De nouvelles molécules sont utilisées en reproduction - La Semaine Vétérinaire n° 1284 du 28/09/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1284 du 28/09/2007

Pathologie de la reproduction

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

L’arsenal thérapeutique s’est enrichi au cours des dix dernières années. Les protocoles récents agissent par inhibition de certains processus hormonaux et/ou enzymatiques.

La cabergoline est actuellement la molécule la plus efficace pour l’induction des chaleurs chez les carnivores domestiques. L’indication majeure concerne l’anœstrus prolongé. La cabergoline est administrée à raison de 5 µg/kg pendant trois semaines per os. Les chaleurs apparaissent dans 72 % des cas en trente jours et une gestation est constatée à hauteur de 92 %. Ce protocole ne présente pas d’effets secondaires. Il est appliqué après un examen clinique de l’appareil génital rigoureux qui exclut toute cause morphologique d’anœstrus, toute chaleur silencieuse et tout impubérisme. Seul son coût représente un frein à son utilisation. Chez les chiennes de poids élevé, la bromocryptine (40 µg/kg/j en deux fois) peut être utilisée en remplacement, mais son efficacité est moindre.

En présence d’aglépristone, les récepteurs de la progestérone ne sont plus activés

Les antiprogestérone provoquent un état réversible de carence progestéronique chez l’animal, par compétition avec l’hormone naturelle.

L’aglépristone (Alizine®) est indiquée dans l’interruption de la gestation, le traitement médical du pyomètre, la fibro-adénomatose féline et le déclenchement de la mise bas chez la chienne.

La fibro-adénomatose chez la chatte est une tumeur hormonodépendante qui se caractérise par une croissance anormale et rapide du tissu mammaire. Elle peut évoluer vers une gêne locomotrice, de l’anorexie, de la douleur et des nécroses tissulaires locales. La cause est hormonale, mais la pathogénie reste méconnue. Elle touche de jeunes femelles au stade postovulatoire, en gestation ou en pseudogestation, mais également des mâles sous traitement hormonal. Le traitement repose sur l’arrêt de l’imprégnation progestéronique et l’ovariectomie. Il peut se compléter, dans les cas réfractaires, par une mammectomie. Cependant, le choc volumique représente un risque. L’aglépristone, par son effet antiprogestérone au niveau des mamelles, constitue une alternative. La posologie est de 10 mg/kg, deux fois à vingt-quatre heures d’intervalle, puis une fois par semaine jusqu’à la guérison qui, selon une étude sur 22 chats(1), intervient en une à quatre semaines.

L’induction de la mise bas est déclenchée par l’administration d’aglépristone

L’induction de la mise bas chez la chienne doit répondre strictement à des critères thérapeutiques. La mère peut souffrir de toxémie de gestation ou d’éclampsie prepartum. Elle est aussi réalisée lorsque le terme est nettement dépassé ou lors de rétention fœtale. En raison de la longue survie des spermatozoïdes, entraînant un décalage entre la saillie et la fécondation, l’induction de la parturition est indiquée soixante jours après l’ovulation ou soixante-sept jours après la saillie. Un examen clinique, une échographie utérine permettant de vérifier la viabilité des fœtus et une radiographie abdominale pour les dénombrer sont nécessaires. L’administration d’aglépristone permet l’ouverture du col utérin, la maturation fœtale par fabrication du surfactant et l’apparition de faibles contractions chez la mère. L’induction est obtenue par l’administration de 15 mg/kg, soit 0,5 ml/kg d’Alizine®, suivie vingt-quatre heures plus tard, et toutes les deux heures jusqu’à l’expulsion du dernier fœtus, de 0,15 UI/kg d’ocytocine. Le début de la mise bas est obtenu chez 95 % des chiennes entre vingt-sept et trente-deux heures. L’intervalle moyen entre deux chiots est de 0,8 +/- 0,2 heures (la durée physiologique est de trente minutes). Lorsque ce délai dépasse trois heures, la césarienne est indiquée. 90,1 % des chiots sont vivants à quarante-huit heures et 86,6 % atteignent le sevrage. Il existe néanmoins des variations individuelles et raciales. Chez les races de petite taille, l’intervalle entre l’injection et la première expulsion est souvent inférieur à vingt-quatre heures. Ce protocole est sûr et efficace. L’aglépristone peut aussi être utilisée dans la préparation des césariennes pour son action sur la fabrication de surfactant fœtal. Un risque de déclenchement de mise bas est possible. Les recherches actuelles sur cette molécule semblent prometteuses. Chez la chatte, la posologie de l’aglépristone pour induire l’avortement est de 15 mg/kg soit 0,5 ml/kg.

