L’influenza est suspectée chez trois cygnes morts en Moselle - La Semaine Vétérinaire n° 1277 du 07/07/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1277 du 07/07/2007

Virus H5N1 HP. Pas de trêve estivale pour la grippe aviaire

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Après la contamination avérée d’élevages en république Tchèque et la confirmation de cas dans l’avifaune sauvage en Allemagne, la France est à son tour en alerte.

Trois jeunes cygnes ont été trouvés morts sur un étang de la commune d’Assenoncourt, dans le département de la Moselle. Les résultats des premières analyses, reçus ce jour, font état d’une suspicion d’influenza aviaire. Ils sont en cours de confirmation au laboratoire national de référence de l’Afssa de Ploufragan afin de déterminer s’il s’agit bien d’une infection par la souche du virus H5N1 hautement pathogène. » L’annonce du ministère de l’Agriculture faite le 3 juillet dernier a immédiatement été reprise par les médias. Le communiqué précise que la suspicion entraîne l’instauration immédiate de mesures de précaution dans la zone concernée.

Dans le périmètre de contrôle d’un rayon d’environ un kilomètre mis en place autour de l’étang, cela implique le renforcement de la surveillance de la mortalité des oiseaux sauvages, le confinement des oiseaux captifs et la réalisation de visites vétérinaires chez leurs détenteurs, l’interdiction des rassemblements et de la chasse aux oiseaux, ainsi que le contrôle des mouvements des chats et des chiens par leurs propriétaires. Les mêmes dispositions s’appliquent dans la zone d’observation d’un rayon de quinze kilomètres autour du point d’eau, exception faite de la visite vétérinaire chez les détenteurs d’oiseaux captifs et du contrôle des mouvements des chiens et des chats.

Les résultats finaux du laboratoire de référence de l’Afssa, qui permettront de confirmer ou d’infirmer l’implication du virus H5N1 HP dans la mort des volatiles (et donc de décider du maintien ou non du dispositif), devaient être officiellement connus le 5 juillet, après la mise sous presse de ce numéro.

La Moselle n’appartient pas à l’une des 46 premières zones à risque particulier

Force est de constater la réactivité du nouveau ministère de l’Agriculture face à ces événements.

Le 24 juin, une information officielle émanant des autorités allemandes annonce que deux cygnes retrouvés morts près de Nuremberg, en Bavière, dans le sud du pays, sont porteurs du virus H5N1 HP. Michel Barnier, le nouveau ministre de l’Agriculture, décide alors sur le champ, sans attendre l’avis de l’Afssa, d’augmenter le niveau de risque en France, qui passe de « négligeable 2 » à « modéré »(1) (le quatrième échelon sur une échelle qui en compte six)(2). Outre les mesures de biosécurité déjà existantes(3), cela implique l’instauration de dispositions supplémentaires dans les quarante-six zones à risque particulier (voir ci-contre). Elles consistent en un confinement des oiseaux ou leur protection par des filets (ou des mesures de biosécurité alternatives pour les élevages non confinables). Par ailleurs, les rassemblements d’oiseaux et les compétitions de pigeons au départ ou survolant ces zones sont interdits. En outre, les oiseaux détenus dans ces zones à risque ne peuvent participer à des rassemblements organisés sur le reste du territoire national. Pour leur part, les oiseaux d’ornement non confinables doivent être vaccinés.

Le 26 juin, l’Afssa a estimé ces mesures « opportunes, compte tenu des incertitudes concernant l’origine des cas de contamination par le H5N1 HP dans un élevage de dindes en république Tchèque, puis dans l’avifaune sauvage en Allemagne ». L’agence avait été saisie cinq jours plus tôt par la Direction générale de l’alimentation (DGAL) pour évaluer le niveau de risque en matière d’influenza aviaire à appliquer dans l’Hexagone à la suite de la détection d’un foyer de sous-type H5N1 HP dans un élevage de 6 000 dindes à Tisova, au centre de la république Tchèque.

Une parenté antigénique de plus de 99 % entre les souches allemande et tchèque

Le virus H5N1 HP réapparaît à un moment et à un endroit où il n’était pas “attendu”.

Depuis les premiers cas de contamination de l’avifaune sauvage en Allemagne, d’autres oiseaux sauvages retrouvés morts et porteurs du virus H5N1 HP ont été signalés en Bavière (une dizaine selon les sources), mais aussi en Saxe, près de Leipzig, dans l’est du pays, le 26 juin dernier.

Du côté de la république Tchèque, un second foyer chez des volailles domestiques a été rapporté le 27 juin dans un élevage de 28 000 poulets situé à Norin, à quatre kilomètres du précédent. Un cygne a par ailleurs été retrouvé mort près de Lednice, au sud-est du pays. Si l’origine de la contamination en Allemagne n’est pas encore clairement déterminée, les premières analyses effectuées montrent une parenté antigénique de 99,2 % entre les souches d’outre-Rhin et celles des foyers domestiques tchèques. En république Tchèque, la circulation du virus à bas bruit dans l’avifaune sauvage depuis l’année dernière (comme dans d’autres pays d’Europe de l’Est) n’est pas exclue. Voici plus d’un an, une dizaine de cas d’infection chez des oiseaux sauvages ont en effet été identifiés en Bohème du Sud, au sud-ouest du pays. Cela pourrait expliquer la contamination de l’avifaune sauvage allemande (donc aussi les cas chez les oiseaux sauvages “voisins” de l’Hexagone) via le déplacement d’espèces non migratrices (les migrations étant terminées depuis plusieurs semaines), en raison de conditions climatiques défavorables. D’autres hypothèses restent à l’étude. En effet, la souche tchèque présente 99,5 % de parenté antigénique avec une souche isolée au Koweit en mars dernier, notamment chez des faucons.

Pour le moment, depuis le début de l’épizootie asiatique fin 2003, le virus apparaît et disparaît sur le Vieux Continent, sans faire trop de ravages, grâce aux mesures prises par les pouvoirs publics. Cette année, le H5N1 HP a été détecté dans des exploitations industrielles de trois pays membres de l’Union : la Hongrie et le Royaume-Uni en janvier et février derniers, et la république Tchèque en juin. En France, les mesures de surveillance et de protection instaurées n’ont pas mis en évidence la présence du virus sur le territoire depuis avril 2006.

La Commission européenne rappelle en outre que le virus H5N1 HP a été retrouvé chez plus de 700 oiseaux sauvages dans l’Union l’an passé. Les cas allemands, tchèques (et français à confirmer officiellement) dans l’avifaune sauvage sont les premiers à déplorer cette année.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1276 du 30/6/2007 en page 14.

  • (2) Il existe six niveaux de risque : négligeable 1, négligeable 2, faible, modéré, élevé et très élevé.

  • (3) Surveillance des oiseaux sauvages et des élevages, abreuvement et alimentation sous abri, interdiction d’utiliser des eaux de surface, vaccination des oiseaux dans les zoos, surveillance et prévention particulière des appelants.

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