Selon une étude, le virus H5N1 peut passer de la femme au fœtus via le placenta

Le virus H5N1 de l’influenza aviaire ne se cantonne pas qu’aux poumons. Il peut même passer de la mère au fœtus via le placenta, selon une étude chinoise publiée dans The Lancet⁽¹⁾. Jiang Gu et ses collègues, de l’université de Pékin, ont analysé les tissus prélevés sur deux adultes décédés de l’infection, un homme de trente-cinq ans et une femme enceinte de vingt-quatre ans, ainsi que sur le fœtus de quatre mois porté par la jeune femme. Les chercheurs ont trouvé des séquences virales et des antigènes dans les poumons du fœtus, ainsi qu’au niveau de son système immunitaire et de certaines cellules de son foie (macrophages). « Cette étude montre la possibilité d’une transmission verticale humaine du virus H5N1. Cela nécessite une investigation plus poussée, dans la mesure où il est généralement admis que les infections maternelles par le virus de la grippe saisonnière, elles, ne sont pas transmises au fœtus », concluent-ils.

Le virus est présent dans les ganglions, le cerveau et la muqueuse intestinale

Cette étude montre également que, chez l’adulte, le virus peut infecter d’autres organes que les poumons. Ainsi, du matériel génétique viral et des antigènes ont été retrouvés non seulement dans les poumons (cellules épithéliales de type II), mais aussi dans la trachée (cellules épithéliales ciliées ou non), dans les lymphocytes T des ganglions lymphatiques, dans les neurones du cerveau et dans le placenta (cellules de Hofbauer et cytotrophoblastes). Des séquences génomiques virales ont également été détectées dans la muqueuse intestinale.

Ces nouvelles données sont « importantes pour l’investigation clinique, pathologique et épidémiologique de l’infection humaine par le virus H5N1 et ont des implications pour ceux qui délivrent des soins et pour les spécialistes de santé publique », commentent les auteurs.

Ils soulignent en outre la nécessité de mener d’autres études pour confirmer ces premiers résultats. « Les spéculations sur le devenir du fœtus, si la mère avait survécu, auraient été intéressantes. ».

• (1) Jiang Gu et coll. : « H5N1 infection of the respiratory tract and beyond : a molecular pathology study », The Lancet, 29/9/2007, n° 370, pp. 1137-1145 et 1106-1108.