« En termes de communication sur l’animal, je crois aux messages simples et partagés » - La Semaine Vétérinaire n° 1284 du 28/09/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1284 du 28/09/2007

Jean-Luc Vuillemenot, secrétaire général de l’Afirac

Gestion

ENTRETIEN AVEC…

Auteur(s) : Marine Neveux

Jean-Luc Vuillemenot, secrétaire général de l’Association française d’information et de recherche sur l’animal de compagnie (Afirac), aborde la communication sur ce thème à la suite des récents drames relatés dans la presse et qui ont mis en cause des chiens.

La Semaine Vétérinaire : Les drames récents relancent-ils le débat sur le traitement journalistique des « chiens dangereux » ?

Jean-Luc Vuillemenot : Je m’interroge toujours sur l’envahissement de l’espace médiatique par le thème des chiens dits dangereux. Pourquoi est-il traité de façon si incisive ? Pourquoi et comment la presse et l’opinion réagissent-elles aussi fortement ? En particulier, les faits présentés par les médias audiovisuels ne comportent pas de complément d’information. Sur ces accidents tellement graves, il n’existe pas de volonté d’éclairer et de comprendre les enjeux. Nous en restons aux faits, il n’y a pas d’analyse, de recherche d’informations de fond, de développement sur les circonstances du drame, qui permettraient de comprendre l’accident et d’en prévenir d’autres, etc. C’est de l’information Mac Donald’s !

S. V. : Ne doit-on pas élargir la question au mode de traitement de l’information par les médias ?

J.-L. V. : Il est exact que la présentation des faits reste souvent superficielle. Le traitement par la presse manque d’interrogations sur le fond de l’information. Les effets affectifs, sensationnels et compassionnels l’emportent sur l’aide apportée à l’opinion pour comprendre, pour prendre de la hauteur. Les médias donnent au public de quoi entretenir les conversations de café !

La question se pose aussi de savoir ce qui guide la conduite des journalistes. Il ne s’agit pas ici de faire leur procès, mais les enjeux économiques sur la presse sont devenus prépondérants aujourd’hui. La notion d’audience est désormais incontournable. Attirer le client est une nécessité. La première page des gratuits et des divers journaux se veut ainsi très accrocheuse. C’est la facilité de lecture qui est privilégiée. Je déplore ce manque de distance, de recul. Est-ce par facilité que la dépêche de l’Agence France presse qui arrive dans les rédactions est recopiée telle quelle, sans approfondissement ? En outre, quand cette dépêche tombe, comment est attribué le sujet au sein de la rédaction ? Le journaliste qui le traite a-t-il le bon réseau, celui des interlocuteurs qui possèdent la culture de l’animal ? Aujourd’hui, j’ai l’impression que Google remplace le carnet d’adresses ! Il existe une sorte de déstructuration de l’information.

S. V. : Mais la presse s’intéresse-t-elle vraiment à l’animal de compagnie ?

J.-L. V. : Nous avons constaté, dans une étude réalisée à l’Afirac, une diminution du nombre de rubriques dédiées à l’animal dans la presse écrite. Auparavant, il avait sa place au sein des journaux. Un cabinet d’analyse de l’opinion a montré cette même contradiction : il y a d’un côté une forte présence de l’animal de compagnie dans notre société et d’un autre un désintérêt des supports de presse pour ce thème. L’animal de compagnie n’est pas une préoccupation des décideurs de la presse. Il est donc devenu nécessaire de nouer des relations personnelles avec les rédactions. Le contact est facilité quand le journaliste possède lui-même un animal, et l’information, sans pour autant tomber dans le pathos, est traitée avec moins de froideur.

Une autre difficulté est le turn-over qui existe au sein des rédactions et la difficulté de garder le même interlocuteur. Le pool des pigistes grossit. Le degré d’obsolescence des fichiers, sur les dix dernières années, est allé en s’accroissant. En outre, savons-nous valoriser ce que représente l’animal de compagnie pour des professionnels de la presse, qui sont aussi des acteurs économiques ?

S. V. : Comment faire passer un message dans ces conditions ?

J.-L. V. : Un groupe de travail sur les chiens dangereux a été créé, il y a plusieurs mois. Il en ressort une relative unanimité sur le sujet. Cela a permis de développer des axes forts en matière d’information. Ces messages sont-ils audibles par les décideurs de la presse ? N’y a-t-il pas une réflexion à mener pour qu’ils soient plus efficaces ?

Par ailleurs, les grands enjeux de la presse sont liés à l’emploi, par exemple, à la stabilité sociale, etc. Par comparaison, ne faisons-nous pas trop “fleur bleue” ? A écouter les lobbies qui gravitent autour des décideurs de la presse, nos informations sont souvent qualifiées de sujets “toutou” ou “chachat” !

En outre, le manque de données pertinentes sur l’animal de compagnie (les accidents en particulier) peut aussi contribuer à entretenir ce flou. Chaque interlocuteur a ses propres chiffres, ses données et, au final, il existe une carence majeure en termes d’informations croisées, validées.

De plus, je crois aux messages simples et partagés. Un message doit être commun. Le journaliste est confronté à plusieurs interlocuteurs, s’il n’a pas un sentiment d’homogénéité dans les réponses, de position consensuelle qui recueille l’adhésion de tous, il est facile pour lui d’ouvrir une brèche. En termes de communication, la dissonance est un lourd handicap.

Prise en compte de la dimension humaine

Les pays anglo-saxons ne sont-ils pas en avance, en termes de communication, notamment sur la protection de l’animal ?

J.-L. V. : En Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, au Canada, les associations de protection animale sont de véritables partenaires des acteurs sociaux. Elles travaillent, par exemple, très en amont avec les enfants maltraités. Elles ont pris conscience que les mauvais traitements sur l’animal, au sein d’une famille, étaient souvent des précurseurs ou des indicateurs d’une maltraitance de l’enfant. La dimension humaine est effectivement prise en compte.

Il y a un vrai positionnement des associations de protection animale dans ces pays pour la reconnaissance de ces aspects. Car derrière l’abondon d’un animal, il peut aussi y avoir un problème humain et des raisons qui expliquent cet acte. Il est ainsi utile de communiquer sur cette réalité et sur ses dangers potentiels.

M. N.
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