LES CHARGES RESTENT UN FREIN MAJEUR POUR LES LIBÉRAUX - La Semaine Vétérinaire n° 1276 du 30/06/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1276 du 30/06/2007

À la une

Auteur(s) : Marine Neveux

Semaines à rallonge, lourdeur des charges sociales ou encore difficulté à embaucher sont quelques éléments communs aux professionnels libéraux, comme en témoignent les résultats d’une récente enquête. Si tout n’est pas rose, tout n’est toutefois pas noir et, en général, ceux qui ont fait le choix du secteur libéral ne le regrettent pas. Certains lui prédisent même une embellie.

L’actualité brûlante autour des questions sociales et fiscales, notamment le projet de loi sur la réforme du régime fiscal et social des heures supplémentaires soumis à l’Assemblée nationale début juillet, ne peut laisser les professionnels libéraux (dont les vétérinaires) indifférents. Ils considèrent majoritairement les charges auxquelles ils sont soumis comme un frein à leur activité. Ce point de vue commun illustre la similarité souvent constatée dans les profils et les évolutions des différentes professions libérales. C’est ce que montre notamment une enquête socio-économique lancée à l’automne 2006 auprès des chefs d’entreprise libérale par l’Union nationale des professions libérales (UNAPL), dont les résultats viennent d’être dévoilés. De grandes tendances se dégagent des 4 200 réponses au questionnaire adressé à un échantillon aléatoire interprofessionnel dans lequel étaient représentés les secteurs de la santé, du droit, des techniques et du cadre de vie.

Des charges sociales qui plombent le marché de l’emploi

72 % des professionnels estiment que la lourdeur des charges sociales constitue un frein à l’embauche, ce taux atteignant 80 % chez les médecins (voir graphique 1). Par ailleurs, 32 % des chefs d’entreprise se plaignent de la complexité administrative ou encore de la difficulté à trouver des salariés qualifiés. En outre, 35 % des libéraux disent rencontrer des difficultés financières (voir graphique 2 en page 24). Elles sont notamment dues au poids des cotisations sociales personnelles, surtout au début de l’activité. 93 % des professionnels préconisent donc leur diminution (voir graphique 3 en page 24).

La météo des professions libérales s’oriente-t-elle vers l’embellie ou la morosité ? Les chiffres ne permettent pas de le deviner, d’autant que leur interprétation mérite des précautions. Toutefois, certains n’hésitent pas à faire des prévisions. Ainsi, un récent article du Monde(1), consacré aux métiers de la santé, soulignait l’accélération « des fins de carrière dans les professions libérales dans le septennat à venir […] ». « Autant dire que les diplômes de médecins, de pharmaciens, de biologistes et autres vétérinaires, sans parler des infirmières et autres cadres de santé hospitaliers, sont dès aujourd’hui très recherchés », poursuivait le quotidien. Et Véronique Dugué (A 85), consultante, de poursuivre en abordant la place des confrères dans l’entreprise : « La filière vétérinaire, dont les diplômés sont souvent considérés comme moins “cols blancs” que les médecins, sont assurés de très nombreux débouchés : l’environnement, l’industrie agro-alimentaire et les contrôles sanitaires, ainsi, bien entendu, que la pharmacie, où ils peuvent investir les champs de la recherche comme ceux du business. Dans l’actuelle situation de pénurie, les candidats sont de mieux en mieux informés et exigeants. »

Des semaines longues, bien loin des trente-cinq heures

Sans se risquer à l’exercice des prévisions, l’enquête de l’UNAPL explore les caractéristiques actuelles des professions libérales. La première d’entre elles concerne le temps de travail (voir graphique 4). Ainsi, 68 % des professionnels interrogés déclarent travailler plus de quarante et une heures par semaine, dont la moitié plus de cinquante-cinq heures. 58 % des libéraux interrogés considèrent manquer de temps pour la formation professionnelle, et 53 % pour leur vie familiale (ce taux s’élève à 63 % chez les médecins). 40 % des médecins précisent travailler plus de cinquante-cinq heures hebdomadaires, et 35 % entre quarante et une et cinquante-cinq. En outre, 45 % de ces professionnels jugent leur clientèle suffisante, alors qu’elle est trop nombreuse pour 30 % d’entre eux !

Du côté des vétérinaires, une enquête récente menée pas la Caisse autonome de retraites et de prévoyance (CARPV)(2) révèle que la moitié d’entre eux travaillent entre huit et dix heures par jour, 34 % entre deux cent cinquante et trois cents jours par an, et 8 % plus de trois cents jours. Elle indique en outre que le temps de travail est plus élevé chez les confrères que chez les consœurs. L’enquête de l’UNAPL, pour sa part, n’explore pas la parité (ou l’absence de parité) en termes de temps de travail.

L’exercice “en solo”… ne se fait pas toujours en solitaire

L’exercice en entreprise individuelle représente 61 % de l’échantillon interrogé versus 37 % pour l’exercice en structure. Le travail “en solo” semble donc majoritaire. Toutefois, ces chiffres sont à prendre avec précaution, car 33 % des professionnels en entreprise individuelle emploient un salarié. De même, l’exercice en solo n’exclut pas la mise en commun de moyens (locaux, secrétariat, etc.), via la mise en place d’une société civile de moyen (SCM).

Parmi les professionnels qui déclarent exercer sous la forme d’une structure, 43,8 % ont opté pour la SCM, 8,8 % pour la société civile professionnelle (SCP), 2,1 % pour la société d’exercice libéral (SEL) et 45,2 % pour une autre solution (société à responsabilité limitée, associations diverses). Chez les professionnels de santé, la SCM est la forme la plus souvent retenue, puisque 45 % des médecins exercent à travers ce type de société contre 2 % en SEL.

