Le calcul de l’impact économique des coccidioses subcliniques reste délicat

Les coccidioses à Eimeria sont des affections majeures en aviculture, mais peu d’études traitent de leur incidence économique. Lorsqu’elles existent, le coût annoncé est toujours élevé, quels que soient la méthode de calcul utilisée et le mode d’expression des pertes subies. Ainsi, au niveau mondial, une étude de 2006 évalue le coût annuel des coccidioses aviaires entre un et trois milliards de dollars. En Grande-Bretagne, pour l’année 1995, ce coût est estimé à trente-huit millions de livres pour la filière du poulet de chair. Dans une autre étude, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, il est évalué à 2,2 % et 4,5 % respectivement de la valeur d’abattage des animaux. Qu’en est-il de l’impact économique des coccidioses subcliniques dans la filière française du poulet de chair standard ? Ce thème difficile a été abordé lors de la première édition des rencontres avicoles de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), organisées par le laboratoire Schering-Plough, le 11 septembre dernier.

Différencier le portage apathogène et la coccidiose subclinique est ardu

« De quoi parle-t-on ? De détection d’oocystes coccidiens, de baisse de performances ? », s’est interrogé, en préambule, notre confrère Jean-Luc Guerin, maître de conférences en productions animales à l’école de Toulouse. Selon Jean-Michel Repérant, chercheur à l’Unité de virologie, immunologie et parasitologie aviaires et cunicole (Uvipac) de l’Afssa de Ploufragan-Brest, la différenciation entre le portage apathogène d’Eimeria, la coccidiose subclinique et la coccidiose clinique nécessite de croiser trois types d’informations : le niveau de performances zootechniques et la présence ou non de signes cliniques, l’existence de lésions sur le tube digestif et leur indice, la présence d’oocystes de coccidies dans les fientes des oiseaux (^{voir tableau}). Néanmoins, le curseur est délicat à placer. « Les perturbations actuelles du tube digestif chez les volailles de chair et la dinde, la difficulté de valider expérimentalement les observations de terrain rendent difficile l’estimation de l’impact propre des coccidioses », a précisé Jean-Luc Guerin.

Pour répondre à la question de départ, le professeur Pierre Sans, de l’ENV de Toulouse, a appliqué le modèle d’évaluation de l’impact économique des coccidioses développé en 1999 par Ray Williams, de Schering-Plough Animal Health. Il a ainsi, de façon pédagogique, répertorié les informations cliniques, zootechniques, diagnostiques et épidémiologiques nécessaires. Bien que cet exercice à l’échelle de notre pays soit infructueux en raison des données manquantes, « la feuille de calcul élaborée est tout à fait utilisable à l’échelon d’un organisation », a confirmé notre confrère.