La modification des paramètres écologiques brouille la carte de la blue tongue - La Semaine Vétérinaire n° 1286 du 12/10/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1286 du 12/10/2007

Epidémiologie

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Guillaume Fournié

Sa récente émergence au nord de l’Europe ne semble pas liée à son endémisation dans le Sud.

Apparus il y a une dizaine d’années dans le bassin méditerranéen, des foyers de fièvre catarrhale ovine ont également été rapportés récemment dans le nord de l’Europe, sans qu’il y ait, semble-t-il, de liens épidémiologiques entre ces deux régions. La fièvre catarrhale ovine (ou blue tongue) est une arbovirose non contagieuse des ovins, des caprins et des bovins, due à un réovirus. Elle se propage par voie indirecte, par l’intermédiaire d’arthropodes piqueurs du genre Culicoides. Seuls les ovins sont généralement affectés par cette maladie, qui reste le plus souvent inapparente chez les bovins et les caprins. Lorsqu’elle s’exprime cliniquement, elle est à l’origine d’une atteinte générale fébrile associée à une importante inflammation des muqueuses buccale, nasale et oculaire, à une stomatite, à des boiteries et éventuellement à des avortements. Susceptible de décimer les cheptels atteints, la fièvre catarrhale ovine fait l’objet d’une intense surveillance épidémiologique de la part des institutions en charge de la santé animale.

Longtemps considérée comme une maladie tropicale, la blue tongue est apparue pour la première fois dans le nord de l’Europe, et notamment dans le nord de la France, en 2006. Jusqu’en juillet dernier, le nombre de cas détectés dans l’Hexagone est resté relativement faible : six en 2006, et une vingtaine pour les sept premiers mois de cette année. Les départements touchés sont les Ardennes, le Nord, l’Aisne et la Meuse. Néanmoins, depuis le début du mois d’août, l’épidémie explose, avec plus de deux mille foyers notifiés, et s’étend géographiquement : le bassin allaitant est désormais touché(1). La situation est également préoccupante en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Luxembourg.

Les cycles épidémiologiques sont encore mal compris

A la fin des années 90, la fièvre catarrhale ovine est apparue dans plusieurs régions du bassin méditerranéen, avant d’y devenir endémique. Son introduction semble être la conséquence de l’extension de l’aire de répartition de son vecteur africain, Culicoides imicola, retrouvé dans toutes les régions méditerranéennes touchées. Par le passé, et notamment en 1956 dans la péninsule ibérique, des foyers de blue tongue avaient déjà été identifiés en Europe. Ils étaient néanmoins restés sporadiques, conséquence d’une incursion du vecteur qui n’a pu trouver localement les conditions favorables à son maintien. La récente sédentarisation de cet arthropode sous ces latitudes semble être causée par la modification des paramètres écologiques, et notamment climatiques, qui ont rendu ces écosystèmes favorables à sa survie et à sa multiplication. Les cycles épidémiologiques qui assurent la pérennisation de cette maladie semblent en revanche plus complexes, et pourraient faire intervenir des espèces locales de Culicoides, comme cela est suspecté en Corse et dans les Balkans notamment.

La problématique des maladies vectorielles tend à s’amplifier

Dans le nord de l’Europe, la récente émergence de la fièvre catarrhale ovine ne semble pas liée à son endémisation dans le Sud. D’une part, le sérotype qui y sévit n’est pas présent dans le bassin méditerranéen (sérotypes 1, 2, 4, 9 et 16 pour le Sud, sérotype 8 pour le Nord). D’autre part, Culicoides imicola ne semble pas être présent au Bénélux. Seules les espèces natives de Culicoides seraient donc impliquées dans sa transmission. Ainsi, l’origine de cette souche virale, son introduction et sa pérennisation dans cette région soulèvent de nombreuses interrogations. Là encore, la modification des conditions climatiques est incriminée pour tenter d’expliquer cette émergence. Or, « si l’été 2006 fut inhabituellement chaud, ce n’était pas le cas cette année. Ainsi, des conditions climatiques exceptionnelles, si elles ont pu être une cause de l’introduction du virus dans le nord de l’Europe, ne semblent en revanche pas nécessaires à son maintien, précise notre confrère Guy Hendrikx, membre du programme européen Emerging diseases in a changing environment (Eden). Cette incertitude concernant les facteurs responsables de l’émergence montre bien le besoin que nous avons d’entomologistes qualifiés. En raison de l’impact des conditions climatiques sur les cycles de vie des arthropodes, la problématique des maladies vectorielles prendra une place de plus en plus importante, tant en santé humaine qu’animale. Or le nombre d’entomologistes ne cesse de décroître. Il faut redonner à l’entomologie, médicale et vétérinaire, la place qu’elle mérite. »

  • (1) WAHID interface www.oie.int/wahid-prod/public.php?page=home

  • Source : Communication de Guy Hendrikx, dans le cadre du symposium Merial, lors du congrès de la World Association for the Advancement of Veterinary Parasitology (WAAVP), qui s’est tenu du 19 au 23 août 2007.

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