L’Unesco classe l’archipel des îles Galápagos parmi le patrimoine mondial en péril - La Semaine Vétérinaire n° 1284 du 28/09/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1284 du 28/09/2007

Ecosystème en danger

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Guillaume Fournié

Les espèces invasives, le tourisme de masse et l’immigration illégale menacent la biodiversité de l’archipel.

Premier site inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité en 1978, l’archipel des Galápagos est aujourd’hui déclaré « patrimoine en péril » par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Situé dans l’océan Pacifique, à près de 1 000 km des côtes équatoriennes, l’archipel est renommé pour sa richesse biologique unique qui inspira à Charles Darwin sa théorie sur l’évolution par la sélection naturelle. Mais aujourd’hui, nombre de ses écosystèmes et des espèces endémiques qu’il abrite sont fortement menacés.

Quatre siècles de présence humaine ont eu un effet négatif sur la faune et la flore. Après avoir été pillés par les flibustiers et les baleiniers qui y faisaient escale, la déprédation des écosystèmes s’est intensifiée lors de l’arrivée des premiers colons, au XIXe siècle. Comprise entre mille et deux mille habitants en 1959, la population de l’archipel est maintenant estimée à vingt-cinq mille. Cette importante croissance démographique est essentiellement due à l’arrivée massive d’immigrants illégaux, attirés par les revenus du tourisme, fuyant le taux de chômage élevé et la misère qui sévissent en Equateur continental. Plus de cent mille touristes visitent les îles chaque année, et ce nombre ne cesse de croître. Les entreprises touristiques, guidées par le profit, n’hésitent pas à spolier la nature et exigent toujours plus de droits de visite. Néanmoins, seule une faible partie de la population profite des revenus générés par les touristes. Ainsi, de nombreux Galápagueños tirent leur subsistance de la pêche et de l’agriculture, et font pression pour exploiter de nouveaux espaces et des ressources protégées.

La rupture de l’isolement insulaire est synonyme de perte de biodiversité

L’essor des activités humaines, outre la surexploitation des ressources biologiques de l’archipel, s’accompagne de l’introduction d’espèces exotiques (chèvres(1), chiens, chats, rats, etc.) qui dégradent les écosystèmes, entrent en compétition ou se comportent en prédateurs à l’égard des espèces natives. Beaucoup ont ainsi été conduites vers l’extinction, et la plupart des espèces endémiques qui ont survécu sont aujourd’hui menacées. En outre, l’introduction d’agents pathogènes exotiques, comme le virus West Nile, est perçue comme une menace majeure pour la faune native, surtout pour les espèces aviaires. La singularité des Galápagos, et de la plupart des îles océaniques, vient de l’isolement dans lequel elles ont évolué. Or, si les îles sont des milieux biogéographiques uniques, elles sont aussi fragiles : la plupart des extinctions survenues au cours des quatre cents dernières années affectent des écosystèmes insulaires. En effet, la faible taille des populations, le niveau de consanguinité généralement élevé des espèces insulaires et l’absence de prédateurs ou de compétiteurs dans leur habitat naturel rendent ces espèces vulnérables. Ainsi, la rupture de cet isolement est synonyme de perte de biodiversité.

Les moyens humains et financiers sont bien dérisoires

Conscients de la nécessité de préserver l’archipel, le gouvernement équatorien et la communauté internationale ont adopté de nombreuses mesures pour permettre la conservation in situ des espèces endémiques et la préservation des écosystèmes de l’archipel. Un nouveau décret, adopté cette année par le gouvernement équatorien, devrait permettre de restreindre le tourisme, le trafic aérien et les permis de résidence. L’Unesco espère que l’inscription des îles Galápagos sur la liste “Patrimoine en péril” mobilisera la communauté internationale.

Néanmoins, les moyens, humains et financiers, dont disposent la Fondation Charles Darwin et le parc national, principales institutions chargées de la conservation des îles, demeurent pour le moment bien dérisoires comparés à l’ampleur de leurs missions. De plus, la conservation de l’environnement des îles Galápagos ne bénéficie ni du soutien de la plupart des hommes politiques continentaux et locaux, alliés aux intérêts des industries de la pêche et du tourisme, ni du soutien d’une bonne partie de la population locale, celle-ci ayant le sentiment d’être tenue à l’écart de la gestion de l’archipel. Financées par les pays du nord, et dirigées principalement par des scientifiques européens ou nord-américains, les actions de conservation menées par la communauté internationale et la Fondation Charles Darwin sont souvent perçues comme une ingérence sur le territoire équatorien. Les restrictions visant à permettre la conservation des écosystèmes et leur exploitation raisonnée suscitent généralement le mécontentement de la population locale, dont une grande partie tire sa subsistance de l’exploitation de l’environnement. En 1994, une mesure visant à réguler la pêche est entrée en vigueur. En signe de protestation, les manifestants ont tué quatre-vingt-quatre tortues terrestres au sud de l’île Isabela, et menacé d’introduire des espèces animales non natives dans les îles demeurées jusque-là “intactes”. Face à cette pression, le gouvernement a abrogé la mesure(2).

Dans ces conditions, les nouvelles politiques de conservation ne pourront être efficaces que si elles parviennent à intégrer les populations humaines dans lesquelles elles s’insèrent, les mauvaises conditions de vie de ces populations constituant la première menace pour la conservation de l’environnement.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1277 du 7/7/2007, en page 31.

  • (2) C. Grenier : Conservation contre nature. Les îles Galápagos. Paris, IRD éditions, 2000, 380 pages.

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