du projet : comment s’assurer la coopération des éleveurs ? Comment rapatrier en toute sécurité des prélèvements potentiellement dangereux ? Comment maintenir la chaîne du froid ?

Le Mali est une zone d’étude des virus de l’influenza aviaire

En février dernier, elle a participé à une première mission de prospection au Mali, en Afrique, où elle travaillera pendant les trois années à venir. Là-bas, elle collabore avec les éleveurs et les services vétérinaires locaux pour collecter des données et réaliser des prélèvements. Comme peu d’éleveurs parlent français dans les zones rurales, un traducteur est nécessaire le temps d’apprendre le bambara. Toutes les données recueillies, une fois analysées, lui permettront d’évaluer la prévalence des maladies étudiées et, à terme, de trouver des moyens de renforcer et de mieux cibler la surveillance sanitaire au Mali. Les missions de terrain apportent à notre consœur un enrichissement personnel, par la découverte de nouvelles cultures, mais aussi un épanouissement professionnel grâce à cet équilibre entre la technique sur le terrain et la réflexion scientifique. Le seul bémol dans cette vie “d’oiseau voyageur” concerne la difficulté à concilier la carrière professionnelle et la vie de famille.