Les indications et les formes galéniques des anti-inflammatoires diffèrent selon l’affection - La Semaine Vétérinaire n° 1282 du 14/09/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1282 du 14/09/2007

Ophtalmologie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

L’œil possède différentes barrières qui doivent être franchies pour pouvoir y pénétrer.

Le premier élément du choix d’un anti-inflammatoire en ophtalmologie est lié à la biodisponibilité des molécules dans les différentes parties oculaires. Les médicaments doivent être efficaces en surface ou pénétrer à l’intérieur de l’œil.

La cornée est composée d’un épithélium lipophile à travers lequel ne passent que les molécules ionisées. Elle constitue donc une zone de résistance majeure (3 à 5 % de franchissement actif dans la chambre antérieure). En outre, cette circulation dépend de l’état de la cornée, des éventuelles altérations de l’épithélium et de l’inflammation, qui peut induire une vasodilatation conjonctivale. La conjonctive, quant à elle, est une grande surface hydrophile dont le rôle dans la résorption des molécules est mineur. Enfin, deux barrières, hémato-aqueuse et hémato-rétinienne, protègent l’œil. La seconde ne permet que peu de passage. La rupture de ces barrières lors d’inflammation favorise le passage dans l’œil de molécules administrées par voie générale.

L’emploi des liposomes, qui améliorent la biodisponibilité, va se développer

L’efficacité thérapeutique dépend aussi de la voie d’administration. Ainsi, une partie d’une goutte de collyre instillée dans l’œil s’évapore ou s’écoule par débordement et l’autre partie se dilue dans le film lacrymal. Afin de minimiser l’évacuation involontaire, une occlusion digitée pendant quelques instants ou une augmentation des concentrations sont préconisées. Cette dernière option risque de majorer les effets secondaires. C’est pourquoi certaines prodrogues sont intéressantes. L’emploi de suspensions, plus irritantes, augmente le temps de contact de l’œil avec la molécule. En outre, les laboratoires peuvent jouer sur l’excipient ou la viscosité du médicament à instiller. Ainsi, les pommades et les gels, qui sont des polymères hydrophiles, assurent un contact oculaire plus long. L’emploi des liposomes ou des nanoparticules, qui améliorent la biodisponibilité, va se développer. Des difficultés de production et, surtout, de stérilisation de ces éléments freinent, pour le moment, cette évolution.

L’injection sous-conjonctivale, la plus courante, permet le passage de molécules dans la chambre antérieure et dans le vitré par voie sclérale, une partie se diffusant également dans la circulation générale. D’autres voies injectables sont envisageables, dans la chambre antérieure ou le vitré, en prenant garde à la toxicité du produit vis-à-vis de la rétine, du cristallin ou de l’endothélium cornéen.

Plusieurs molécules à efficacité anti-inflammatoire sont disponibles

Les corticoïdes, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et les immunosuppresseurs sont administrés par voie locale ou générale. La forme acétate passe mieux que la forme phosphate. Cependant, il convient de se méfier de la toxicité cornéenne des collyres qui comportent des agents anesthésiques locaux. Par voie systémique, la prednisone se diffuse davantage à travers la barrière hémato-oculaire que la prednisolone.

Par voie locale, les corticoïdes peuvent être administrés toutes les cinq minutes pendant la première heure. La dexaméthasone semble mieux indiquée que la prednisone lors de lésions de l’épithélium(1). La voie intraconjonctivale est possible (Depo-Medrol® ou Kenacort®). En urgence, un bolus intraveineux de méthylprednisolone augmente la biodisponibilité, avant un relais per os (0,5 à 2 mg/kg/j chez le chien et 1 à 4 mg/ kg/j chez le chat).

Les collyres contenant des AINS sont localement moins bien tolérés que les corticoïdes et imposent une surveillance régulière de l’intégrité de la cornée en raison de leur toxicité sur l’épithélium. En outre, l’augmentation de la fréquence de leur instillation n’est pas recommandée, car leurs effets secondaires locaux sont alors majorés sans que l’efficacité soit plus grande. Leur concentration intra-oculaire ne s’accroît pas, contrairement à ce qui se passe avec les corticoïdes. L’acide tolfénamique peut être prescrit en cas d’uvéite, notamment lors d’uvéite leishmanienne (d’après Maurice Roze). Le carprofène peut être utilisé par voie intraveineuse, en phase préopératoire d’une chirurgie de la cataracte, car son action anti-inflammatoire apparaît meilleure que celle du méloxicam.

L’azathioprine est à proscrire chez le chat en raison du rique d’anémie arégénérative

Parmi les immunomodulateurs, la ciclosporine en pommade ne pénètre presque pas dans l’œil. Elle permet de traiter les troubles dysimmunitaires de la cornée (kératite superficielle chronique du berger allemand, ulcère du teckel à poil long). Par voie orale, la posologie est de 5 mg/kg/j pour certaines uvéites. La prescription d’azathioprine (Imurel® à la dose de 0,5 à 2 mg/kg/j), à ne jamais utiliser chez le chat en raison du déclenchement possible d’une anémie arégénérative dans cette espèce, doit faire l’objet d’un suivi hématologique et biochimique régulier.

  • (1) D.V.H. Hendrix et coll. : « Effects of anti-inflammatory drugs and preservatives on morphologic characteristics and migration of canine epithelial cells in tissue culture », Veterinary Ophthalmology, vol. 5, n° 2, 2002, pp. 127-135

CONFÉRENCIER

Eric Dean, praticien à Paris (XVIe).

Article rédigé d’après la conférence « Choisir le bon anti-inflammatoire en ophtalmologie : quelle galénique pour quels résultats ? », présentée au congrès de l’Afvac 2006, organisé à Bordeaux (Gironde).

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