Le petit intestin est le premier site de néoplasie intestinale chez le cheval - La Semaine Vétérinaire n° 1284 du 28/09/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1284 du 28/09/2007

Néoplasie intestinale équine

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

Une étude vise à déterminer les caractéristiques clinico-pathologiques des tumeurs du tractus digestif.

La néoplasie intestinale est rare dans l’espèce équine. La tumeur la plus courante est la forme alimentaire du lymphome, mais elle n’est pas la seule. Le diagnostic différentiel de la tumeur digestive englobe les maladies inflammatoires des intestins, les tumeurs intra-abdominales non intestinales et les abcès internes. L’identification de l’origine exacte n’est pas aisée, car les signes cliniques de ces différentes affections sont souvent similaires : une perte de poids, une baisse d’appétit, des coliques intermittentes, de la diarrhée, de la fièvre, une hypoalbuminémie. Comme le traitement et le pronostic varient selon la cause, il est important d’aboutir à un diagnostic de certitude. Malheureusement, il s’agit souvent d’un diagnostic post-mortem.

Améliorer la fiabilité du diagnostic ante mortem de la néoplasie

Une étude rétrospective de trente-quatre cas cliniques(1) a cherché à déterminer les caractéristiques clinico-pathologiques des tumeurs du tractus digestif (estomac non inclus). Elle met en évidence une prédominance de race, spécialement vis-à-vis de l’adénorsarcome, pour lequel la moitié des chevaux présentés étaient de race arabe. Il s’agit soit d’une susceptibilité biologique, soit d’un biais de la population de chevaux présentés en consultation dans cette université. Le néoplasme apparaît chez les chevaux âgés, avec une moyenne globale de 16,6 ans (16 ans pour le lymphome alimentaire, 20 ans pour l’adénosarcome et 10 ans pour les tumeurs des muscles lisses).

Les signes cliniques apparaissent progressivement. La perte de poids constitue le premier motif de consultation. Une tachycardie est notée chez la moitié des chevaux, reliée à de l’anxiété et à la présence d’une douleur abdominale. Une inflammation secondaire au processus tumoral est la cause avancée de la fièvre observée chez 35 % des chevaux. 30 % des animaux atteints de lymphome (soit 15 % de l’effectif total) présentent une anémie. Une hypoalbuminémie est objectivée chez 60 % des chevaux et attribuée au développement d’une entéropathie avec perte de protéines à la suite de l’infiltration néoplasique.

La palpation transrectale est utile la plupart du temps et permet de mettre en évidence, dans la moitié des cas, une distension intestinale, un épaississement de la paroi intestinale ou des masses (tumeurs ou nœuds lymphatiques). Les masses palpables sont des lymphosarcomes dans plus de 90 % des cas. La palpation transrectale d’une ou de plusieurs masses apparaît comme un test relativement spécifique du diagnostic du lymphome digestif, au même titre que pour l’abcédation intra-abdominale. L’analyse du liquide issu de la paracenthèse abdominale n’aboutit au diagnostic de néoplasie intestinale que dans 21 % des cas, et tous se révèlent être des lymphomes. L’adénosarcome ne semble pas entraîner de modification du liquide péritonéal, alors que pour le lymphome, le comptage de cellules nucléées est augmenté et des cellules tumorales peuvent être présentes.

Les anomalies repérées lors de l’examen échographique sont confirmées par une biopsie chirurgicale ou au cours de l’autopsie. L’examen conforte la suspicion de néoplasie face aux autres causes possibles, sans toutefois permettre de déterminer le type de tumeur. Les chevaux atteints de lymphome présentent un épaississement annulaire net de la paroi du petit intestin et une lymphadénopathie mésentérique et caecale. L’adénosarcome crée des épaississements plus localisés avec une distension luminale en amont de l’obstruction.

Une biopsie du rectum est réalisée chez moins de 10 % des chevaux : la moitié permet un diagnostic de lymphome et l’autre moitié montre une proctite chez des sujets qui seront atteints plus tard d’un processus tumoral intestinal. La biopsie pourrait donc être un indicateur sensible et spécifique des maladies infiltratives avancées.

15 % seulement des chevaux survivent à l’hospitalisation

L’exploration chirurgicale par laparotomie ou laparoscopie aboutit à un diagnostic de certitude et permet la résection de lésions localisées.

Le lymphome alimentaire est diagnostiqué chez plus de la moitié des chevaux, avec une localisation fréquente au niveau du petit intestin, suivie par le gros intestin. Une localisation multiple est observée chez la moitié des chevaux ayant un lymphome, et un processus métastatique est objectivé à l’autopsie chez 75 % des animaux. Dans 33 % des cas, l’adénosarcome est localisé essentiellement au niveau du petit intestin et dans 36 % des cas il existe des métastases intra-abdominales.

Les tumeurs des muscles lisses sont rares chez le cheval. Elles occasionnent des signes de colique non spécifiques, métastasent localement et répondent bien au traitement chirurgical en raison de leur agressivité localisée et de leur nature pédonculée et/ou encapsulée.

Le petit intestin apparaît dans cette étude comme le premier site de néoplasie intestinale chez le cheval, suivi par le gros intestin, puis par le petit côlon. Les tumeurs du caecum sont rares et étaient présentes uniquement en conjonction avec la tumorisation des segments adjacents chez les animaux étudiés.

15 % seulement des chevaux sortent vivants de la période d’hospitalisation. Le traitement chirurgical des adénosarcomes prolonge la vie de trois à cinq ans et les lymphomes sont traités avec des anti-inflammatoires stéroïdiens jusqu’au moment de l’euthanasie, cinq à douze mois plus tard.

  • (1) S.D. Taylor, N. Pusterla, B. Vaughan, M.B. Whitcomb, W.D. Wilson : « Intestinal neoplasia in horses », J. Vet. Intern. Med. 2006, n° 20, pp. 1429-1436.

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