L’administration n’a pas attendu pour nous coller une étiquette

Si nous allons désormais être contraints d’étiqueter les passeports pour attester de la vaccination antirabique des carnivores, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) n’a pas attendu le 31 décembre pour nous coller une étiquette⁽¹⁾ !

La France, doux pays de la simplification administrative, a accouché d’une réforme dont l’intelligence ne manquera pas, comme d’habitude, d’ébahir nos partenaires. Des interrogations subsistent cependant après la lecture de l’entretien accordé à La Semaine Vétérinaire par la DGAL. Son représentant, Olivier Faugère, parle d’un souci d’harmonisation avec les autres pays de l’Union européenne qui a, en particulier, abouti à la réduction du délai de validité d’une primo-vaccination. Si ce souci est réel, pourquoi ne pas avoir alors, d’une part allongé la durée de validité du vaccin, d’autre part opté pour une authentification de l’acte vaccinal aussi simple que chez nos partenaires ? L’allongement de la durée de validité – même s’il paraît désavantageux à la profession – me semble une nécessité d’autant plus impérieuse que la vaccination sera maintenant, pour l’essentiel, réservée à des animaux qui voyagent.

Comment pouvons-nous justifier le fait, auprès de clients parfois transfrontaliers ou binationaux, que partout ailleurs ce vaccin est valide deux ou trois ans, mais que notre pays reste sur un délai légal qui semble figé à l’ère pastorienne ?

Concernant la certification et la traçabilité de la vaccination antirabique, la spécificité française mérite-t-elle d’être conservée ? Quel but cette traçabilité servirait-elle ? L’utilisation des Cerfas a-t-elle accéléré le passage de notre territoire en nation indemne de rage ? Probablement pas, puisque Olivier Faugère ne considère pas la couverture vaccinale actuelle comme une barrière épidémiologique. S’agit-il d’une question de pharmacovigilance ? Etendons cette traçablité à tous les vaccins ! Est-ce une volonté de sécurité absolue de la certification ? Nos voisins britanniques ne sont pas souvent les moins tatillons, et pourtant, dans leur pays, la vaccination antirabique est souvent portée sur le passeport par une simple mention manuelle, sans même l’étiquette du laboratoire. Ils ont en outre l’imprudence d’accepter sur leur territoire des animaux belges, allemands ou néerlandais voyageant avec un passeport pas plus sécurisé sur ce point.

Une explication se trouve peut-être dans une petite phrase d’Olivier Faugère, qui s’interroge sur une profession dont la « pratique consiste à délivrer un modèle de document officiel en toute connaissance de son invalidité » quand une vaccination antirabique est réalisée sur un animal non identifié. CQFD, les vétérinaires sont des fraudeurs et cette mesure d’étiquetage et de gestion documentaire complexe n’est rien d’autre qu’un garde-fou. Merci, monsieur, de votre haute opinion. Dommage pour tous les confrères qui ont cédé à la pression du client, qui voulait simplement se rassurer en vaccinant contre la rage un compagnon non identifié. Les voilà mis à l’index.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1286 du 12/10/2007 en pages 52-53.