Chez les vétérinaires, les SCP sont particulièrement représentées, même si d’autres types de structures sont également choisis. L’exercice en solo fait plutôt moins d’adeptes chez les confrères que dans d’autres professions, comme en témoignent les données de l’Annuaire Roy. Il est toutefois difficile de distinguer les vétérinaires réellement seuls de ceux qui emploient un personnel non vétérinaire. L’exercice en solitaire concernerait 25 % des praticiens canins et 14 % des mixtes, c’est-à-dire des taux inférieurs à ceux relevés chez l’ensemble des professionnels libéraux. Selon l’Annuaire Roy, les trois quarts des praticiens canins exclusifs exercent avec un ou plusieurs confrères (associés ou salariés). En outre, les vétérinaires qui travaillent dans des structures à cinq associés ou plus ont connu une croissance de 75 % en cinq ans. Cette évolution du regroupement peut notamment s’expliquer par le souhait de consacrer plus de temps à la formation, mais aussi à la famille. L’enquête de la CARPV fait apparaître des revenus plus élevés pour ceux qui exercent en groupe.

Des projets d’embauche, notamment via le statut de collaborateur libéral

Selon l’enquête de l’UNAPL, 14 % des professionnels en entreprise individuelle envisagent une collaboration avec un confrère, 40 % en raison du développement de l’activité, 35 % pour faire face à une surcharge ponctuelle de travail et 25 % pour favoriser la transmission d’entreprise. Ainsi, 15 % des médecins souhaitent recruter un confrère. Et 9 % des professionnels en entreprise individuelle souhaitent embaucher un salarié, 44 % pour déléguer des tâches, 42 % pour faire face à un surplus d’activité. La collaboration libérale semble donc avoir les faveurs des chefs d’entreprise. Introduit par la loi Dutreil II en août 2003, ce statut permet au collaborateur d’être indépendant, socialement et fiscalement, tout en bénéficiant du matériel, des locaux et de la clientèle de l’employeur, au moins au départ. Cela permet souvent de mettre le pied à l’étrier, dans l’objectif éventuel d’une association ultérieure. Au sein de la profession vétérinaire, ce type de contrat en est encore à ses débuts. Des données plus précises pourraient être prochainement communiquées, puisqu’un bilan sur l’utilisation de ce statut avait été envisagé deux ans après son lancement.

L’enquête révèle par ailleurs que 65 % des structures en groupe emploient des salariés. 52 % en comptent au moins cinq et 13 % plus de six.

Concernant le calendrier des embauches, 8 % des professionnels qui exercent en groupe en envisagent une dans les douze mois à venir, sous la forme d’un contrat à durée indéterminée (CDI) dans 62,5 % des cas. 17 % des structures de groupe souhaitent accueillir un nouveau professionnel libéral.

Malgré cette volonté, tous les professionnels ne connaissent pas les mesures destinées à faciliter l’embauche. Ainsi, 8,5 % des libéraux déclarent ne pas avoir entendu parler du contrat nouvelle embauche (CNE), et 31,6 % n’ont pas conscience de la simplification apportée par le chèque emploi TPE. Ceux qui en ont été informés ou qui y ont recours plébiscitent sa facilité d’emploi et la simplification administrative, ainsi que la souplesse et la flexibilité de l’embauche. En revanche, 10 % n’y voient aucun intérêt pour les très petites entreprises.

Pour leur part, les vétérinaires semblent avoir mis à profit les nouvelles aides à l’emploi. Un tiers d’entre eux les avaient mises en œuvre voici un an. Le chèque emploi service explique sans doute ce succès, notamment parce qu’il permet de faire appel à du personnel de façon ponctuelle et simple. Les confrères avancent l’incertitude sur l’activité de la clinique et la nécessité de tester la compétence de la personne embauchée comme motivation pour utiliser le CNE.

Mais avant d’embaucher, il faut être installé. Pour cela, 48 % des professionnels ont eu recours à un financement personnel, alors que 41 % l’ont fait via un prêt bancaire et le reste en faisant appel à la famille (les trois types de financement sont parfois conjointement mis en œuvre). 45 % des professionnels interrogés déclarent n’avoir rencontré aucune difficulté pour obtenir les fonds nécessaires, alors que 7 % font état de difficultés lors de la demande de prêt.

La pose de la plaque se fait globalement avant trente-cinq ans

L’âge moyen auquel les professionnels libéraux “franchissent le pas” est de trente-trois ans et demi. Une fois installés, 86 % se disent satisfaits de l’état de leur activité, même si beaucoup n’ont qu’une faible clientèle pendant les deux premières années.

De plus en plus, ceux qui posent leur plaque sont des femmes. En effet, la féminisation est un phénomène croissant dans l’ensemble des professions libérales. Ainsi, si 31,5 % des médecins en activité sont des praticiennes, la gent féminine représente 43 % de l’effectif des autres professionnels de santé. La même tendance est observée chez les vétérinaires(3), puisqu’un tiers des praticiens en exercice sont des consœurs. Cette féminisation s’accentuera dans les décennies à venir, pour atteindre une proportion égale d’hommes et de femmes.

  • (1) « Les métiers de la santé en pleine ébullition », article paru le 19/6/2007.

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1244 du 11/11/2006 en page 20.

  • (3) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1252 du 13/1/2007 en pages 28 à 31.

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