La dermatophytose continue à sévir de façon endémique - La Semaine Vétérinaire n° 1275 du 23/06/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1275 du 23/06/2007

Dermatologie équine

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins

Les agents de la teigne sont Trichophyton equinum et verrucosum, Microsporum gypseum et equinum.

La teigne est une dermatose fréquente chez les équidés. La transmission entre les chevaux a lieu par le biais du matériel contaminé. Les spores, particulièrement résistantes dans l’environnement, survivent pendant des périodes prolongées. Les mouches peuvent en outre transmettre Microsporum spp. Habituellement, un point d’entrée cutané est nécessaire pour l’installation de l’infection (abrasion, plaie de frottement due au harnachement, etc.).

Les lésions typiques correspondent à des zones circulaires dépilées

Une période d’incubation de deux à trois semaines précède l’apparition des signes cliniques de la teigne. Les premiers symptômes correspondent à une modification de l’angle des poils dans une zone circulaire de 5 à 20 mm de diamètre, avec l’accumulation de fines squames entre eux. Ensuite, les zones circulaires se dépilent. Microsporum spp tend à produire des lésions de plus petit diamètre et la perte de poils dans la zone circulaire lésée est partielle. En revanche, les lésions induites par Trichophyton spp donnent une alopécie uniforme et la surface de la peau peut être suintante, parfois douloureuse. Un prurit est rarement observé.

Les différentes zones coalescentes deviennent davantage diffuses, avec une desquamation intense. La cicatrisation se fait à partir du centre de la lésion. Parfois, une surinfection bactérienne secondaire se produit et les lésions deviennent purulentes. Les sites d’infection les plus fréquents sont les zones de contact du harnachement. Ils s’étendent dans un second temps au tronc, à l’encolure, à la tête et aux membres.

Une certaine immunité se développe avec l’âge. Les réinfections sont possibles, mais les lésions sont habituellement plus petites, moins sévères et elles disparaissent plus facilement.

Les dermatites staphylococciques et la dermatophilose localisée peuvent produire des lésions ressemblant à celles de la teigne. Les éruptions liées à la sueur sont aussi à considérer, car elles concernent les mêmes zones. En revanche, de petites croûtes sont présentes et les poils ne s’arrachent pas facilement.

L’identification microscopique des dermatophytes est facilement réalisable

Comme de nombreux champignons saprophytes et des bactéries sont présents à la surface de la peau, la zone à prélever peut être lavée délicatement avec de l’eau ou de l’alcool, puis séchée, avant de réaliser le prélèvement. Les poils intacts en périphérie des zones circulaires lésées sont ceux qui contiennent le plus de champignons. Ils doivent être arrachés en prenant soin de recueillir les follicules pileux entiers. Un grattage des lésions (même alopéciques) permet de récolter des débris cutanés et des poils pour l’examen microscopique, après l’ajout d’une solution d’hydroxyde de potassium ou de lactophénol.

Comme la culture fongique est lente (parfois plus de trente jours), elle n’est employée qu’en cas d’échec thérapeutique. Les poils sont placés sur une gélose Sabouraud, qui comporte une teinture de phénol rouge (le milieu devient rouge vif en quelques jours si un dermatophyte est présent). La culture de Microsporum spp est encore plus délicate et sa croissance peut être favorisée par l’ajout d’une goutte de solution de multivitamines B. Quant à Trichophytum verrucosum, il ne se développe pas sur une gélose Sabouraud.

L’usage de la lampe de Wood est limité, car seul M. equinum produit parfois une fluorescence.

Un examen histologique (rarement requis) peut montrer la présence de spores fongiques dans les follicules pileux.

L’hygiène est à la base du contrôle des épisodes de dermatophytose

L’identification de l’espèce de dermatophyte n’est pas importante pour le choix du traitement, mais est recherchée en cas de récidives multiples au sein d’une écurie. La plupart des teignes sont des maladies auto-limitantes (au bout de cinq à dix semaines), mais il est nécessaire de traiter les chevaux atteints pour limiter l’extension de l’infection.

Il est rare que les dermatophytes affectant les chevaux puissent se transmettre à l’homme. Toutefois, dans le doute, le port de gants est recommandé pour les traitements et les soins. Les débris cutanés et les poils sont à éliminer. Tous les tapis, les couvertures, les harnachements et le matériel de pansage doivent être strictement réservés à un même cheval, et lavés régulièrement avec des solutions fongicides, tout comme l’environnement, même si l’élimination totale des spores reste illusoire.

Le traitement vise à soigner l’infection active, à réduire la formation de spores et à éliminer celles de l’environnement. Les squames et les poils des lésions sont à débrider, jusqu’à laisser apparaître la peau. Les soins locaux empêchent la progression des lésions et limitent la production de spores. Parfois, une solution iodée à 10 % est efficace. Les deux molécules antifongiques qui possèdent une autorisation de mise sur le marché pour le cheval en Europe sont la natamycine et l’énilconazole (utiliser des solutions fraîches). Il n’existe pas de résistances rapportées parmi les agents de la dermatophytose équine.

L’administration de griséofulvine (par voie orale à la dose de 100 mg/kg pendant sept jours) est controversée. Cette substance est tératogène et ne doit pas être employée chez les juments gestantes. L’utilisation d’une solution d’iodure de sodium (20 %, 250 ml par voie intraveineuse pour un cheval de 500 kg, une fois tous les sept jours, pour deux traitements) est jugée efficace. Celle-ci est aussi contre-indiquée chez les juments gestantes (avortements).

  • Sources : R.C. Pilsworth, D. Knottenbelt : « Dermatophitosis (ringworm) », Equine Veterinary Education, 2007, vol. 19, n° 3, pp. 151-154. S.D. White : « Equine bacterial and fungal diseases : a diagnostic and therapeutic update », Clinical Techniques in Equine Practice, 2005, vol. 4, n° 4, pp. 302-310.

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