Certains indicateurs permettent de différencier précocement les infections

La septicémie constitue la première cause de mortalité chez le poulain dans les sept premiers jours de sa vie.

L’expérience en médecine humaine suggère que l’institution d’un traitement antibiotique approprié dans les vingt-quatre heures qui suivent le prélèvement pour culture d’un échantillon sanguin améliore grandement le pronostic pour le patient. Il est même démontré que le taux de survie des patients en choc septique diminue de 5 à 10 % après chaque heure de délai d’administration du traitement, pendant les six premières heures du choc.

Même si des données équivalentes chez le poulain ne sont pas disponibles, il est fort possible que l’institution précoce du bon traitement améliore le taux de survie. Sachant que les résultats de l’hémoculture et de l’antibiogramme ne sont obtenus qu’après quarante-huit heures au moins, une étude⁽¹⁾ a cherché à identifier des indicateurs plus précoces qui permettent de guider le choix vers le bon traitement antibiotique.

L’étude corrèle anamnèse, signes cliniques, examens sanguins et nature de l’infection

Des hémocultures positives issues de 85 poulains de moins de dix jours, 109 isolats bactériens sont obtenus. Un seul organisme est cultivé chez 66 poulains et 2 ou plus chez les autres, soit 19 poulains. 59 poulains présentent une culture Gram négatif (dont 8 avec plusieurs organismes) et 13 une culture Gram positif (avec une seule bactérie). 8 cultures sont un mélange de bactéries Gram négatif et positif et 3 comprennent des organismes aérobies et anaérobies.

Escherichia coli est la bactérie isolée la plus communément (44 % des poulains), suivie par Actinobacillus spp. (25 %) dont un peu plus de la moitié est Actinobacillus equuli, et Streptococcus spp. (12 %), non hémolytiques pour la plupart. Les autres bactéries isolées incluent Enterococcus spp., Klebsiella spp., Bacillus spp., Corynebacterium spp. Acinetobacter baumanii, Pseudomonas spp. et Enterobacter cloacae.

Les infections mixtes sont plus fréquentes chez les poulains dont la vigilance est diminuée

Les informations recueillies dans l’anamèse ne sont pas corrélées statistiquement au type d’infection bactérienne, même si E. coli est surreprésenté chez les poulains nés lors d’une parturition sans problème et que Streptococcus spp. l’est chez ceux qui ont souffert d’une dystocie. Les animaux atteints d’une infection à organismes multiples ont plus de risques d’être abattus, en décubitus lors de l’hospitalisation, et de présenter une fréquence cardiaque haute, ainsi qu’une détresse respiratoire. Les poulains infectés par Streptococcus spp. ont plus de chances d’être calmes, alertes et réactifs. Un quart des poulains montrent des signes d’immaturité et un peu moins d’un quart d’entre eux présentent des symptômes d’infection respiratoire ou d’articulations gonflées.

Les poulains avec une culture Gram négatif ont un comptage leucocytaire total (7,5 ± 6,8 x 109/l versus 11,7 ± 7,6 x 109/l) et lymphocytaire (1,2 ± 0,7 x 109/l versus 1,51 ± 0,6 x 109/l) plus bas, ainsi que des changements toxiques des neutrophiles plus marqués que les poulains à bactériémie Gram positif. Aucune différence n’est finalement mise en évidence sur la numération formule entre les poulains à infection mixte et ceux qui ne sont infectés que par un seul organisme. En revanche, entre vingt-quatre et quarante-huit heures, les neutrophiles ont plus de granulations toxiques et les neutrophiles non segmentés sont en plus grand nombre lors de bactériémie mixte.

Les infections à organismes multiples sont associées à une tachycardie (123 ± 35/min versus 108 ± 27), à une concentration sérique élevée en sodium, chlore et urée, à une acidémie (pH = 7,17 ± 0,16 versus 7,31 ± 0,09), à une détresse respiratoire, à un décubitus et à la mort. Les infections à Actinobacillus spp. sont associées à une leucopénie (neutropénie et lymphopénie) et à un état de vigilance faible lors de l’hospitalisation.

La tendance montre un taux de survie plus élevé pour les bactériémies à Gram positif (85 %) que pour celles à Gram négatif (68 %). Il est possible que le faible effectif d’infections à Gram positif n’ait pas permis d’atteindre une différence statistique. Les sepsis à Gram positif en médecine humaine sont associés à un meilleur taux de survie. Celui-ci est aussi plus élevé pour les infections à un seul organisme (72 %) que pour les infections mixtes (42 %). Cette tendance est également identifiée chez l’homme. L’étude a mis au jour de nombreuses tendances qui ne sont pas toutes soutenues par l’analyse statistique. Un effectif plus large aurait sans doute permis d’atteindre un meilleur niveau de significativité. Toutefois, un tableau clinique et paraclinique pour les infections mixtes, à Gram negatif et à Actinobacillus spp., est identifié et peut constituer un outil précoce pour aider au choix thérapeutique.

• (1) K.T.T. Corley, G. Pearce, K.G. Magdesian et W.D. Wilson : « Bacteraemia in neonatal foal : clinicopathological differences between Gram positive and Gram negative infections, and single organism and mixed infections », Equine Vet. J., 2007, vol. 39, n° 1, en pages 84 à 89.