L’arthrose féline se décèle surtout via une moindre capacité à sauter et à bouger - La Semaine Vétérinaire n° 1274 du 16/06/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1274 du 16/06/2007

Locomotion. Symposium au Royaume-Uni

Actualité

Auteur(s) : Karin de Lange

Les symptômes classiques de l’arthrose canine sont rares, voire inexistants chez le chat.

L’incapacité ou une baisse de la volonté de sauter, ou encore des sauts moins hauts, tels sont les signes les plus caractéristiques de l’arthrose féline. Ils sont observés dans environ 70 % des cas. C’est ce que conclut David Bennett (université de Glasgow), qui a présenté son étude prospective de terrain sur cette « affection largement sous-diagnostiquée(1) », à l’occasion du 11e symposium européen de Hill’s qui s’est tenu à Chester (Royaume-Uni), le 22 mai dernier. Selon lui, « le témoignage du propriétaire est donc la clé du diagnostic et est au moins aussi important que les observations cliniques ! ». D’autant plus que les symptômes classiques de l’arthrose canine (crépitus, articulations gonflées, mouvement articulaire réduit) sont rares, voire inexistants chez le chat, chez lequel l’évaluation des boiteries est, en outre, particulièrement difficile (« avez-vous déjà essayé de faire trotter un chat ? »). Et si « la raideur » ou « l’activité réduite » sont des signes fréquents, « les propriétaires les acceptent souvent comme des manifestations normales de la vieillesse ». De plus, la douleur est particulièrement difficile à évaluer chez le chat et la majorité des félins rechignent à se laisser manipuler, que leurs articulations soient atteintes ou non.

L’étude de David Bennett a également révélé que, contrairement au chien, près des trois quarts (71 %) des cas d’arthrose féline sont primaires, sans explication historique ou radiographique évidente de l’affection. Les coudes (45 %) et les hanches (38 %) sont les articulations les plus touchées.

Une modification comportementale constitue le premier signe d’appel

Le changement de comportement est souvent le premier indice de l’existence d’une maladie, a rappelé Sarah Heath (clinique de référence en comportement à Chester). Ainsi, parmi les signes comportementaux des chiens arthrosiques, il convient de noter un désintérêt pour les jeux et les promenades, une résistance à la manipulation et des manifestations de douleur. Toutefois, « un comportement acquis à la suite d’une phase de douleur peut persister même après la disparition de celle-ci, par le conditionnement ». Par conséquent, « l’amélioration du comportement lié à la douleur n’est pas un paramètre fiable pour mesurer la réussite thérapeutique ». La douleur chronique peut également mener à un comportement compulsif si, par exemple, l’envie de bouger (jouer, courir) dépasse le frein qu’elle impose. « Chez le chat, le manque de signes évidents rend le diagnostic d’arthrose plus difficile », a estimé Sarah Heath. Les propriétaires témoignent souvent d’une « flemme » progressive, qui indique souvent la présence de douleur chez le chat. « Cet animal est un survivant solitaire, avec des stratégies comportementales passives ». Or une exhibition ostensible de sa douleur n’a pas de rôle social. En revanche, les chats arthrosiques « arrêtent souvent de monter l’escalier et de sauter sur les genoux ou le lit. Les propriétaires interprètent souvent cette attitude comme un caprice ou un désintérêt de leur chat ».

L’influence de la nutrition dans la maladie articulaire est avérée

Gail Smith (université de Pennsylvanie) a examiné la dysplasie de la hanche canine et le succès des méthodes d’éradication. Même si le génome du chien est établi, « il est peu probable qu’il y ait bientôt un test ADN pour détecter cette affection : il faut d’abord savoir ce qu’on veut sélectionner exactement ! ». Il a analysé les méthodes classiques de sélection pour la dysplasie de la hanche (fondées sur l’évaluation des radiographies en extension) et les a comparées avec la méthode dite de PennHip, qui mesure la laxité articulaire (donnant un indice de distraction ou DI). Après un cours accéléré en génétique et une présentation des études de terrain, il conclut que, par rapport aux systèmes traditionnels d’évaluation, le DI « a une héritabilité élevée et une haute valeur prédictive pour le développement d’arthrose, permettant une meilleure pression de sélection pour un changement génétique efficace et rapide ».

« Une croissance rapide et une ingestion calcique et/ou énergétique élevée sont les principaux facteurs de risque de l’ostéochondrose et la dysplasie de la hanche », a rappelé pour sa part Gert Breur (université de Purdue, Etats-Unis), passant en revue les preuves scientifiques actuelles de l’influence de la nutrition sur la maladie articulaire. « Même si des chondroprotecteurs comme le glucosamine ou le sulfate de chondroïtine sont souvent cités comme des médicaments prometteurs, il n’y a, à ce jour, aucune étude clinique qui confirme un effet bénéfique de leur inclusion dans l’alimentation animale. Suite à des limitations réglementaires, la concentration de ces produits dans les aliments pour animaux de compagnie est bien en dessous de la dose thérapeutique recommandée. » Pour les acides gras essentiels, les aliments avec un faible taux de n-6 (action pro-inflammatoire) et un taux élevé de n-3 (freinant l’inflammation) « réduisent le besoin en anti-inflammatoires non stéroïdiens et améliorent la mobilité ».

Par ailleurs, Mitch Abrahamsen (Hill’s) a donné un aperçu des futurs développements dans le domaine de la « nutrigénomique » (l’effet de la nutrition sur l’expression du génome). « L’objectif de rendre les animaux plus jeunes sur le plan biochimique est la force cachée derrière la prochaine génération d’aliments. »

  • (1) Estimée à plus de 60 % chez les chats âgés de plus de douze ans.

Recherche sur la mobilité

Les participants ont pu visiter le nouveau centre de mobilité pour animaux de compagnie de l’école vétérinaire de Liverpool, ouvert depuis le 8 juin dernier. Financé par Hill’s, ce centre – « le premier dans son genre en Europe » – sera dédié à la recherche et recevra les cas référés en orthopédie.

Il dispose d’un matériel de diagnostic innovant et non invasif comme un analyseur biométrique, un tapis roulant pour chiens et un enregistreur cinématique.

K. de L.
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