La profession ouvre ses 3e états généraux à la filière bovine - La Semaine Vétérinaire n° 1285 du 05/10/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1285 du 05/10/2007

Exercice rural. Avenir du vétérinaire en productions animales

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

Une recomposition du paysage vétérinaire national et de l’élevage est en marche, qui aura des conséquences sur l’offre professionnelle.

C’est dans le contexte difficile de la fièvre catarrhale ovine en Bourgogne que se sont ouverts les troisièmes états généraux de la profession, le 3 octobre dernier à Blanzy (Saône-et-Loire). Organisés par le conseil régional de l’Ordre bourguignon, ils ont accueilli tous les protagonistes de la filière bovine (vétérinaires, éleveurs et leurs représentants).

En préambule, notre confrère Michel Baussier, secrétaire général du Conseil supérieur de l’Ordre (CSO), a rappelé que cette initiative entre dans le cadre de la réflexion sur la désaffection progressive des vétérinaires en milieu rural. La thématique de la journée portait ainsi sur le profil des vétérinaires ruraux de demain, dans les productions animales. Le décret prescription-délivrance était également au programme.

L’avenir de l’exercice de la profession en productions animales a donc été abordé dans ce contexte à plusieurs facettes. Les différents intervenants ont pointé la nécessité d’un dialogue au sein de la filière.

L’évolution de la profession passe par une concentration en réseaux

« Il existe une tendance forte à la spécialisation et il faudra donc travailler en réseau, avec une concentration des structures, estime Christian Rondeau, président du CSO. Il y aura une spécialisation dans les cliniques, qui seront de taille plus grande. »

Selon Christophe Brard, président de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), l’enjeu pour les vétérinaires est d’être « capables de formation, d’offres de service innovantes ». Il est aussi nécessaire d’utiliser l’informatique pour les suivis de clientèle et la gestion des données. Pour lui, le rôle du vétérinaire par rapport au médicament est centré sur l’assurance d’une bonne traçabilité, l’appui du poste pharmacie de l’élevage, etc. Notre confrère met également en avant l’importance du praticien vis-à-vis des maladies réglementées, émergentes, endémiques, avec la visite prescription-délivrance, le développement des bilans sanitaires volontaires, la sécurité sanitaire des aliments. « Nous avons donc à développer un plan de santé et de prévention formalisé, estime Christophe Brard. Nous aurons toujours à répondre aux urgences, aux vêlages, etc. C’est en étant crédibles sur un plan individuel que nous serons crédibles au niveau de l’élevage. »

En outre, l’avenir de la profession vétérinaire sera aussi lié à l’organisation territoriale.

Une année riche en événements majeurs, surtout en pharmacie

« Cette année est ponctuée par trois changements majeurs », constate Olivier Faugère, de la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Ainsi, « l’arrêt Riaucourt a amené clairement les ayants droit à appliquer la loi sur la pharmacie à la lettre ». Le décret prescription-délivrance est, bien entendu, au cœur des événements marquants. « Il a enfin abouti cette année et va sans doute modifier progressivement le paysage et la pratique rurale », poursuit Olivier Faugère. Notre confrère Vincent Jechoux (DGAL) en a détaillé les modalités. En outre, la visite sanitaire obligatoire dans la filière bovine va évoluer et voir son champ élargi : « Nous passons de la santé animale à la santé publique, tous les aspects faisant que les vétérinaires et les éleveurs se familiarisent avec les dispositions du “paquet hygiène”. »

La problématique de la pharmacie vétérinaire est mise en exergue. Olivier Faugère pointe la probabilité, dans les années à venir, de changements quant à la délivrance du médicament par les vétérinaires. « Si nous voulons que le maillage persiste, il faut donc que le praticien mette davantage de conseil dans ses actes », insiste Olivier Faugère. Notre confrère souligne en outre le risque potentiel de crise médiatique, due à une attente sociétale autour du médicament vétérinaire, à moyen terme. « Le médicament vétérinaire ne représente pourtant que 2,5 % de la consommation nationale de médicaments », constate Bernard Terrand, de la Fédération européenne pour la santé animale et la sécurité sanitaire (Fesass). « Nous traitons le dossier de façon professionnelle, mais nous risquons qu’un jour les médias grand public s’en emparent », ajoute Olivier Faugère. « Il est important d’insister sur la compétence du vétérinaire, qui légitime sa position », renchérit Christian Rondeau.

L’application du décret prescription-délivrance soulève des interrogations

Jacques Guérin (CSO) a abordé le ressenti du décret prescription par les confrères. Les points d’avancée retenus sont les modalités d’application du diagnostic vétérinaire. Le décret légitime le praticien désigné par l’éleveur, qui doit faire le choix de son prescripteur. Les autres avancées concernent la prescription sans examen systématique des animaux, mais sous condition, et une formalisation nécessaire. En revanche, des difficultés sont d’ores et déjà pressenties, relatives à la nécessaire réorganisation de la structure pour libérer du temps, à une approche différente du métier (passer de l’individuel au collectif) et aux moyens à mobiliser humains, financiers, matériels). Jacques Guérin a par ailleurs développé les conséquences induites sur l’offre vétérinaire : « Cela va nécessiter une recomposition du paysage vétérinaire national via des regroupements, une déshérence de certains lieux, etc. » Ainsi, des incertitudes émergent face au choix d’exercer seul ou en groupe et à la problématique des carences vétérinaires dans certains secteurs géographiques. Selon lui, « l’application du décret n’est pas facile, mais de notre capacité à l’appliquer dépendra notre avenir ».

La question de l’unicité de l’intervention, par rapport au bilan, est soulevée

« Nous sommes attachés à l’unicité du vétérinaire traitant et à l’habilitation d’un seul praticien pour effectuer le bilan sanitaire », estime Pierre Buisson, du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral. « Nous n’avons pas souhaité et nous n’avons pas eu la possibilité de dire qu’il y aurait un seul vétérinaire », explique Olivier Faugère. Une affirmation justifiée par l’existence de situations de production particulières. En outre, l’unicité aurait nécessité un acte législatif.

Le décret pose aussi le problème de la responsabilisation du praticien. La contractualisation prévue dans le décret induit un autre niveau de responsabilité. La mise en place de critères d’alerte et la surveillance de la façon dont les médicaments sont administrés doit amener à positionner des feux rouges.

Selon Olivier Faugère, l’application du décret sera effective mi-2008. Le président d’un Groupement de défense sanitaire (GDS 71) a souligné la difficulté de le faire dans le contexte actuel de la fièvre catarrhale ovine, qui implique d’autres urgences. Un avis partagé par le vice-président de la FNGDS, Jean-Paul Dufour.

La contrainte de la retranscription du numéro de lot, lors de la délivrance du médicament, est de nouveau soulignée par les confrères, qui y voient une difficulté de terrain réelle. « Les services administratifs sont compréhensifs. C’est néanmoins une disposition communautaire et le médicament n’est pas un intrant ordinaire, explique Vincent Jechoux. Attention à ne pas trop lever les bras, car les pharmaciens sont en face, et eux le feront. » Des logiciels destinés à faciliter le recueil de l’information sont en cours d’adaptation. De même, une réflexion est lancée au niveau de l’industrie du médicament.

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