La besnoitiose bovine n’est plus cantonnée à quelques zones “refuges” - La Semaine Vétérinaire n° 1282 du 14/09/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1282 du 14/09/2007

Parasitisme

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

Cette protozoose, en émergence, nécessite d’être dépistée précocement. La lutte repose sur l’élimination des animaux malades et contaminés.

Selon Jean-Pierre Alzieu, il s’agit d’une « expansion géographique sans précédent ». Notre confrère évoque ainsi la besnoitiose bovine, dont la prévalence ne cesse d’augmenter depuis une dizaine d’années dans l’Hexagone. L’affection, également appelée “anasarque des bovins”, est due à un protozoaire. Décrite à l’école vétérinaire de Toulouse par les professeurs C. Besnoit et V. Robin en 1912, elle n’était plus observée dans notre pays, entre 1970 et 1990, que dans quelques zones “refuges” du Piémont pyrénéen français oriental. Depuis peu, « la maladie progresse fortement vers le nord », souligne Jean-Pierre Alzieu (voir carte).

Une transmission mécanique via des insectes ou des aiguilles

Le mode de transmission de l’agent en cause, Besnoitia besnoiti, est hétéroxène, avec un cycle intestinal classique de type coccidie, avec schizogonie puis gamogonie chez l’hôte définitif qui est un félidé. L’hôte intermédiaire est un ruminant, un bovin le plus souvent. Mais ce cycle, peu fréquent, est considéré comme mineur. Le cycle monoxène – d’un bovin contaminé à un bovin sain – est, quant à lui, d’une importance majeure. Des insectes piqueurs (tabanidés, stomoxes, moustiques) ou une aiguille souillée lors d’une injection peuvent être responsables de la transmission mécanique des bradyzoïtes issus de kystes cutanés d’un animal contaminé à un autre. En effet, les kystes à bradyzoïtes sont présents souvent en grande quantité dans les muqueuses, le tissu conjonctif intermusculaire, les espaces conjonctifs, l’endothélium des vaisseaux, la peau et dans les tubes séminifères (voir photo ci-dessus). La transmission vectorielle du parasite explique l’allure “pseudo-contagieuse” et la saisonnalité marquée de la maladie.

La besnoitiose présente une incidence maximale de juillet à septembre

L’affection se caractérise par une évolution symptomatique en trois phases : le syndrome fébrile, la période des œdèmes et celle de la sclérodermie et des dépilations. Une enquête épidémiologique a montré qu’elle atteint préférentiellement des bovins âgés de deux à quatre ans, et plus gravement les mâles. Il s’agit d’une maladie saisonnière, sévissant de la fin du printemps à l’automne, avec une incidence maximale de juillet à septembre. Des formes hivernales existent. L’élevage en estive de juin à octobre est un facteur de risque majeur (mélange d’animaux et présence d’insectes piqueurs). Des élevages sédentaires allaitants et laitiers sont également touchés.

« Le traitement est efficace seulement s’il est effectué lors de la phase fébrile », explique notre confrère. Cependant, les symptômes sont encore peu spécifiques à ce stade. La besnoitiose doit alors être distinguée des maladies respiratoires infectieuses, de la blue tongue et, à un degré moindre, du coryza gangreneux en phase débutante. Dans le doute, en région d’endémie, il est conseillé de mettre en place le traitement “spécifique” de la besnoitiose. A ce stade, le pronostic est bon. Mais, à l’approche de la phase de sclérodermie, il devient réservé.

Des tests sérologiques et une PCR détectent les animaux malades et porteurs

« Des tests fiables sont désormais à la disposition des praticiens », ajoute Jean-Pierre Alzieu. Il s’agit d’un examen Elisa et d’un Western blot qui mettent en évidence, notamment, la forme subclinique, réservoir du parasite dans les troupeaux infectés. En pratique, dans les zones d’endémie, l’Elisa permet d’effectuer un dépistage de masse et le Western blot de confirmer, le cas échéant, la positivité trouvée avec le premier test. Pour les cas isolés, l’association des deux examens est indispensable.

Une RT-PCR (reverse transcriptase-polymerase chain reaction) permet d’établir la présence de Besnoitia dans des biopsies cutanées. Méthode quantitative, cet examen est ultrasensible, avec le dépistage d’un parasite dans un volume de 200 µg de biopsie.

Le traitement – efficace seulement s’il est précoce – repose sur l’utilisation d’anti-infectieux associés à des anti-inflammatoires et à des diurétiques. Les sulfamides restent, à ce jour, les molécules de choix, administrées souvent à de fortes doses (la sulfadimérazine à raison de 150 à 200 mg/kg et la sulfadiméthoxine à 60 à 80 mg/kg). La voie intraveineuse lente est vivement conseillée en première intention. La durée du traitement est de cinq à sept jours. Dans un second temps, le relais peut être pris par la voie orale.

La seule prophylaxie est d’ordre sanitaire. Le traitement ne permet pas de “stériliser” le bovin vis-à-vis du parasite. En zone d’endémie, il convient donc d’éliminer tous les animaux atteints, même ceux qui semblent guéris après le traitement. Les porteurs asymptomatiques doivent être dépistés par un examen sérologique individuel réalisé sur l’ensemble du cheptel.

La lutte repose également sur le contrôle des insectes piqueurs vecteurs. Il convient d’assurer, de début avril à fin octobre, la présence permanente et prolongée d’un insecticide sur le tégument. Les pyréthrinoïdes sont les plus employés en pulvérisations et en formulations pour-on, à une fréquence qui ne doit pas excéder toutes les trois semaines.

En région indemne, une analyse de risque est réalisée et, lors de doute, un contrôle sérologique à l’achat est requis. Si un cas clinique apparaît, il faut éliminer l’animal sans délai.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr