La SNGTV surfe sur le « succès » des maladies émergentes - La Semaine Vétérinaire n° 1272 du 02/06/2007
La Semaine Vétérinaire n° 1272 du 02/06/2007

Nantes. Journées nationales des Groupements techniques vétérinaires

Actualité

Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

L’édition 2007 a rassemblé les congressistes autour du thème « pathologie infectieuse : actualités cliniques, diagnostiques et thérapeutiques, syndromes émergents ».

Qu’est-ce qui provoque l’apparition de milliers de kystes dans le tissu conjonctif sous-cutané, le derme, les fascias, ainsi que des lésions d’hyperkératose chez la vache ? Il s’agit de la besnoitiose bovine, présente dans les années 70 et 90 dans quelques zones refuges, au sein du Piémont pyrénéen français oriental. Depuis peu, la maladie, provoquée par une coccidie, semble progresser vers le nord. Cette protozoose en émergence a été l’une des affections “disséquées” lors des journées nationales des Groupements techniques vétérinaires, qui se sont déroulées à Nantes (Loire-Atlantique) du 23 au 25 mai dernier. Emergence et réémergence ont le vent en poupe. Les organisateurs du congrès ont bien perçu ce phénomène, dont ils ont tiré le thème « syndromes émergents » de l’édition 2007, plus globalement consacrée à la « pathologie infectieuse : actualités cliniques, diagnostiques et thérapeutiques ».

La fièvre catarrhale ovine n’a pas échappé au programme de ces journées. Cette arbovirose émergente a touché la France continentale pour la première fois l’an passé et a fait, depuis, l’objet d’une étroite surveillance. « En fin d’été, la mise en évidence de nombreux foyers de fièvre catarrhale ovine en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas, puis de quelques-uns dans le nord de la France, a non seulement conforté notre approche, mais l’a rendue incontournable », estime notre confrère Philippe Camuset, président du conseil scientifique, dans son éditorial en ouverture du recueil des conférences.

Une fréquentation en hausse par rapport à l’édition précédente

Le thème assez “classique” des maladies infectieuses a rassemblé 405 congressistes payants, au lieu de 330 l’année dernière. Un succès pour les organisateurs, qui avaient également joué la sécurité quant au lieu choisi, la cité des congrès de Nantes, au sein de laquelle congressistes et exposants ont désormais leurs petites habitudes. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, Nantes a également été retenue pour accueillir l’édition 2008. Les thèmes variés et attractifs proposés ont vidé les allées de l’exposition commerciale pendant les heures de conférences. Néanmoins, la part grandissante des présentations réalisées par des intervenants issus de laboratoires pharmaceutiques, lors d’ateliers sponsorisés, a parfois provoqué une gêne des congressistes. La crainte d’un manque d’objectivité des orateurs a déconcerté certains qui ont préféré faire l’impasse sur ces conférences, un peu plus nombreuses que les années précédentes (une quinzaine, au lieu d’une petite dizaine en 2006 et 2005). Il est vrai que le thème choisi cette année – actualités cliniques, mais aussi diagnostiques et thérapeutiques – était assez “porteur” pour l’industrie pharmaceutique.

Face aux affections non maîtrisées, la recherche a de beaux jours devant elle

L’un des constats du congrès est que des progrès restent à accomplir face à certaines affections, contre lesquelles les praticiens ne disposent pas encore de moyens de lutte efficaces. C’est notamment le cas pour la néosporose, une maladie qui ne bénéficie à l’heure actuelle d’aucun traitement ou vaccin ayant reçu une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) ou une autorisation de mise sur le marché (AMM). Deux conférences, présentées respectivement par Pierre-Hugues Pitel (du Laboratoire vétérinaire départemental du Calvados) et Alain Joly (du Groupement de défense sanitaire du Morbihan), ont ainsi été consacrées à cette protozoose.

La paratuberculose est un autre exemple d’affection face à laquelle les praticiens sont démunis. Barbara Dufour (école d’Alfort) a fait le bilan sur les mesures de lutte contre cette mycobactériose. Elles sont uniquement sanitaires, l’objectif étant de limiter au maximum la contamination des jeunes animaux. La mise au point d’un éventuel vaccin ne semble pas à l’ordre du jour.

Il en est de même pour la leptospirose bovine, contre laquelle il n’existe aucun vaccin commercialisé en France. La maîtrise de l’infection à l’échelle du cheptel consisterait en l’administration généralisée d’un antibiotique, une mesure inapplicable sur le terrain. De plus, cela ne permettrait pas de “blanchir” tous les animaux et aurait un effet limité dans le temps, selon notre consœur Geneviève André-Fontaine (de l’école de Nantes).

Toutefois, les connaissances vis-à-vis de ces affections non maîtrisées progressent. Plusieurs conférenciers ont notamment souligné l’avènement des outils de biologie moléculaire, qui améliorent la connaissance des agents infectieux et autorisent une identification rapide et fiable. Mais parfois, ce sont simplement la curiosité et le bon sens qui permettent d’améliorer la sensibilité et la rapidité de certains tests. Philippe Camuset a ainsi présenté une nouvelle méthode de coproscopie de type McKenna visant à mettre en évidence les dictyocaules. Elle est plus simple à réaliser et plus sensible que la technique de Baerman et ne nécessite qu’un verre à pied, deux compresses et un bâtonnet !

Une détection clinique précoce dans les élevages est indispensable

Le thème des maladies infectieuses a également permis aux conférenciers d’insister sur l’importance d’une détection précoce dans les élevages et sur le rôle majeur du vétérinaire. « Le praticien joue un rôle clé dans l’épidémiosurveillance passive », a notamment souligné notre confrère Etienne Thiry (université de Liège), lors de sa présentation relative à l’épidémiovigilance clinique des maladies réputées contagieuses. Une formation des consœurs et des confrères, ainsi que des formateurs, se révèle d’autant plus incontournable. Jean-Pierre Alzieu, praticien à Pamiers (Ariège), a insisté sur la nécessité d’une information des éleveurs et des vétérinaires quant aux symptômes évocateurs de la besnoitiose bovine, afin de limiter son extension. Jacques Barnouin (Institut national de la recherche agronomique) a, quant à lui, expliqué le rôle de sentinelles et d’analystes de la santé animale et publique que les praticiens pourraient jouer dans le cadre du programme Epidem, un système de détection et de recherche épidémiologique sur les maladies animales émergentes. Mieux vaut en effet prévenir et contenir que guérir, et surtout rester en alerte face aux affections qui ont déjà réapparu ou qui pourraient émerger dans les élevages à l’avenir.

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