Chez la chienne reproductrice, l’aglépristone est utilisée lors de métrite postœstrale

Le traitement médical des infections utérines est indiqué chez les chiennes reproductrices et chez celles pour lesquelles l’état de santé ou les ressources financières du propriétaire ne permettent pas d’intervenir de manière chirurgicale. 0,33 ml/kg d’Alizine® à J0, J1, J8 et éventuellement à J15 et J28 sont administrés. Ce protocole permet de guérir la quasitotalité des chiennes qui souffrent de métrite (absence de lumière utérine visible à l’examen échographique avec une sonde de 5 MHz). Lors de pyomètre clos, il provoque l’ouverture du col dans un délai de quarante-huit heures. Associer une injection de 1 µg de cloprosténol de J3 à J7 est recommandé pour améliorer le taux de guérison lors de pyomètre clos ou ouvert. Celui-ci est de 84,4 % à quatre-vingt-dix jours. 13 % de récidive sont constatés dans l’année qui suit et 19 % dans les deux ans. Un suivi médical rapproché est essentiel durant tout le traitement. Chez les chattes reproductrices atteintes de pyomètre, trois injections d’aglépristone à J0, J2 et J8 sont nécessaires et peuvent être complétées par une injection de prostaglandines. Comme chez la chienne, ce traitement est contre-indiqué lors de métropéritonite et de kystes ovariens.

Antiandrogènes et agonistes de la GnRH sont les nouvelles molécules pour la reproduction

Le finastéride (Proscar®) est un antiandrogène qui inhibe la 5αAlpha;réductase. Il est indiqué chez l’homme dans le traitement de l’hyperplasie de la prostate et pour la stabilisation de l’alopécie androgénique entre dix-huit et quarante et un ans. Chez le chien, il peut être utilisé dans le traitement de l’adénome prostatique à la posologie de 0,5 mg/kg/j pendant seize à vingt-deux semaines. Il induit une diminution du volume de la prostate et de celui de l’éjaculat sans baisse de la libido ni de la fertilité. L’acétate d’osatérone (Yposane®) est une antitestostérone disponible pour le traitement de l’hyperplasie prostatique. Le protocole thérapeutique consiste en une administration quotidienne pendant sept jours. L’efficacité apparaît au bout de deux semaines et dure de cinq à six mois. La libido et la fertilité sont maintenues.

L’utilisation des agonistes de la GnRH est limitée par la nécessité d’une sécrétion pulsatile (toutes les quatre-vingt-dix minutes) pour assurer leur efficacité. Les implants cutanés (non encore commercialisés en France) permettent un blocage de l’axe hypothalamo-hypophysaire entraînant chez le mâle une stérilisation réversible pendant douze à quarante-huit semaines et, chez la femelle, une suppression des cycles pendant dix-huit semaines. L’inconvénient chez ces dernières est l’induction des chaleurs en début de traitement, dans les quatre à huit premiers jours, qui pourrait être contrée par l’administration conjointe d’acétate de mégestrol pendant quinze jours. Ce protocole permettrait la reprise d’une cyclicité en trois à dix-huit semaines après le retrait de l’implant. Ces nouveaux médicaments présentent une durée d’efficacité séduisante, associée néanmoins à un protocole de mise en œuvre relativement lourd.

Le but de tous ces nouveaux protocoles est d’assurer une maîtrise de la fonction de reproduction sans altérer la fertilité ultérieure.

  • (1) S. Görlinger, H.S. Kooistra, A. van den Broek, A.C. Okkens : « Treatment of fibroadenomatous hyperplasia in cats with aglepristone », J. Vet. Intern. Med., 2002, vol. 16, n° 6, pp. 710-713.

CONFÉRENCIER

Francis Fieni, professeur agrégé, service de pathologie de la reproduction de l’école de Nantes, diplomate ECAR.

Article rédigé d’après la conférence « Utilisation des nouvelles molécules en reproduction », présentée au congrès de l’Afvac 2006, organisé à Bordeaux (Gironde).

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